L’ancien SDF sert de guide au relais social de Charleroi
Une délégation étudiante de Leuven découvre pendant deux jours, les différentes composantes de l’aide sociale.

Costume trois-pièces, nœud pap’, loden-coat : ce lundi, Piet Vandenhende est presque sapé comme il l’était le jour de sa rencontre avec la Reine Mathilde au relais social de Charleroi. S’il y est de retour, c’est pour guider un groupe d’une trentaine d’étudiants en baccalauréat assistant social de l’University collège de Leuven Limbourg (UCLL) dans le dédale du dispositif d’urgence sociale.
Un dispositif bien connu de cet ancien SDF, qui a longtemps vécu à Charleroi. Pendant plus de quinze ans, il y a mendié en rue. A la ville basse surtout, où il a fini par poser ses valises dans un studio après avoir décidé de devenir abstinent. Il a tenu le coup : plus une seule goutte d’alcool en cinq ans, lui qui parvenait à boire vingt à trente Duvel par jour. Il a connu la rue, la prison, le deuil, l’abandon. Il a essayé de se donner la mort avant de se reconstruire. L’histoire a fait l’objet de deux livres, en français et en néerlandais. Les étudiants y ont été sensibilisés.
Beaucoup plus solidaire qu’en Flandre
La plupart n’ont jamais mis un pied dans la capitale sociale de la Wallonie. Ils y découvrent un système d’aide sociale beaucoup plus solidaire qu’en Flandre. « A Anvers par exemple, obtenir le minimex de rue est impossible et il faut payer 2,5 euros pour passer la nuit dans un dortoir collectif », témoigne Piet. « L’aide sociale se conçoit surtout dans le respect des lois, on ne pratique pas la politique du cœur et de la main tendue qui est de mise à Charleroi. »
Pendant deux jours, les étudiants vont aller à la rencontre des différentes composantes du relais social : le Passage 45, centre de ressources pour l’intégration ; l’accueil de jour et de soirée, l’abri de nuit Dourlet, Espace P qui accompagne les prostituées, etc. Ils ont été accueillis ce lundi dans le nouveau siège du relais santé, où travaillent huit travailleurs sociaux et médecins bénévoles. « Chaque année transitent ici entre 4 et 500 personnes en situation de précarité », indique Deborah Cardinal, l’accueillante du relais. « Ils bénéficient d’une écoute et de soins, même si l’État fédéral n’organise pas la prise en charge des sans papiers. Tout cela ne tient qu’à des solidarités locales. »
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