Helen Mirren: «Je ne me suis jamais vue comme un sex symbol»
Helen Mirren forme un couple décadent avec Donald Sutherland dans « L’échappé belle » (« The Leisure Seeker »), premier film américain du réalisateur italien Paolo Virzì.


Oscarisée pour son interprétation de la reine Elisabeth II, acclamée pour ses rôles au théâtre – notamment le répertoire shakespearien –, Helen Mirren est de ces actrices mythiques. Possédant une classe naturelle, un jeu à la fois puissant et tout en retenue, une élégance rare. Même si elle confie ne s’être jamais vue comme un sex symbol. « Ce n’était pas le cas à mes débuts et ce n’est pas le cas maintenant. C’est une chose que j’ai laissé venir de l’extérieur : ce n’est pas mon business, si vous voyez ce que je veux dire. Je fais mon job et je poursuis mon chemin. »
Au fil du temps, elle a d’ailleurs marqué le monde du cinéma de son talent mais aussi de son esprit, comme le rappelle une vidéo devenue virale l’an dernier où, jeune actrice, elle reprend gentiment le présentateur Michael Parkinson qui l’interroge sur ses « attributs physiques ».
À 72 ans, l’Anglaise n’a rien perdu de son charme et de sa verve. À Venise, où elle présentait L’échappée belle (The Leisure Seeker) en septembre dernier, elle tourne en dérision les questions de certains journalistes, les reprend quand le vocabulaire utilisé est réducteur et démontre ainsi une vraie force de caractère. Mais toujours en restant drôle et charmante.
Un peu comme Ella, son personnage dans L’échappée belle. Avec Donald Sutherland, elle forme un couple amoureux mais vieillissant qui, pour fuir un destin peu clément, décide de prendre la route pour un road-movie doux-amer et décadent…
Quel est votre avis sur les road-movies en général ?
Le genre est merveilleux pour raconter une histoire : la symbolique du road-movie, le voyage jusqu’à une destination, ou même pas de destination du tout. Le dispositif a été utilisé un tas de fois pour raconter des choses très différentes. Et j’aime personnellement beaucoup ça.
Dans le film, vous prenez soin de votre mari avec une patience d’ange. Vous êtes comme ça dans la vie ?
Dans ce métier, la patience est une chose qu’on apprend au fil du temps. J’ai aussi mes moments plus sombres. Mais je trouve la vie tout à fait fascinante, peut-être grâce au métier que je fais. Même dans l’obscurité, elle est extraordinaire. Il y a de la beauté dans l’obscurité. C’est pour ça que j’aimais beaucoup
Est-ce difficile pour vous de penser à la mort, à la maladie ? Ce sont des choses auxquelles on est confronté quand on tourne un film comme celui-ci ?
Honnêtement, je n’avais pas envie d’aller dans cette direction. Quand on fait le métier d’acteur, on se met de côté. En tout cas, je le fais. C’est un rôle que je joue et une histoire que je raconte, mais ce n’est pas moi. Je ne rentre pas avec ça à la maison le soir. Certains acteurs le font, mais moi pas. Je me dévoue autant que possible la journée mais, honnêtement, je n’y réfléchis pas trop.
Dans le film, il y a une scène assez drôle où Donald Sutherland est traité de fou car il rejoint par mégarde un meeting électoral de Trump…
Personne n’aurait cru que ça allait effectivement arriver. Nous voyions cette scène comme un petit moment historique intéressant. Plutôt dans le sens : « Ah oui, c’est vrai, il y a eu cet homme appelé Donald Trump qui a tenté d’être président. » L’idée est venue de Paolo, qui avait un regard extérieur sur tout cela, ce qui est toujours très intéressant lorsqu’on s’intéresse à une culture, un politique… Les personnes étrangères voient des choses que nous ne voyons pas car elles nous sont trop familières.
En tant qu’Anglaise, vous vous sentez concernée ou vous voyez aussi cela de l’extérieur ?
Je pense que Trump est le problème de tout le monde. Malheureusement, aucun de nous n’est exempté de ça car le président américain a un pouvoir exécutif énorme. Je n’en avais d’ailleurs pas vraiment conscience jusqu’il y a peu.
Au centre de ce film, il y a aussi et surtout un couple de personnes plus âgées, qu’on voyait peu au cinéma jusqu’à il y a peu de temps. Un film comme celui-là aide à changer les points de vue ?
Personnellement, je ne pense pas que ça change vraiment les choses. Bien sûr, le cinéma est un outil très puissant pour ouvrir l’esprit des gens, l’éducation, l’information et le changement d’attitude. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de films sur des personnes âgées car la génération des baby boomers entre maintenant dans la fin de la soixantaine. Ils ont grandi en allant au cinéma, donc ils veulent toujours voir des films ! Que vous le croyiez ou non, nous sommes toujours jeunes ! Donc il y a un public. Puis avec tous les changements en matière de distribution, internet, Netflix, le streaming, la seule génération qui va peut-être encore au cinéma est celle-là. Ils ne veulent pas voir
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