L’heure de l’élargissement du ring de Bruxelles, voulu et programmé par la Région flamande depuis 2013, approche à grand pas. Le projet, vendu sous la forme d’une « optimisation » d’une partie de la boucle d’autoroute qui encercle Bruxelles, prévoit le passage à 10 bandes de circulation entre l’E40 et l’A12 puis entre l’E40 en direction de Liège et l’A19. Présenté avec l’objectif de décongestionner plusieurs points d’entrée dans la capitale, le projet charrie néanmoins son lot d’angoisse à Bruxelles.
Après Jette, où plusieurs représentants politiques se sont récemment déclarés inquiets à propos d’un projet qui va frôler les frontières communales et le bois du Laerbeek, c’est maintenant au tour du collectif citoyen Bruxsel’Air de déclarer l’état d’urgence sur ce dossier. Cette plateforme, consolidée autour de la problématique de la pollution atmosphérique, vient en effet d’envoyer une lettre ouverte à l’ensemble des bourgmestres et des échevins de la mobilité de la Région, ainsi qu’aux ministres Rudi Vervoort (PS), Céline Frémault (CDH) et Pascal Smet (SP.A), respectivement ministre-président, ministre de l’Environnement et ministre des Travaux publics et de la Mobilité. Les signataires s’alarment du manque de clarté actuel dans le chef des uns et des autres et demandent que les dirigeants de la Région s’opposent publiquement à un projet jugé nocif à plusieurs égards.
« Loin de n’être qu’une question de santé, le tout à l’automobile que nous observons en Belgique est en outre incompatible avec de nombreux objectifs que notre ville s’est fixés dans plusieurs de ses stratégies à long terme, visant à améliorer le bien-être des Bruxellois, estime le collectif dans son appel. En matière de congestion, cet élargissement ne peut en outre que créer un appel d’air supplémentaire pour les navetteurs, qui viendront toujours plus nombreux en voiture à Bruxelles. »
Un exécutif désuni
Le groupe citoyen demande dès lors aux membres du gouvernement et des exécutifs communaux de se positionner clairement par rapport au projet flamand. Et ce, avant le 20 avril prochain. Histoire de faire monter un peu la pression, le collectif prévient que chaque prise de position (ou absence de réponse) sera relayée sur la page Facebook de Bruxsel’Air.
Cette requête intervient dans un contexte où le gouvernement bruxellois a visiblement bien du mal à parler d’une seule voix à propos d’un dossier sur lequel la Flandre semble déterminée à avancer quoi qu’il advienne. Là où la ministre de l’Environnement a encore estimé récemment en commission que cet élargissement représentait une aberration par rapport à la vision de la mobilité défendue par Bruxelles (Le Soir du 4 décembre 2017), l’avis de Rudi Vervoort, responsable des relations interrégionales, est quant à lui bien plus nuancé.
Contacté, son cabinet nous renvoie vers une réponse donnée la semaine dernière suite à une interpellation du député Marc Loewenstein (Défi). Rappelant que « tout projet de transformation du ring doit rencontrer les objectifs bruxellois en termes de sécurité routière et de mobilité », le ministre-président insiste sur l’importance de construire une vision commune avec la Flandre. « Force est de constater que nous ne disposons pas de cette vision commune. Pas encore en tout cas. » En cause, notamment : l’absence de consensus sur la question des parkings de transit voulus par Bruxelles, ainsi que sur un plan d’investissements pour les transports en commun. Et le ministre-président de conclure : « Alors, quelles sont les prochaines étapes ? La concertation, encore et encore (…)
Le gouvernement flamand se trouve dans le même état d’esprit. Nous avançons ». Le collectif citoyen trouvera-t-il dans ces explications le positionnement tranché qu’il attendait ? On peut légitimement en douter.
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