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Arthur H: «Le voyage, ça sert à se perdre pour mieux se trouver»

Dit et mis en musique par Arthur H, l’amour est un chien fou. D’ailleurs, c’est le titre de son nouvel et plantureux album.

Entretien - Temps de lecture: 4 min

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Cet album est né au fil de voyages, un peu partout : vous aviez envie d’échapper à quelque chose ?

Sûrement à moi-même et surtout à moi-même, si c’est possible… En fait, j’avais l’envie de provoquer des surprises, peut-être de trouver quelque chose d’inattendu, une nouvelle approche. Le voyage, ça sert à se perdre pour mieux se trouver.

Vous vous échappez facilement du « monde » qui vous entoure, qui nous entoure ?

Oui, parce qu’on peut, par l’imaginaire, très rapidement se reconnecter à des univers nourrissants. Ce n’est même pas la peine de faire sa valise et de partir au bout du monde. On peut, par l’imagination, revivre très, très sérieusement des choses qui nous font du bien ou qui nous reconnectent avec nous-même.

Vous la nourrissez comment, votre imagination ?

En étant assez curieux, en fait. C’est comme ça qu’on découvre des choses inattendues. A chaque disque ou presque, je me demande ce que je ne sais pas faire, ce que je n’ai jamais fait, ce qui pourrait, presque mécaniquement, me sortir de mes habitudes.

Et ici, c’était quoi ?

Faire un tour du monde, un double album, ce genre de choses.

En découvrant une chanson comme « La boxeuse amoureuse », je me demandais si, quand vous écrivez, les mots que vous utilisez doivent d’abord faire naître des images ou plutôt des sentiments et des impressions ?

Pour moi, c’est un peu la même chose, les images et les sensations. Mais j’avoue que quand j’écris des chansons ou des poèmes, je pense d’abord aux images. Parce que les images, pour moi, sont des émotions. Mais j’ai envie que ça construise quand même… que ça fasse naître une forme de paysage imaginaire dans lequel l’esprit puisse voyager. Donc, oui, c’est vrai que je suis très « image ».

A propos de poésie, il y a des titres sur cet album où vous déclamez un peu plus que vous ne chantez. Sur « Le passage Gong Song », par exemple. Poésie et chanson sont indissociables, pour vous ?

Oui, bien sûr. C’est une manière de jouer avec la langue, de la transformer, de la rendre musicale. Donc fatalement, ça se transforme en poésie tout de suite, oui.

Dieu sait si le thème de l’amour, même au sens large, a déjà été largement « traité » : comment l’envisage-t-on alors quand on choisit d’écrire dessus ? Ou peut-être qu’on n’envisage pas, qu’il vaut mieux y aller sans trop réfléchir ?

Je pense qu’on doit l’aborder avec beaucoup de spontanéité. Justement, en oubliant tout ce qui a été déjà fait. Et puis surtout en parlant de son vécu. Je pense qu’il n’y a que le vécu qui est intéressant, c’est que là qu’on peut être particulier et original. Chaque sensation est nouvelle, pour soi en tout cas, même si d’autres sont déjà passés par là. Et puis l’amour est une force mouvante, qu’on ne peut pas vraiment enfermer dans des clichés. C’est une force toujours en perpétuelle transformation et qui a mille aspects différents, du plus lumineux au plus ténébreux. Ça libère, ça enferme… Avec ce disque, j’avais envie d’évoquer plein de facettes différentes de l’amour.

Il y a quelques années de ça, vous commenciez à répondre à une question de « L’Express » en disant « en tant qu’ancien punk… ». On peut être juste « ancien punk » ? Est-ce que ça ne reste pas un peu ? Vous n’avez quand même pas changé à ce point-là ?

Ah non ! Je pense que les émotions fortes de l’adolescence restent gravées en nous tout le temps, on ne les perd jamais. Et le punk, il est un peu dans cette sensation d’insolence, d’être hors système. Ça, ça ne m’a pas du tout quitté. Malheureusement…

Pourquoi malheureusement ? C’est plutôt positif…

Oh oui, « malheureusement ». J’aimerais bien parfois pouvoir m’intégrer un peu plus, mais je ne pense pas que… Ça va être difficile. C’est trop tard, oui ! En même temps, c’est le prix à payer pour pouvoir gagner un petit peu de liberté. Il faut toujours renoncer à quelque chose pour gagner un peu de liberté. J’accepte pleinement de renoncer à certaines choses pour avoir accès à un monde peut-être parfois un peu chaotique, mais poétique et vivant. Ça ne me pose aucun problème.

Le 27 mars (en trio clavier/batterie/guitare) à La Madeleine (Bruxelles).

 

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