Filiale de Nethys, Intégrale Belgique doit trouver 170 millions

C’est un de ces scénarios alambiqués dont elle a le secret que Nethys tente de mettre en œuvre, pour sortir d’un mauvais pas Intégrale Belgique, une compagnie spécialisée dans les assurances vie, rachetée en 2016. Sous la pression de plus en plus ferme de la Banque nationale, Intégrale doit en effet se recapitaliser rapidement pour être en conformité avec les règles financières européennes de Solvency 2. La BNB exige qu’Intégrale dispose de fonds propres suffisants, afin d’être dans une situation financière relativement confortable en cas de perturbations sur les marchés. Et notamment si les taux d’intérêt repartent à la baisse. L’affaire ne date pas d’hier. Mais durant de longs mois, Intégrale a fait la sourde oreille. Jusqu’à la fin novembre 2017, lorsque la Banque nationale a décidé qu’il était temps pour la compagnie liégeoise d’arrêter de jouer avec elle au chat et à la souris. Par le biais d’un courrier comminatoire, elle a rappelé à Intégrale quelles étaient les règles du jeu de la Solvency 2. Et qu’à défaut de s’y conformer rapidement, elle devrait en supporter les conséquences. Sortie de cash de Nethys L’une des possibilités est la mise sous tutelle d’Intégrale par la Banque nationale elle-même. Une perspective menaçante mais qui est inscrite noir sur blanc dans la législation et que le courrier de novembre n’a pas manqué de laisser sous-entendre. Et l’objectif fixé n’est pas mince. Pour atteindre un ratio apte à satisfaire le gendarme prudentiel, il faudra mettre sur la table environ 170 millions d’euros. Au sein du capital d’Intégrale, les deux principaux actionnaires sont Nethys et sa filiale spécialisée en fonds de pensions, Ogeo. Puiser dans les poches d’Ogeo n’est pas une option. « Son statut ne lui permet pas d’aller plus loin que sa participation actuelle dans le capital d’Intégrale car les autorités financières le refuseraient inévitablement », note une source bien au courant du dossier. C’est donc Nethys qui va s’y « coller ». Solution alternative Lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu en décembre dernier, la filiale de Publifin a proposé une piste particulièrement sophistiquée, qui a été avalisée par le conseil. Plutôt que de mettre 170 millions en cash sur la table, elle voudrait faire l’apport nécessaire sous la forme de participations qu’elle détient dans d’autres entreprises. En vrac, on y trouve des participations dans des domaines très différents comme l’énergie ou le logement social. Par exemple, la participation de Nethys dans Publigaz, la holding regroupant les intercommunales belges qui détiennent des parts dans Fluxys, le gestionnaire du réseau de transport gazier belge. On trouve aussi dans le paquet l’une des filiales du groupe, Travailleur chez Lui (TCL), une société active dans les prêts personnels pour des logements sociaux et dont Nethys a hérité lors de son OPA inamicale sur l’ALG, l’Association liégeoise du Gaz, absorbée en 2010. Il y a également la participation de Nethys dans une intercommunale mixte spécialisée en crédit, Ecetia Finances. Un assemblage aux allures assez hétéroclites mais présentant l’avantage d’éviter à Nethys une douloureuse sortie de cash, destinée uniquement à satisfaire les demandes de la Banque nationale. Mais le parcours est semé d’embûches. Des pactes d’actionnaires, parfois très contraignants, conditionnent tout changement d’actionnariat dans certaines de ces participations (lire ci-dessous). Actionnaires étrangers Il nous revient également que des plus petits actionnaires étrangers d’Intégrale pourraient également participer à l’augmentation de capital. Parmi les actionnaires minoritaires présents dans le capital, on trouve notamment l’assureur français Apicil. Mais satisfaire la BNB n’est peut-être qu’une étape. À Liège, certains rêvent de délester Nethys de son pôle « assurances » en le cédant à Ethias, candidat malchanceux au rachat d’Intégrale en 2016. Certes, Intégrale est une société qui semble se porter plutôt bien. « Sans l’augmentation de capital qui se prépare, elle serait même en mesure, cette année, de verser des dividendes », affirme un interlocuteur. Mais en deux ans, bien des choses ont changé. À l’époque, c’est Ethias qui était en délicatesse avec la BNB pour son ratio de solvabilité. Aujourd’hui, rien n’indique que le groupe liégeois, dont le siège ne se trouve qu’à quelques centaines de mètres d’Intégrale, soit encore prêt à racheter son voisin à n’importe quel prix. Interrogé par Le Soir, le président du comité de direction d’Intégrale, Diego Aquilina, n’a pas souhaité commenter nos informations.

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