Débordements à Bruxelles: comment la police gère les rassemblements improvisés

Michel Goovaerts est le chef de corps de la zone de police Bruxelles-Capitale – Ixelles. Il explique comment ses services gèrent les rassemblements improvisés et les manifestations. En cas de rassemblement, il faut se montrer ou rester discret ? Il y a deux écoles. La première consiste à saturer le terrain d’hommes en uniforme et en tenue de protection. C’est notamment l’approche privilégiée lors de gros rassemblements sportifs, aux abords des stades par exemple. Mais ce type de déploiement est assez rare. Pour la seconde approche, beaucoup plus courante, nous gardons nos forces plus en profondeur et de manière plus discrète. L’idée est de ne pas intervenir au moindre débordement. Si, par exemple, des manifestants ou des personnes rassemblées jettent des pétards et que ceux-ci enflamment une poubelle, nous nous demandons si cela vaut la peine d’intervenir. Nous sommes parfois plus ou moins stricts en fonction des directives et des consignes données en amont par le bourgmestre. De cette manière, nous évitons la provocation. Justement, samedi, certains témoins se sont plaints d’une réaction démesurée des forces de l’ordre… Il y a toujours un équilibre difficile à trouver entre montrer des muscles ou rester discret. Les décisions opérationnelles doivent être prises très rapidement. Et c’est compliqué de décider à quel moment intervenir. Si l’on réagit trop tôt, les personnes rassemblées peuvent prendre cela comme une provocation. Si l’on intervient trop tard, on sera accusés d’avoir laissé le champ libre aux casseurs. Ce samedi, les consignes du bourgmestre étaient claires. On laisse fêter la victoire sportive, mais on n’accepte pas les dégradations. Une autre possibilité consiste à identifier les éléments perturbateurs du rassemblement et à envoyer des agents en civil les extraire de la foule pour éviter la contagion. Mais là encore, c’est délicat car un sentiment de solidarité s’installe rapidement parmi les manifestants. [scald=10126121:sdl_editor_representation] La Bourse et la Monnaie, plus compliquées à sécuriser ? Non, au contraire, ce sont des lieux de rassemblement bien connus et souvent privilégiés. Quand un rassemblement est prévu et que nos services sont contactés, nous proposons aux organisateurs de se diriger vers la Bourse, le rond-point Schuman, le carrefour Europe devant la gare Centrale ou la place de la Monnaie. Ce sont des zones que nos services connaissent bien et sur lesquelles ils ont l’habitude de travailler. Car il ne faut pas oublier que la zone de police de Bruxelles-Capitale – Ixelles gère quelque 900 rassemblements par an. Et la plupart du temps, tout se passe de manière exemplaire. Notamment parce que l’on essaie de contacter les organisateurs en amont. Cela évite généralement les débordements. C’est en revanche bien entendu plus difficile d’établir un dialogue lorsque le rassemblement se fait spontanément.

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