Nucléaire: décider et agir maintenant, SVP
Le monde politique belge a assez joué avec ce dossier, il est temps qu’il passe à l’âge adulte. L’édito de Béatrice Delvaux.


L’État belge ? « Pas déterminé, pas efficace et donnant le sentiment qu’il n’est pas à la hauteur des grands défis » : c’était le portrait que nous traçait au début de cette année le philosophe Vincent de Coorebyter, ajoutant une singularité qui consiste « à ne pas venir à bout de dossiers qui sont sur la table depuis 10 ou 20 ans : les nuisances sonores à partir de Zaventem, le RER autour de Bruxelles, le sous-équipement structurel de grands ministères régaliens comme les Finances ou la Justice, le sous-financement de la SNCB et – nous y voilà – une sortie du nucléaire dont plus personne ne comprend quand elle aura lieu ».
Et si on faisait mentir cette mauvaise réputation ? Si on osait devenir un État à la hauteur des grands défis ? Si, en matière énergétique, on renonçait à annoncer ce qu’on ne fera pas pour faire ce qu’on a promis, ce à quoi on s’est engagé et qui, en plus, sert urgemment l’intérêt général ? En un mot comme en cent : va-t-on enfin prendre une décision assumée politiquement à long terme sur l’avenir énergétique belge en général, le devenir du nucléaire en particulier, et engager les mesures transitoires requises pour assurer que ce but fixé soit atteint ? Il faudra des centrales au gaz ? Eh bien, qu’il en soit ainsi. Il faudra accélérer les mesures d’économie d’énergie ? Eh bien, qu’il en soit ainsi. Mais qu’on passe à l’acte !
En clair ? Arrêter la lâcheté politique, car c’est bien de cela qu’il s’agit quand on constate que des autorités se sont engagées en 2003 sur la fin du nucléaire pour 2015, pour le reporter à 2025 et encore, en donnant le sentiment que ces engagements, c’était du pipeau, un objectif pour enfumer le peuple, faute de gouvernements pour assurer l’avenir ?
L’heure n’est plus au débat, à l’hésitation. C’est difficile. Oui, mais l’heure est à une prise de décision et à l’action, et c’est bien là tout le mérite du rapport d’Elia, le gestionnaire de réseau du transport électrique. Il ne dit pas s’il faut ou pas arrêter le nucléaire en 2025, mais il dit clairement que si on veut la fin du nucléaire en 2025, il faut s’y atteler dès aujourd’hui, en prenant vraiment cette fois les mesures assurant la transition énergétique. Et qu’il en va de même pour toute autre échéance : il ne suffira pas de la fixer, il faudra gérer le chemin qui mène à elle.
Alors, 2025, fin du nucléaire belge, vous confirmez ? Ne servez plus de leurre, ne menez plus en bateau une population désormais très inquiète au sujet de l’avenir de son environnement, des investisseurs impatients de savoir où placer leurs deniers.
À moins qu’on veuille garder le nucléaire sans oser le dire ? Ce serait irresponsable, lâche et surtout suicidaire : le monde politique belge a assez joué avec ce dossier, il est temps qu’il passe à l’âge adulte.
Des scientifiques sont venus le rappeler crûment : l’horloge du monde nous indique une catastrophe, il serait temps de remettre les montres belges à la bonne heure.
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"Pas déterminé, pas à la hauteur, lâcheté politique, enfumer le peuple, mener en bateau, irresponsable, lâche et surtout suicidaire, le monde politique belge a assez joué, il est temps qu'il passe à l'âge adulte" autant de mots qui résument bien l'incapacité de ce gouvernement à gérer quoique que ce soit .A force de regarder leur nombril et leur portefeuille, ils sont devenus aveugles et sourds à toute gestion intelligente ! Le libéralisme actuel quoi ! Je ne suis pas contre un certain libéralisme, MAIS PAS CELUI-LA !
Surtout ne pas sortir du nucléaire! Avec chaque jour qui passe, on se rend mieux compte de la clairvoyance des aînés de notre classe politique, quand il s'est agi de miser sur l'outil nucléaire. Par contre, on se rend tout aussi compte, hélas, de l'incroyable infatuation de la classe politique du début des années 2000, qui s'est finalement laissé embobiner par et dans l'idéologie écologiste en votant une "sortie du nucléaire" comme on donnerait un gage de bonne volonté. Rien que ça! Stupide approche purement idéologique, alors que la réalité du changement climatique et des insuffisances des énergies renouvelables appellent au pragmatisme. D'ailleurs, la plupart des écolos en sont entre-temps revenus, même si beaucoup ont du mal à l'admettre publiquement, Ils en conviennent aujourd'hui: il n'y a pas de futur sans le nucléaire! On peut abroger la loi de sortie du nucléaire, pas la fermeture des centrales dont nous avons besoin. On peut, par contre, diminuer le risque lié au nombre et à l'âge de certaines infrastructures, en décidant dès aujourd'hui du remplacement du parc nucléaire actuel par de nouvelles unités, plus puissantes et moins nombreuses.
Il est déjà trop tard, même en demandant aujourd'hui à l'Europe pour construire de nouvelles centrales thermique, nous ne serons pas prêt dans 10 ans pour sortir du nucléaire. Le réchauffement de la planète, il n'y a plus que cela qui compte, de nouvelles centrales ce sera forcément plus de pollution. Tuons les voitures diesel et remplaçons les par les voitures à essence, bon plan pour le gouvernement puisque 20% de consommation en plus = 20% de taxe en plus, mais pas moins de pollution, elle sera juste différente. Tous à l'électrique, oui qui peux acheté cela à 35 ou 40.000€ avec un salaire de 1.500€ ? Et qui va produire les 50% d'électricité qu'il nous faudrait en plus ? Triste, la pollution elle ne viens pas de maintenant mais des années d'insouciance d'il y a 20 ou 30 ans. Comme le disait Coluche, ce ne sont pas des chercheurs qu'il faut mais des trouveurs, des trouveurs de solutions et vite.
Sortons du nucléaire, remplaçons le par des centrales au gaz (le renouvelable ne sera pas suffisant) et augmentons nos émissions de CO2 ! Il faut savoir ce que l'on veut. Mais soyons cohérents.