Le quartier «durable» s’impose dans les villes, et ailleurs
Un quartier qui sort de terre, aujourd’hui, est forcément « durable ». Mais que veut dire exactement ce terme, utilisé à toutes les sauces ? Éléments de réponse avec le projet Tivoli GreenCity.


Aujourd’hui, les constructions ou rénovations de quartiers sont fréquentes, dans les grandes villes comme ailleurs. Et quand on parle de quartier, tout le monde, promoteurs et architectes en tête, l’affuble d’un qualificatif devenu incontournable : durable.
Mais qu’est-ce au juste un quartier durable ? A force d’être utilisé, le terme n’est-il pas galvaudé ? Nous avons voulu en savoir plus en effectuant une visite sur un site de 4,5 hectares situé sur la commune de Laeken à deux pas de Tour et Taxis, à Bruxelles.
Les plus anciens se souviendront peut-être qu’il y avait jadis sur cette ancienne friche industrielle l’entreprise de bois Brabant ainsi que la zone de stockage de Belgacom et ses bureaux. Aujourd’hui, il y a des grues, des bâtiments qui sortent progressivement de terre et des ouvriers partout. A terme, ce nouveau quartier portera un nom qui laisse peu de doutes quant à ses ambitions : Tivoli GreenCity.
Architecte-urbaniste de formation, Nathalie Renneboog connaît le projet sur le bout des doigts. Lorsqu’elle nous reçoit, elle a préparé une pile de documents qu’elle consultera au final très peu tout au long de l’interview. Directrice de la programmation, du budget et du développement chez Citydev, c’est elle qui assure le suivi du chantier à Tivoli. « Ce nouveau quartier sera exemplaire en termes de développement durable, de mixité sociale et fonctionnelle, ainsi que d’intégration dans un contexte urbain dense et mixte, assure-t-elle d’emblée. Ce sera le top en Belgique. »
Avant d’entrer dans les détails d’un quartier durable, on rappellera ici que Tivoli GreenCity comprendra un ensemble de facteurs : 400 logements passifs dont 35 seront même répertoriés comme « 0 énergie », des nouvelles voiries, deux crèches, des commerces de détail, une place publique, un local d’équipement pour les balayeurs de la ville de Bruxelles, un espace de réunion pour les gens du quartier, un local didactique, des buanderies collectives, un chauffage urbain qui permettra de réaliser des économies d’échelle puisque toute la chaleur du quartier sera produite en un seul et même endroit, et même une serre expérimentale.
En ce qui concerne les logements, 70 % sont la propriété de Citydev et sont disponibles à l’acquisition, les 30 % restants (126 logements) étant des logements sociaux appartenant à la SLRB, la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale qui les mettra en location. A ce jour, plus de 80 % des logements a déjà été vendu, il ne reste quasiment que des appartements une chambre. « La particularité ici est que tous ces logements, à la fois ceux destinés à des propriétaires occupants que ceux alloués à des locataires sociaux, seront mélangés, assure Nathalie Renneboog. Il n’y aura pas de ghettos sociaux comme cela se voit trop souvent ailleurs. Tous les habitants de Tivoli se côtoieront au quotidien. La mixité sociale sera totale. »
Neuf critères doivent être remplis pour qu’un quartier soit considéré comme « durable ». « Si l’on se base sur le rapport Brundtland (NDLR : rédigé par l’ONU en 1987, c’est le premier document à utiliser l’expression « développement durable »), ce qui est durable, c’est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à utiliser les leurs, souligne notre interlocutrice, qui ajoute avoir la fibre durable qui lui coule dans les veines en raison, dit-elle, d’une mère biologiste qui s’est battue contre les pesticides durant toute sa carrière. On le sait, la construction a un fort impact sur l’environnement. Le quartier durable cherche à le limiter au maximum. »
Pour ce faire, Citydev se base sur deux référentiels : celui imposé par l’IBGE en 2012 pour Bruxelles, et celui de l’Université de Liège, applicable à la Wallonie, datant de 2013. « Chez Citydev, nous avons été les premiers à proposer un quartier répondant à des référentiels, expose de son côté Barbara Decamps, la porte-parole de Citydev. Il s’agit du quartier Bervoets, à Forest, pensé “durable” alors que la PEB n’avait pas encore été lancée. On allait beaucoup plus loin que les normes de l’époque, en matière d’isolation notamment, puisque les bâtiments étaient recouverts d’une couche de 10 à 12 centimètres d’épaisseur au lieu des 5 centimètres communément appliqués. En matière de récupération de l’eau, de mobilité, de toiture verte, de matériaux et de biodiversité aussi, Bervoets était précurseur. »
Parmi les facteurs auxquels doit répondre un quartier pour être durable, il y a évidemment l’énergie. « Mais ce n’est qu’un petit aspect, même s’il est le plus traité, le plus connu et le plus maîtrisé, car les gens recherchent autre chose qu’un bâtiment qui consomme peu, intervient Nathalie Renneboog. Aujourd’hui, nous sommes encore loin de l’optimum qui peut être atteint en matière de durabilité mais nous avançons sans cesse, et dans le bon sens. On évolue tant au niveau des techniques utilisées qu’au niveau de nos besoins. Qui aurait cru que nous aurions un jour une mobilité multi-modale grâce aux smartphones et aux applications qu’il peut contenir ? »
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