Vladimir Poutine se lance dans une vraie-fausse campagne électorale

Depuis Moscou, R egardez tout ce qu’il a fait pour la Russie ! » Vladislav, étudiant moscovite de 23 ans, ne cache pas son enthousiasme pour Vladimir Poutine. Autour de lui, une galerie de photos montre sous tous les angles le chef du Kremlin, candidat à sa succession le 18 mars après déjà dix-huit ans au pouvoir. Des portraits soigneusement choisis : Vladimir Poutine avec les sportifs, les jeunes, les soldats, les musiciens… Tel est le décor du quartier-général de campagne du président-candidat, situé à quelques centaines de mètres seulement du Kremlin. Le long des escaliers, sur les murs, au-dessus des portes, ont été affichés les slogans : « Un président fort, une Russie forte », « En avant », « Il est temps d’être ensemble »… Sans aucune promesse électorale plus précise. Le programme ? « Il est en cours de préparation », assure l’une des attachées de presse. « Le programme, c’est lui ! », réplique Vladislav. Ils étaient quelques dizaines de jeunes ainsi rassemblés mardi dernier à l’étage du QG. L’équipe de campagne du président a organisé ce jour-là une séance portes ouvertes pour accueillir et sélectionner de futurs bénévoles. Sur les poufs rouges, bleus, blancs, couleurs de la Russie et de la campagne du président-candidat, l’humeur est joviale. Les « volontaires » en herbe s’affairent, acné sur les joues, cheveux bien peignés, sourire aux lèvres. « Depuis longtemps et pour longtemps » Des instructeurs improvisent avec eux des activités de formation en groupes. « Bien sûr, la réélection de Poutine risque de ne pas apporter de nouvelles idées, de nouveaux projets. Mais, au moins on peut être sûr de lui ! », insiste Vladislav. « Il est au pouvoir depuis longtemps et pour longtemps. Je ne vois pas le problème de voter pour la stabilité ! C’est bien pour le pays », ajoute à côté de lui Lisa, 18 ans. Lorsqu’elle est née, Vladimir Poutine était déjà président. Etudiante, elle veut désormais mener campagne pour le chef du Kremlin.« Sa candidature et sa victoire sont une évidence… », sourient pareillement Lisa et Vladislav. Ainsi va la campagne électorale du chef du Kremlin, sûr de l’emporter dès le premier tour. Après dix-huit ans au pouvoir, Vladimir Poutine caracole toujours en tête des sondages, avec un taux de soutien supérieur à 60 %. Source de légitimité sur la scène internationale et garant de stabilité en Russie même, il bénéficie d’une popularité certes profonde et réelle, mais d’autant plus forte qu’elle est largement orchestrée et entretenue par la propagande des médias publics. Torse nu dans la neige Ces dernières semaines, les télévisions publiques, principale source d’information de la majorité de Russes, ont déjà largement diffusé quelques images fortes. Le 18 janvier, torse nu dans un décor de neige, Vladimir Poutine a pris un bain glacé dans un lac à l’occasion de la Théophanie orthodoxe. Il a fait le signe de croix avant de plonger la tête sous le regard de prêtres. Le 30 janvier, dans sa « datcha » près de Moscou, défiant les polémiques sur le dopage institutionnalisé en Russie, il a reçu une partie de la délégation de sportifs en partance pour les Jeux de Pyeongchang. Et, le 2 février, il était à Volgograd, ex-Stalingrad, pour célébrer les 75 ans de la victoire soviétique sur l’armée nazie. « La Russie va continuer d’aller de l’avant. Et dans ce mouvement en avant, personne ne l’arrêtera jamais », a déclaré Vladimir Poutine en décembre dernier lors de l’annonce de sa candidature. Une mise en scène déjà bien orchestrée devant une foule d’ouvriers dans une usine de Nijnï-Novgorod, grande ville sur la Volga. Depuis, le président ne mène pas formellement campagne et, comme lors de ses trois précédentes présidentielles, il ne participera sans doute à aucun débat. Mais il est omniprésent sur tous les fronts, diplomatique (seul chef d’Etat à parler directement avec tous les acteurs de la crise syrienne) et économique (leader rassurant après deux ans de récession). Une façon de mettre ainsi en scène pendant cette vraie-fausse campagne électorale à la fois la stature et la simplicité de Vladimir Poutine.

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