Mehdi Bayat: «Aucun cadre ne partira cet hiver»

Toujours impeccablement coiffé, Mehdi Bayat nous rejoint d’une démarche assurée et en arborant un sourire qui en dit long sur la bonne période que traverse son club. Installé dans un des fauteuils du patio de l’Hôtel Thalasia de Murcia, il fait le point sur la situation du Sporting, à commencer par le mercato en court : « Il se pourrait bien qu’il soit déjà terminé », lance-t-il d’entrée, alors qu’il a profité du stage pour discuter avec le groupe : « J’ai vu tous les joueurs, sans exception, et j’ai été agréablement surpris par tout ce que j’ai pu entendre même si… aucun n’a encore véritablement lu mon plan 3-6-9 (rires ). » Rezaei et les cadres Véritable révélation du début de championnat, Kaveh Rezaei, recruté cet été à Esteghlal, suscite les convoitises mais Mehdi Bayat assure ne pas vouloir s’en séparer : « Si on m’en propose 10 millions d’euros ? Je les refuse », dit-il catégoriquement. « Il est extrêmement important et nous avons la volonté de garder tous nos atouts pour atteindre nos objectifs. Kaveh a le profil de l’attaquant parfait pour n’importe quel club : travailleur, intelligent, buteur, passeur. Il ferait le bonheur de tout entraîneur, surtout dans le foot technico-tactique prôné aujourd’hui. » Les Zèbres jouissant d’une certaine aura, légitime au vu de leur classement, ils sont plusieurs à s’être mis en vitrine : « Oui, j’ai reçu plusieurs offres mais je peux vous l’affirmer : aucun cadre ne partira durant ce mercato hivernal ! » Et d’expliquer en quoi la donne a changé à ce niveau : « Je n’ai aucune nécessité de vendre pour la santé financière du club . A contrario, beaucoup de joueurs vont bénéficier d’une prolongation de contrat quand je rentrerai en Belgique. La masse salariale a déjà considérablement augmenté et tant que le club grandira, j’essaierai de montrer à mes joueurs l’importance qu’ils ont. Je veux qu’ils se rendent compte qu’ils sont dans un grand club. » Saglik et Pollet Sans doute les deux éléments du noyau à se rapprocher le plus d’un départ au vu de leur situation sportive, Enes Saglik et David Pollet pourraient finalement rester au Sporting. « J’ai vu ces deux joueurs et leur message a été très clair : « On est bien à Charleroi, on veut se battre, on est conscient qu’on a les qualités pour apporter une saine concurrence au sein du vestiaire et compliquer les choix du coach ». Quand des joueurs me tiennent un discours pareil, je ne peux qu’être heureux. Et ils ont tous deux été très forts lors de ce stage. Donc, si ces deux-là restent, je ne devrais pas avoir besoin de recruter un attaquant polyvalent susceptible de compenser leur départ. » Le seul départ souhaité est donc celui de Julien Célestine : « Il a fait un très bon stage mais doit aujourd’hui aller chercher du temps de jeu. Très clairement, on va le prêter. Je commence à faire le tour de mes réseaux pour voir quelles sont les possibilités pour cet élégant défenseur central gaucher dans un club où je sais qu’il aura du temps de jeu, en D1B, D1 amateurs ou D2 amateurs. » Les renforts Le mercato entrant des Zèbres a commencé le 5 janvier… et s’est peut-être terminé tout aussi vite. À quelques heures d’intervalle, les venues d’Anthony D’Alberto et Romain Grange ont été actées. Pour Mehdi Bayat, leurs profils et la rapidité de leur venue sont autant de signes de l’évolution du club : « On a adapté note système de recrutement aux moyens du club. Avant, on optait souvent pour des joueurs revanchards et gratuits. On pouvait alors se louper mais le risque était plus facile à prendre. Mais c’était souvent des joueurs qui avaient besoin d’un temps d’adaptation. Aujourd’hui, la bonne santé de nos finances aidant, nous avons la possibilité de « by-passer » ce temps d’adaptation. Qualitativement, on va vers les mêmes profils de joueurs mais on paie pour avoir des gars tout de suite opérationnels, titulaires dans leur club. » Stevance Alors que Mehdi Bayat se félicite d’avoir pu dédoubler chaque poste sur le terrain, se pose toujours la question de l’attaquant. Derrière la pioche Rezaei, on retrouve un Bedia qui peine à confirmer le bien que la direction pense de lui et un Pollet qui a cruellement manqué de confiance en première partie de saison. L’idée de voir revenir Florent Stevance, prêté par le Sporting à Tubize et actuel meilleur buteur de la D1B avec dix buts, traverse donc les esprits. « Il est clair que Flo, s’il continue à ce rythme, sera notre premier renfort estival, il faut qu’on lui donne sa chance ! Nous avons toujours cru en lui mais après deux blessures successives, nous voulions le prêter pour qu’il obtienne du temps de jeu et cela s’est avéré positif. Contractuellement, dans notre accord avec Tubize, je n’avais pas prévu la possibilité qu’il revienne en janvier. Par respect pour ce club, pour qui il est devenu un élément important, je n’en ai même pas discuté, pas même dans le cadre d’un échange avec Pollet ou Bedia. » Le staff Après avoir rencontré tous les joueurs de dimanche à jeudi, Mehdi Bayat s’est entretenu, ce vendredi, avec chacun des membres de son staff. « Les entrevues se sont très bien passées et je peux déjà vous dire que des annonces seront faites la semaine prochaine au sujet du staff et de Felice Mazzù ! » Le stade Dans les projets d’expansion du club, la question du stade est forcément revenue et Mehdi Bayat espère une évolution rapide : « Nous sommes largement en avance sur notre projet de rénovation du stade (NDLR : l’enveloppe extérieure) mais la Ville est un peu en retard. Cela dit, nos relations restent excellentes, je ne mets aucune pression et j’ai toute confiance en un déblocage rapide de la situation. » En ce qui concerne l’intérieur du Mambourg, les travaux doivent être bouclés pour l’été. « Si on veut se donner la possibilité de jouer l’Europe dans notre stade, il y a quelques travaux à effectuer. Aujourd’hui, nous avons un stade de catégorie 2, à la frontière de la catégorie 3. Nous pouvons donc accueillir un tour préliminaire de Coupe d’Europe. Le but est d’atteindre la catégorie 4 et d’être apte à recevoir des matches de la phase de poules. Pour ce faire, il faut notamment des portiques électriques dans tous les accès au stade, il n’y en a pour l’instant qu’en T4 et dans une partie de la T1. J’aimerais aussi que la tribune 2 soit scindée (NDLR : pour qu’il n’y ait plus qu’un tiers dévolu aux visiteurs et non la totalité) pour cet été mais cela représente un budget important. » L’école des jeunes Dès la reprise du club, Mehdi Bayat avait fait de l’expansion de l’école des jeunes l’un de ses grands angles d’attaque, et les choses se sont accélérées ces dernières années : « Je veux que les meilleurs jeunes du grand Charleroi et même au-delà se disent : « On veut aller au Sporting ». C’est la raison pour laquelle j’ai investi beaucoup d’argent, à savoir près de deux millions d’euros en un an et demi, dans cette école des jeunes, dans la composition des formateurs etc. Je sais qu’on ne sera pas tout de suite à égalité avec des centres comme Neerpede à Anderlecht ou l’académie Robert Louis-Dreyfus au Standard. Mais comparé au moment où on a repris le club, on a déjà connu une évolution considérable. Et même avec des infrastructures moins intéressantes, je veux prouver que l’on est capable de donner une formation meilleure que les autres, avec des objectifs précis et en adoptant la même ligne conduite qui a vu notre noyau A progresser au fil des dernières saisons. C’est aussi en ce sens que Samba Diawara est très important car il est le maillon qu’il manquait pour créer le lien entre l’école des jeunes et la structure professionnelle. D’ici deux ou trois ans, j’espère qu’on sera capable de sortir régulièrement des jeunes, comme on a pu le faire avec Nathan Rodes ou Dorian Dessoleil, symbole de cette réussite. »

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