Thomas Van Hamme: «RTL m’a permis de me décoincer»

C’est devenu une tradition. Entre Noël et Nouvel an, Le Soir dévoile son sondage annuel sur les animateurs et les émissions préférés des Belges francophones. On rappellera qu’il s’agit d’une étude menée par l’Institut Ipsos, auprès d’un panel représentatif de la population. Après la RTBF avec Sara De Paduwa (meilleure animatrice de divertissement) et l’équipe d’« On n’est pas des pigeons » (meilleur talk-show), c’est au tour de RTL-TVI d’arriver en tête de la catégorie des magazines avec Thomas Van Hamme (meilleur animateur). Vous avez également plébiscité « Enquêtes » (RTL-TVI). Logique au vu de l’audience, encore plus de 700.000 téléspectateurs la semaine dernière. Depuis le salon cosy de son appartement bruxellois où il nous reçoit, Thomas Van Hamme savoure une consécration qui, selon lui, n’aurait pas eu lieu s’il était resté sur le service public. Cette deuxième victoire d’affilée dans la catégorie des magazines, c’est une récompense du travail accompli ? Je le pense. Mon lien avec le public se construit depuis vingt-cinq ans. Je suis un vieux dinosaure de la télé. Après, je crois que c’est aussi l’environnement télévisuel et les émissions pour lesquelles je travaille qui me portent. L’équipe de « Tout s’explique » est très impliquée. Un animateur a besoin d’un beau terrain de jeux pour pouvoir s’exprimer et j’ai cette chance. C’est compliqué de durer dans ce métier ? Oui, mais c’est quand même plus facile en Belgique qu’en France. Il faut pouvoir se renouveler. Quand je revois des images de « C’est du Belge » (RTBF) et que je les compare avec ce que je fais aujourd’hui, il y a clairement une évolution. Plus je vieillis, plus je veux aller vers l’essentiel, être le plus authentique possible. Je crois aussi que rejoindre RTL m’a beaucoup décoincé. Je me suis construit une nouvelle image, avec un côté plus relâché qui doit plaire aux téléspectateurs. Cela me correspond plus. Je me sens en adéquation avec ce que je suis dans la vie. Avant, j’étais un personnage. Or, on voit dans votre sondage que ce sont les gens les plus vrais qui l’emportent. C’est pourtant un métier d’illusion… Sourire pour sourire, ça ne va pas. Il faut que ce soit sincère. C’est difficile de tricher en télé. Les gens ressentent vite quand c’est un peu faux. Même si tout est construit, le public ne se laisse pas avoir. Je consulte les réseaux sociaux et je reçois principalement des remerciements pour mon sourire. Pour moi, c’est naturel vu que je suis souriant dans la vie. C’est là qu’on se rend compte qu’on a un vrai rôle social. Même si notre métier peut paraître futile, il y a des gens qui ont besoin de nous retrouver pour aller bien. Tant mieux si on peut apporter cette petite pierre. [scald=11834855:sdl_editor_representation] Les magazines de RTL-TVI restent largement plébiscités par les téléspectateurs malgré leur âge avancé… C’est grâce à la touche « proximité » de RTL. Cette chaîne est grand public dans le bon sens du terme. C’est ce que j’ai toujours voulu faire en télé. On le voit dans « Tout s’explique », on apporte du contenu mais sans prise de tête, avec le sourire. Le côté cool et détendu n’empêche pas le contenu. L’important c’est de parler avec un langage accessible et sans prise de tête. « Tout s’explique » a été bousculé par « Jeudi en prime » et « Le Grand Cactus »… On a dû revoir notre copie. Avant, on était sur un boulevard. Les gens zappaient après le JT de la RTBF. On n’avait pas de difficulté à faire de l’audience. La RTBF a fait du jeudi un soir clé avec son offre politique et « Le Grand Cactus » car ils voulaient concurrencer la grande première cinéma de RTL. Pour nous, ça a été très stimulant. Il y a six ans et demi, quand j’ai commencé à présenter « Tout s’explique », j’étais en studio avec une veste, beaucoup plus coincé. La plupart des sujets diffusés étaient achetés. Aujourd’hui, tout est fait maison. Je suis à l’extérieur pour expliquer, tester des expériences et ça marche. Depuis que vous avez quitté la matinale, vous êtes plus discret sur Bel RTL. La page de la radio est tournée ? Je n’ai jamais été aussi reposé (il rit). Je regrette surtout l’ambiance de la matinale qui est très particulière. La proximité est beaucoup plus forte en radio qu’en télé. Mais, je ne regrette pas mon choix. Avoir un rendez-vous récurrent en radio me manque mais mon métier est fait de cycles. Je n’ai pas d’inquiétude par rapport à ça. Je sais que ça reviendra. Vous avez été au cœur de l’actualité en posant avec votre compagnon en une d’un magazine. N’est-ce pas dommage que cela soit encore un événement en 2017 ? C’est vrai que ça ne devrait pas être un événement mais cela restait une première. J’ai reçu des milliers de retours et 99.99 % étaient positifs. C’est rassurant. Si j’ai accepté de m’exposer, c’est parce que je trouve qu’on vit dans une époque où on est plutôt en régression sur les questions de tolérance, de rapport à l’autre. J’ai l’impression qu’on est de plus en plus dans le politiquement correct. On revient un peu en arrière. Cette couverture se veut une démarche militante, même si c’est le côté paillette qui est mis en avant. On l’a fait parce qu’il y a un message à porter. Je vis dans un milieu très ouvert d’esprit à Bruxelles où être gay n’est pas du tout un problème. Mais quand j’ai des retours sur Facebook de jeunes qui sont perdus et subissent l’homophobie, je me dis qu’il faut faire quelque chose. RTL connaît la plus grande crise de son histoire. Comment vivez-vous les événements ? Je fais partie des privilégiés car on sait que les animateurs sont nécessaires à l’évolution de RTL. On est les ambassadeurs locaux de la chaîne. Cela dit, je reste perturbé par rapport à ce qui se passe chez nous. C‘est très dur. On est dans une phase de transition. On sait combien mais pas qui va perdre son emploi. J’ai de la peine pour ceux qui vont devoir changer de vie. Très paradoxalement, je trouve qu’il était temps que RTL évolue et s’inscrive dans la réalité du XXIe siècle, celui du digital. Je croise des enfants de dix ou douze ans qui n’ont aucune idée de qui je suis car ils ne regardent pas la télévision. Il faut avancer et j’espère que RTL le fait dans la bonne direction. Il ne faudra juste pas oublier tous ceux qui ont été laissés sur le côté. [scald=11811125:sdl_editor_representation]

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