Du TOUT au TOUT
Dites-moi tout… sur TOUT. Mission impossible ! La chronique de Michel Francard.


Cette chronique s’était déjà aventurée dans le fourmillant grand tout. En limitant toutefois son exploration au seul univers de l’adverbe tout devant un adjectif :
Cette fois, il est question de tout autre chose : l’adverbe tout précédant immédiatement un nom. Être tout ouïe ou toute ouïe ? Les emplois fluctuent, entre les constructions figées et les énoncés qui se sont affranchis du modèle classique :
Postscriptum 1
Matière riche en arguties que ce tout se métamorphosant au gré des énoncés et défiant les tentatives de classification ! Un précédent billet de cette chronique avait rappelé que l’adverbe de quantité tout pouvait se donner des allures d’adjectif en variant devant un adjectif féminin commençant par une consonne (
Cédant à une peu glorieuse procrastination, j’avais ajourné l’examen du tout précédant immédiatement le nom, dans des locutions figées du type ( être )
Qu’en est-il dans des expressions comme de tout temps, avoir toute liberté, en toute franchise, à toute vitesse, de toute éternité ? L’idée de totalité est toujours présente, certes, mais la variation en genre est, pour la plupart des grammairiens, inconciliable avec le statut adverbial : tout est alors assimilé à la classe des déterminants ou à celle des adjectifs accompagnant un nom.
Postscriptum 2
Vos lectures vous ont sans doute permis de découvrir d’autres emplois de tout, similaires aux précédents : cet homme était toute bonté, sa vie était toute énergie, son âme était toutes ténèbres, son existence était toute harmonie . Mais ces énoncés voisinent avec des constructions quelque peu différentes : « Il est tout ombre et tout soleil » (Colette), « Lui-même était tout réticence » (Julien Green), « J’étais tout consentement, tout adoration » (Maurice Genevoix).
La deuxième série, ressentie comme vieillissante, présente un tout adverbial invariable et peut être rapprochée des locutions figées déjà mentionnées. Cela vaut-il pour la première ? Le tout y partage avec les emplois adverbiaux l’idée d’une totalité, d’une plénitude : « être toute bonté », c’est être totalement bon ; « être toute énergie » signifie que l’on est entièrement énergie. Mais tout varie en genre, comme dans avoir toute liberté , en toute franchise . Les grammairiens hésitent donc à en faire un emploi adverbial et préfèrent généralement le considérer comme un adjectif.
Faut-il alors écrire
Et… «
Tintinnabulum
Il vous reste quelques jours pour participer au choix du « Nouveau mot 2017 », au départ de la sélection opérée par le jury parmi les suggestions des internautes : blockchain, GAFA(M), dégagisme, démocrature, droner, fake news, slasheur (- euse ), tchoin , ainsi que deux adjectifs : inclusif (dans écriture inclusive ) et alternatif (dans fait alternatif ).
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