Cela s’est passé un 8 décembre 2004 : «Lenovo s'empare des PC d'IBM»

(article paru le 9 décembre 2004) Le premier fabricant chinois d'ordinateurs, Lenovo, vient de frapper un grand coup en reprenant la division PC du géant américain de l'informatique IBM, devenant ainsi le numéro trois mondial du secteur. Le groupe de Pékin va immédiatement débourser 930 millions d'euros pour cette acquisition, d'une valeur totale de 1,25 milliard d'euros, lui ouvrant les portes d'un marché international très concurrentiel. Occupant avant mercredi la huitième place du secteur, Lenovo pointe désormais derrière les Américains Dell et Hewlett Packard, par le biais de cette stratégie de conquête de plus en plus prisée par les grandes entreprises chinoises. Il deviendra également le numéro deux mondial pour les ordinateurs portables. Depuis 1991, la construction des ordinateurs IBM était déjà intégralement sous-traitée et, depuis plusieurs années, nous n'avions plus d'offre de PC orientée vers le marché du grand public, explique le porte-parole d'IBM Belgique, Philippe Borremans. De plus, nous ne quittons pas du tout le marché, puisque nos vendeurs continueront à vendre des ordinateurs sous la marque IBM. L'accord prévoit en effet que Lenovo pourra utiliser les marques IBM et ThinkPad (du nom des célèbres ordinateurs portables d'IBM) pendant cinq ans, le temps de renforcer sa propre notoriété à l'échelle internationale. Le président de Lenovo, Liu Chuanzhi, a expliqué que l'alliance serait finalisée au cours du deuxième trimestre 2005, précisant que la somme de 1,25 milliard de dollars se compose de 650 millions de dollars payés cash et de 600 millions en actions de Lenovo, qui financera aussi cette opération en épongeant 500 millions de dollars de dettes d'IBM. Les deux groupes ont annoncé qu'IBM détiendrait 18,9 % des actions de Lenovo. Créé en 1988 sous le nom de Legend et coté à la Bourse de Hong Kong, Lenovo détenait déjà 28 % du marché chinois du PC. Il affiche un bénéfice annuel de 128 millions de dollars (lire ci-dessous). International Business Machines (IBM), qui en 1981 faisait entrer dans les foyers et les entreprises les premiers modèles de PC, est aujourd'hui davantage spécialisé dans les serveurs d'entreprises et les solutions de services. Mais le géant américain réalise encore dans les PC 12 % de son chiffre d'affaires annuel qui se monte à quelque 89 milliards de dollars, soit trois fois plus qu'au début des années 80. La nouvelle entité, qui comprendra 19.000 personnes venant des deux groupes, à peu près à parts égales, va installer son siège à New York. Des centres de production seront ouverts à Pékin et à Raleigh, aux Etats-Unis. Selon Philippe Borremans, l'impact sur la filiale belge d'IBM et ses partenaires revendeurs sera minime. · Un leader attaqué sur son marché Lenovo - ex-Legend - a été créé en 1984 par la puissante Académie chinoise des sciences. D'abord, spécialisé dans le commerce d'importation d'ordinateurs, le groupe a ensuite développé sa propre gamme de produits. Entré à la Bourse de Hong Kong en 1994, Lenovo est toujours contrôlé par l'Etat à hauteur de 57 % de son capital. Principale marque d'ordinateurs en Chine depuis sept ans, Lenovo occupait en 2003 27 % du marché chinois, 12,6 % de la zone Asie-Pacifique hors Japon et 2 % du marché mondial dont les ventes représentent moins de 10 % du chiffre d'affaires du groupe (qui se montait à 3 milliards de dollars en 2003, pour un bénéfice net de 128 millions de dollars). Il ne cache toutefois pas ses ambitions internationales et compte tirer 20 à 30 % de ses revenus de ses ventes à l'étranger d'ici à 2010. C'est du moins l'objectif affiché depuis trois ans, bien que la marque peine à s'imposer hors de ses frontières. Depuis deux ans, Lenovo doit faire face sur son propre marché à la très forte concurrence de Dell ou HP, et ses marges de profit ne cessent de fondre dans une logique de guerre des prix qui ne cesse de se durcir. Nous avons connu des crises partout sur le marché hautement compétitif des PC durant les six premiers mois de cette année du fait de rivaux domestiques qui cherchent à s'imposer avec des produits à faible marge et de l'accélération des investissements des concurrents étrangers, expliquait il y a un mois le directeur de Lenovo, Yang Yuanqing, lors d'un bilan semestriel qui montrait une chute de 14 % de ses ventes d'ordinateurs. Le groupe a réagi en diversifiant sa production avec des téléphones portables et en s'attaquant au bas de gamme avec la sortie d'un ordinateur pour faibles revenus vendu au prix de 3.000 yuans (270 euros). Ce dernier modèle représente 20 % de ses livraisons d'ordinateurs.· Pourquoi les Américains sont vendeurs Pour être dans le business du PC, point n'est besoin d'avoir une « division PC », ni de les fabriquer, ont décidé les têtes pensantes d'IBM, pour qui le mot d'ordre est désormais partenariat pour tout ce qui n'est pas le coeur de métier. La vente de l'activité « PC » parachève une stratégie mise en place depuis trois ans et qui vise à transformer IBM en une entreprise de services informatiques orientée vers les grands secteurs industriels. Alors que, selon une étude du consultant IDC, le marché du PC devrait ralentir en 2005, il était donc temps pour le géant américain de se retirer d'une activité qui ne cadrait plus avec son nouveau modèle d'affaires. L'opération lui permet également d'investir dans de nouveaux filons prometteurs comme l'industrie pharmaceutique, pour laquelle IBM développe des simulateurs informatiques sophistiqués ou encore utilise en réseau ses puissants ordinateurs pour calculer des modèles de synthèse pour de nouvelles molécules.· Pourquoi les Chinois sont acheteurs Pour le reste du monde, la Chine, c'est l'Eldorado. Mais, pour les Chinois, l'Eldorado... c'est le reste du monde. Encouragées par leur gouvernement, les entreprises chinoises essayent de s'imposer en dehors de leurs frontières. Objectifs : assurer l'approvisionnement en énergie du pays et s'ouvrir de nouveaux marchés pour écouler les stocks de leurs usines tournant en surrégime. Leur avantage : les sociétés chinoises seraient assises sur une montagne de cash. Leurs inconvénients lorsqu'elles visent le deuxième objectif : l'absence de réseaux de distribution et surtout de marques reconnues mondialement. En mettant la main sur la division PC d'IBM, Lenovo fait un double bond en avant : il met la main sur un savoir-faire technologique et s'offre une marque mondiale. Une stratégie d'expansion mise en oeuvre avec succès par de nombreux groupes chinois, comme Haier, deuxième fabricant mondial de réfrigérateurs, ou TCL, qui a pris le contrôle de la division TV/DVD du français Thomson.

Votre compte

Cela s’est passé un 8 décembre 2004 : «Lenovo s'empare des PC d'IBM»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le Real Madrid fait chuter Liverpool avec un Courtois héroïque et remporte sa 14e Ligue des champions (0-1, vidéo)

Débordements avant la finale de la ligue des champions: l’UEFA réagit

Festival de Cannes: les frères Dardenne et Lukas Dhont récompensés, la Palme d’Or pour Östlund (vidéo)

Portrait A 93 ans, il a participé à toutes les éditions des 20 km de Bruxelles

Ces conférences qui sèment le trouble à l’université

Vidéo Felice Mazzu à Anderlecht: c’est fait!

Tout savoir sur le pécule de vacances

Plus de 6 travailleurs belges sur 10 se disent capables de trouver un emploi ailleurs assez rapidement

Déclaration d'impôts : 5 erreurs à éviter

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel