Pourquoi Proximus arrête son service de télégramme

Vous pensiez qu’il avait disparu depuis longtemps, emporté par le tourbillon d’innovations dans le monde des télécommunications : fax, email, SMS, Whatsapp, Messenger… Et bien non, le télégramme vit encore. Ou plutôt vivote. Discrètement. Proximus continue à proposer ce service à une poignée de clients sans vraiment le pousser. Mais si vous voulez expérimenter ce mode de communication au parfum désuet, il ne vous reste plus que quelques jours. Le 29 décembre, Proximus tire un trait définitif sur celui-ci, après plus de 170 ans de bons et loyaux services. Le premier service de télégraphe électrique a été lancé en 1846, le long de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Anvers, soit bien avant que ne naisse officiellement la RTT, la Régie des télégraphes et téléphones, ancêtre de Proximus (1930). Depuis le 1er août 2013, Proximus n’était plus contraint par le législateur d’assurer ce qui était jadis considéré comme « un service d’intérêt public ». Il continuait à le faire sur une base purement commerciale. Si les particuliers ne l’utilisaient plus guère, certains clients professionnels continuaient à y recourir parce qu’il garantissait une preuve juridique d’envoi. Exemple : les sociétés de recouvrement de crédit, les huissiers de justice, les convocations chez le médecin-conseil.... Le Palais royal en était aussi friand. Ainsi que certains hommes politiques… Une récente enquête du Vif sur le dossier de corruption autour de la construction de l’incinérateur de déchets d’Intradel indiquait que le député Alain Mathot avait envoyé un télégramme international à son ami Léon-François Deferm pour lui communiquer discrètement son nouveau numéro de téléphone anonyme (carte prépayée). 8.000 télégrammes envoyés depuis le début de l’année Pour justifier l’arrêt de ce service, Proximus invoque des considérations techniques – la plate-forme qui supporte l’actuel service télégraphique remonte à la fin des années 1990 et devient difficilement réparable – et la baisse continue de la clientèle. « Il n’y a pratiquement plus de demande pour ce service qui n’existe d’ailleurs plus dans les pays avoisinants », explique Haroun Fenaux, porte-parole. Si au début des années 80, plus d’un million et demi de télégrammes étaient encore envoyés et reçus chaque année en Belgique, ce chiffre est tombé à environ un demi-million au début des années 90, à 150.000 au début des années 2000 puis à seulement 50.000 environ dix ans plus tard. Ces derniers mois, le service des télégrammes n’était plus utilisé que par une dizaine de clients professionnels et de manière tout à fait sporadique par les clients résidentiels. Au total, un peu plus de 8.000 télégrammes ont été envoyés et reçus sur les 11 premiers mois de 2017, ce qui représente une baisse de plus de 20 % par rapport à 2016. Il faut dire que le service est très coûteux par rapport aux nombreuses alternatives existant sur le marché aujourd’hui : 16,25 euros pour envoyer 20 mots en Belgique (adresse comprise) auxquels il faut rajouter 8,75 euros par bloc de 20 nouveaux mots. Le tarif de base passe à 27,5 euros pour un envoi en Europe et à 37,5 euros pour un envoi au-delà des frontières de l’UE. Le service télégraphique avait fortement changé ces dernières années. Il n’était plus accessible en permanence mais uniquement les jours ouvrables de 7 à 22h00. Les communications pouvaient être transmises par téléphone, par fax mais aussi… par mail et il n’y avait plus de télégraphistes en tant que tel. C’était devenu une tâche annexe pour les opérateurs du call-center bruxellois des renseignements téléphoniques 1307 qui prenaient note des messages entre deux appels.

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