L’incroyable voyage de votre carte bancaire

Depuis Sittard Ça y est. Vous avez à nouveau perdu votre carte bancaire… Vous appelez Card Stop, contactez votre banque pour en obtenir une nouvelle, qui vous l’envoie avec le code PIN associé dans un courrier séparé, à votre domicile, quelques jours ouvrables plus tard. Enfin pas tout à fait. Biensûr, sur les enveloppes que vous réceptionnez dans votre boîte aux lettres, est mentionnée l’adresse du siège de votre banquier. Mais en réalité, ce n’est pas ce dernier qui vous a expédié votre précieuse carte de débit ou de crédit. Elle n’est d’ailleurs jamais passée entre ses mains. Si on vous l’a caché, c’est pour une question de sécurité, mais aussi de confiance dans la marque : « Il ne faut évidemment pas perturber le client en communiquant le nom de l’entreprise tierce, qui est réellement en charge de l’envoi et de la fabrication de sa carte ». Cette société tierce, pour la très large majorité des banques belges, c’est Idemia, leader mondial de la fabrication de cartes à puce bancaires mais surtout de la personnalisation de ces dernières. Et le monsieur qui parle c’est son vice-président, Michael Utermann, assez stressé d’ouvrir les portes de son usine ultra-sécurisée de Sittard, dans le Limbourg néerlandais, à la presse. Ultra-sécurisée car il n’y a pas « que vous » qui êtes en possession votre code PIN : les quatre chiffres que vous vous apprêtez à mémoriser ont également été enregistrés sur la puce électronique de votre carte. « Personnaliser une carte bancaire, cela veut dire y lier le nom d’un client, son numéro de compte en banque et son code PIN », poursuit Michael Utermann. Un processus mécanique, qui d’un point de vue technique, n’a rien de bien compliqué. D’un point de vue technique seulement. Personne, ni vous, ni votre banquier, ni Idemia, n’a intérêt à ce que ces informations tombent dans les mains d’un hacker ou d’un voleur, pour des raisons bien évidentes. Le château de cartes Du coup, la petite usine de Sittard que nous visitons – une centaine de personnes y est employée, le groupe Idemia compte 14.000 collaborateurs dans le monde – est une vraie forteresse. Totalement offline. Sur la zone de travail, pas d’accès à internet, même en 2018. Surtout en 2018. « Les données que nous font parvenir les banques sont cryptées, bien sûr. Elles transitent par plusieurs serveurs et back-up également. Seuls quelques employés ont la clé pour les décoder. Mais l’ultime norme de sécurité est de les manipuler sur un site qui n’est pas hackable et donc sans connexion internet », nous explique un ingénieur en blouse blanche. Elles sont donc transférées sur des supports physiques, puis sur chaque carte. Reste que le vol « réel » lui est toujours possible. A Sittard, pas question donc, de plaisanter. Pour entrer dans l’espace de production, il vous faudra abandonner tout effet personnel, y compris votre stylo et carnet de notes, si vous êtes journaliste. « Une clé visuelle, même si elle se régénère plusieurs fois par heure, pourrait toujours être recopiée », justifie l’ingénieur. Evidemment, les employés de l’usine sont eux aussi triés sur le volet, et leurs comptes en banque inspectés. « Ils ne doivent pas être en besoin d’argent, ni avoir de casier judiciaire, notamment », détaille le vice-président d’Idemia, avant de faire remarquer à l’une des visiteuses qu’elle ne peut pas mettre ses mains dans ses poches. Une consigne imposée à tous les travailleurs durant la totalité de la journée de travail, par ailleurs, constamment filmés et surveillés. Afin de répondre aux demandes exigeantes des clients, à Sittard, on produit 24h/24 excepté le week-end, période de maintenance (toutes les machines sont contrôlées en interne, aucun sous-traitant n’étant autorisé sur le site). « Quand une banque nous envoie une demande de personnalisation de cartes, notre délai est jour 0. Cela s’explique par le fait que la banque perd de l’argent si le client n’est pas en mesure d’effectuer des transactions. Nous ne pouvons pas nous permettre d’interrompre la production ». Le temps nécessaire pour fabriquer une carte bancaire de A à Z étant de huit semaines au total, la société stocke des cartes vierges de chacun de ses clients, qu’elle fabrique en amont en République-Tchèque et à Vitre en France, dans un coffre-fort (sept millions de cartes y sont actuellement entreposées). La concurrence de l’ombre Idemia est le leader mondial dans son secteur d’activité, mais cette entreprise de l’ombre a tout de même quelques concurrents : chaque banque étale le risque potentiel en faisant appel à plusieurs sous-traitants en la matière. Conserver cette position privilégiée est un exercice délicat. « Nos installations coûtent très cher et il faut faire face aux audits annuels de Visa et de Mastercard qui sont extrêmement minutieux et coûteux. Si une norme de sécurité, aussi infime soit-elle, n’est pas respectée dans la chaîne de production, nous pouvons dire adieu à notre licence ». A l’heure du paiement par smartphone, il est pourtant légitime de se demander si ces procédés ne seront pas obsolètes dans quelques années. Michael Utermann sourit : « Le marché de la carte bancaire est stable, il croît de 2 % chaque année. C’est peu, c’est vrai, mais la carte est bien loin de disparaître, notamment parce qu’elle n’a pas besoin d’une batterie pour fonctionner ». Et si jamais une carte fraîchement commandée était égarée parmi les milliers d’exemplaires traités à la journée ? « L’usine est bouclée jusqu’à ce qu’on la retrouve ». Qui aurait pu croire que votre carte bancaire connaîtrait un voyage aussi incroyable.

Votre compte

L’incroyable voyage de votre carte bancaire

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

1 Commentaire

Aussi en Finances

L’inflation poursuit son explosion et atteint 9,65% en juin

Déclaration fiscale: dernier jour pour demander de l'aide

Plus de sept Belges sur dix sont propriétaires de leur habitation

Voici quand le salaire de beaucoup de Belges va être augmenté

Inflation: un gouverneur de la Fed favorable à une nouvelle forte hausse des taux directeurs en juillet

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Au moins 6 morts dans une fusillade aux Etats-Unis: Biden se dit «choqué»

Mettre tous les chômeurs au travail ne donnerait pas un taux d'emploi suffisant

Voyages en France: Olivier Véran évoque le retour du pass sanitaire

Remaniement en France: un gouvernement macroniste pur jus

Bruxelles: les images impressionnantes de l’incendie dans le tunnel Annie Cordy

Brussels Airlines supprime 675 vols: «Ils devront en annuler d’autres», assurent les syndicats

Le présentéisme structurel est en hausse

De plus en plus de travailleurs belges cumulent deux jobs

Dépliants toutes boîtes : un vrai service à la clientèle

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel