Tout un quartier d’Ixelles ne dort plus
La rue Souveraine subit les nuisances d’une location de type Airbnb. Les nuisances sonores réveillent les riverains en moyenne seize nuits par mois. Ni la commune, ni la Région ne réglemente les nuisances liées à ce type d’hébergement.

Depuis fin 2015, les riverains de la rue Souveraine et de ses alentours enchaînent les nuits sans sommeil. Pour cause, les nuisances sonores dues à un logement de type Airbnb situé dans la même rue. Cette maison de quartier mise en location sur des sites tels que Booking, Expedia ou Airbnb pour des séjours de courte durée accueille depuis deux ans de grands groupes allant jusqu’à trente personnes. Et ces derniers semblent l’utiliser comme terrain de jeu le temps d’une nuit.
Démunis devant le vide juridique qui entoure le problème, les riverains mettent tout en œuvre pour essayer de retrouver le calme dans leur quartier. C’est ainsi que depuis sept mois, ils tiennent un rapport mensuel dans lequel ils reprennent le nombre de nuits d’occupation de la maison et le type de nuisances qui s’y apparente. D’après eux, la maison serait louée un peu moins de vingt nuits par mois. Pour cette période, il y aurait en moyenne quatre nuits avec bruit modéré, 7,7 nuits avec tapage inférieur à une heure et 4,4 nuits de tapage abusif durable. Le reste des nuits serait calme.
« Ce n’est pourtant pas un quartier bruyant, déclare Olivier Koulischer, membre du comité de quartier XL-Nord. Mais durant les nuits les plus agitées, tout l’îlot est concerné. » Un couple avec un enfant en bas âge a notamment décidé de déménager suite aux nuisances de la location.
« La police verbalise les occupants, mais rien n’empêche d’autres locataires de recommencer le lendemain », explique Stéphan Olivier, voisin direct de la location. Après avoir fait intervenir la police près d’une centaine de fois pour tapage nocturne et après avoir fait dresser plusieurs PV, les riverains concernés et soutenus par le comité de quartier XL-Nord se sont adressés à la commune d’Ixelles.
Fin 2016, les deux parties, riverains et propriétaire, ont tenté de trouver une solution à l’amiable. « Le propriétaire a alors accepté de se rendre disponible en cas de nuisance et nous a donné son numéro de téléphone. Mais il n’a répondu qu’une seule fois », déplore Stéphan Olivier. Le dialogue avec la personne qui loue la maison est depuis lors inexistant. C’est la première barrière qui bloque les riverains dans cette procédure de retour à la normale.
Du côté de la commune, l’habitation est enregistrée comme maison unifamiliale et n’a donc pas d’agréation pour exercer ce genre d’activité. Un PV d’infraction a été adressé au propriétaire fin juin 2017.
Mais les compétences de la commune s’arrêtent là, puisqu’il s’agit d’une activité touristique et que l’hébergement touristique est une compétence régionale. Et au niveau réglementaire, seules les questions urbanistiques et fiscales sont traitées. Aucune mesure n’est prévue pour des nuisances liées à ce type d’hébergement.
Face à l’attente et vu l’inefficacité des actions entreprises, les riverains ont interpellé le service régional de l’urbanisme, suite à quoi le Parquet a demandé un complément d’enquête en septembre dernier. Anne-Rosine Delbart (Défi), conseillère communale, a interpellé le conseil communal d’Ixelles ce jeudi afin d’essayer de débloquer la situation. « Mais tant qu’il n’y a pas de réponse du Parquet, nous ne pouvons plus rien faire, déplore Viviane Teitelbaum (MR), échevine de l’Urbanisme, qui suit le dossier depuis le mois de juin. Si la Région n’avait pas été interpellée nous aurions pu, après le premier PV d’infraction, dresser un deuxième PV avec une mise sous scellé d’une partie de l’habitation jusqu’à ce que la situation soit clarifiée. »
Ce manque de clarté quant à la question de qui de la commune ou de la Région est responsable de telle ou telle compétence, le manque de suivi et de réponses au niveau régional ainsi que le vide juridique qui entoure les nuisances des logements de type Airbnb représentent pour les riverains un « mille-feuille administratif bruxellois ». C’est aussi là la cause de leur désarroi, en plus des mauvaises nuits.
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