Carat, once, pureté,...: les mots pour parler de l’or

Une pureté exprimée en millièmes (‰) « Le taux de pureté, c’est ce qui nous permet de savoir la quantité d’or pur que contient une pièce ou un lingot. Ce taux est généralement exprimé en millièmes (‰). » Shawy Hamza est gérant de Goldmarket. Assis à son bureau, calculette en main, le courtier bruxellois nous donne un aperçu global des standards de l’or financier physique (par opposition à l’or papier et l’or de bijouterie). [scald=14170720:sdl_editor_representation] Les pièces d’or, qui doivent pouvoir être manipulées sans trop s’user, ont généralement une pureté inférieure aux lingots : « Pour éviter les éraflures et durcir les pièces, des alliages avec d’autres métaux sont permis. Pour les pièces, la pureté se situe la plupart du temps entre 900 ‰ (NDLR : Vreneli suisse, Double Eagle américain, etc.) et 916 ‰ (NDLR : Krugerrand sud-africain, Britannia, Gold Eagle américain). » Un certain nombre de pièces d’investissement, qui n’ont jamais eu réelle vocation à circuler et à s’user, ont une pureté de 999 ‰ (Panda chinois), voire 999,9 ‰ (Nugget australien) voire même 999,99 ‰ (certaines versions du Maple Leaf canadien). «Mais la pureté minimale exigée est de 900 ‰.» [scald=14178803:sdl_editor_representation] En lingots, la pureté est toujours élevée. Manuel Parent, ingénieur technique auprès du fondeur belge Umicore, constate que « sur le marché international, le standard de pureté des lingots varie entre 995 ‰ et 999,99 ‰. Les lingots sont certifiés par la LBMA, London Bullion Market Association, et leur pureté maximale est évaluée à 999,99 ‰ : il est extrêmement difficile de mettre au point une méthode pour obtenir des lingots intégralement purs, des lingots de 1.000 ‰. » Mais tout le monde n’est pas satisfait du taux de pureté LBMA. Il y a des perfectionnistes qui en veulent plus. Sous couvert d’anonymat, un gérant de fonderie évoque Dubaï et son gold souk. « Là-bas, on trouve des gens qui exigent des lingots purs de 999,9999 ‰. Vous comprenez ça, vous ? » A ce niveau de pureté, l’or change légèrement d’apparence et se teinte de reflets moirés. Et les carats ? Il n’y a pas de « carat » dans l’or d’investissement. Alors qu’il est une mesure de poids (0,2 g) en pierres précieuses, le carat est une mesure de pureté réservée à l’or de bijouterie. « Les carats, en abrégé ct ou kt, c’est la part d’or pur qu’il y a dans la masse totale d’un alliage » , explique Manuel Parent. Car le bijou en or est quasi toujours le produit d’un alliage. « Parce qu’un bijou en or pur serait beaucoup trop sujet aux rayures et aux autres déformations, explique notre affineur. En bijouterie, les standards partent de 1 carat – c’est-à-dire 1 (une) part d’or pur sur 24 parts – jusqu’à 24 carats, la pureté absolue. » Concrètement, si vous avez un bracelet de 22 carats, il contient 22 parts d’or pur sur 24. L’or financier est toujours jaune La couleur naturelle de l’or, c’est le jaune. En finance, on n’ajoute rien à l’or, il garde donc sa couleur originelle. Pourquoi ? « Parce que l’or financier doit rester à un minimum de pureté de 900 ‰ » , rappelle Shawy Hamza, alors qu’en bijouterie, la couleur de l’or peut changer : « Si je mets 75 % d’or et 25 % d’argent, je les fais fondre ensemble, ça me donne 100 g d’or 18 carats. Mais 100 g d’or blanc. » poursuit le gérant de Goldmarket. – Et si vous rajoutiez du cuivre ? – Ça m’aurait donné de l’or rose par exemple. » [scald=14896332:sdl_editor_representation] Once ou grammes ? En termes de mesure du poids de l’or, deux systèmes coexistent : le système international (g, kg) et le système anglo-saxon de l’once troy (ozt). Le cours boursier de l’or (code : XAU) correspond au cours de l’once troy d’or. « Une once d’or pèse 31,1034768 grammes , explique l’ingénieur d’Umicore. Mais en général on emploie un taux de conversion un peu plus simple, qui est de 31,1035 grammes. » Dans les faits aujourd’hui, l’once troy n’est plus qu’une unité de mesure parmi d’autres : elle ne s’impose plus absolument. Le poids des lingots est généralement déterminé en grammes (mais il existe des lingotins d’une once troy). Le poids des pièces est lui aussi libellé en grammes, à l’exception assez généralisée des pièces d’investissement d’une trentaine de grammes (ou moins) dont la teneur en or s’aligne sur l’once troy (ou l’une de ses fractions). [scald=14170722:sdl_editor_representation] [scald=14896333:sdl_editor_representation] La « prime » Le Buffalo, le Maple Leaf, le Krugerrand, des pièces de pays anglo-saxons font partie des plus populaires en once. Quel est leur rapport avec la Bourse ? « Sur le marché boursier, chacune d’entre elles a un cours légal et une valeur , explique Shawy Hazma. Cette valeur est la combinaison de deux paramètres. Le premier, c’est le cours de l’or ramené à son poids et le deuxième, c’est la prime de la pièce. » Une prime ? Ce n’est pas clair pour tout le monde. « Une prime pour une pièce, c’est un coefficient à l’achat ou à la vente. Il est rarement négatif mais ça peut arriver et cela dépend de l’offre et de la demande. Lorsqu’une pièce est beaucoup demandée et pas suffisamment offerte sur le marché, la prime s’élève. » Et il continue « sur le cours boursier, la valeur d’une pièce en once ou en gramme est égale à la valeur de son pesant d’or plus sa prime ». Pour être illustratif, le gérant de Goldmarket reprend sa calculette et fournit un exemple pratique. « Si vous êtes détenteur d’un Kruggerrand, vous possédez une pièce qui pèse 33,93 g et où il y a 917 ‰ d’or. Vous n’avez donc qu’une once (31,1035 g d’or). Cette once équivaut à 31,1 g, multipliée par le cours actuel de l’or, disons 35.264 euros/kg, cela vous donne une valeur or totale de 1.096 euros. » « Ce chiffre, c’est la valeur intrinsèque de pesant d’or de la pièce. La valeur intrinsèque de votre Kruggerrand est donc de 1.096 euros. (Mais) sur les cours du jour, vous verrez que la valeur de votre Krugerrand est de 1.043 euros. La différence – entre 1.096 et 1.043 euros, soit – c’est la valeur aujourd’hui de la pièce, elle correspond à la prime. » Le dossier consacré à l’«Or des Belges» duquel cet article est issu a été réalisé par des étudiants de 2e master de l’École de Journalisme de Louvain (UCL) dans le cadre de leur cours d’investigation, « Pratiques de l’enquête ». Les enquêtes et textes retenus ont été supervisés et édités par les Prs Alain Lallemand, Philippe Marion et Marie Vanoost.

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