Accord de Paris: une volte-face sans grande conséquence de Trump

Depuis New York, Est-ce la force de persuasion de la Première ministre norvégienne Erna Solberg, ou le signal d’un réel changement de cap des Etats-Unis sur le climat ? Mercredi, Donald Trump a indiqué devant les caméras, après un échange à huis clos avec son invitée d’Oslo, qu’il pourrait envisager « un retour, en théorie » dans le giron de l’accord de Paris sur le climat. [scald=12367900:sdl_editor_representation] Venant de celui qui n’a eu de cesse de dénoncer un « mauvais accord, très injuste » par rapport aux concessions censément faites à la Chine, qui a nommé un climatosceptique, Scott Pruitt, à la tête de l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) et multiplie les moqueries sur Twitter à propos d’un « soi-disant » réchauffement climatique, cette sortie a de quoi surprendre. A y regarder de plus près, le président américain s’est fait une spécialité de changer d’avis comme de chemise, pour peu qu’il trouve face à lui un interlocuteur convaincant. En l’occurrence, une interlocutrice. « Depuis 2005, les Etats-Unis ont réduit considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre, martelait Erna Solberg en marge de sa rencontre présidentielle. Ce traité sur le climat doit être respecté, car il joue un rôle important dans notre sécurité à long terme, dut fait des migrations et du bouleversement des conditions climatiques. Tout le monde joue le jeu et respecte ses engagements. Peut-être l’impact (de l’effet d’annonce américain) sera-t-il limité tant que les Etats-Unis continuent à baisser leurs émissions de CO2 ». [scald=12367899:sdl_editor_representation] En somme, mieux vaut regarder les actes plutôt que les paroles. A Paris, les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial derrière la Chine, s’étaient engagés sur une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025, par rapport aux chiffres de 2005. Pas de réelle influence A y regarder d’encore un peu plus près, Donald Trump peut fanfaronner, souffler le chaud et le froid sur le respect de l’accord du 12 décembre 2015, mais il ne dispose en réalité d’aucune influence réelle. Du moins, à court terme. Signataires du texte, les Etats-Unis ne peuvent signifier leur volonté de désengagement officiel, autorisé par l’article 28, que trois ans – délai incompressible – après son entrée en vigueur, qui date du 4 novembre 2016. Soit en novembre 2019, lorsque la course à la présidentielle 2020 sera bien lancée. Le retrait effectif, et définitif, de l’accord de Paris n’interviendrait qu’un an plus tard, soit après la réélection (ou les adieux) de Trump à la Maison Blanche. Autant dire dans un autre siècle. Ce n’est pas la première fois que le magnat de l’immobilier new-yorkais laisse entrevoir un changement de ton sur le climat. Par le passé, il avait déjà suggéré qu’une « renégociation » de l’accord selon des « termes plus favorables aux entreprises, aux travailleurs et contribuables américains », puisse débloquer l’impasse. Cette éventualité, suggérant des ambitions revues à la baisse (1,5 % de réduction des émissions polluantes au lieu des 2 % promis) avait été catégoriquement rejetée par le président français Emmanuel Macron. Le 12 décembre à Paris, l’acteur et ex-gouverneur républicain de Californie Arnold Schwarzenegger, un critique virulent de Trump, résumait l’impression générale outre-Atlantique : « Peu importe que Donald Trump se soit retiré de l’accord de Paris, car le secteur privé n’en est pas sorti, le secteur public n’en est pas sorti, les universités n’en sont pas sorties, les scientifiques n’en sont pas sortis, les ingénieurs n’en sont pas sortis. Personne ne lâche ». Personne, sauf un président fort en gueule, et hautement influençable.

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