Wilmots: «Mon avant-centre ne marque pas? Je m’en fiche puisque les médians le font»

Veston bleu, chemise blanche : c’est un Wilmots en version match qui est arrivé, jeudi matin, d’un pas alerte dans les locaux du Soir. Pour évoquer, outre ses Diables, tous les événements liés au terrorisme. Mais aussi ses projets d’une fondation dans l’aide à la jeunesse par le sport. Marc Wilmots, l’année des Diables s’est achevée un peu prématurément vendredi dernier contre l’Italie pour cause d’attentats en France. Que fait un sélectionneur pendant 4 mois, d’ici au prochain match du mois de mars ? Il va commencer par prendre un avion pour la Suisse, l’Autriche et la Slovénie afin d’y repérer des lieux de stage pour la préparation à l’Euro, le sélectionneur. Ensuite, ce sera direction le palais des Congrès à Paris, le 12 décembre, pour le tirage au sort de la phase finale du mois de juin. Enfin, je profiterai de l’hiver pour aller voir un maximum de joueurs dans leur club. Et parler avec eux. Votre période psy, en quelque sorte ? Quand vous vivez à l’étranger, vous êtes toujours content de voir du monde. C’est important de les écouter, de prendre le pouls des gars. Sélectionneur : un job en or ? Le plus important c’est de s’être qualifié pour deux tournois d’affilée. Si ce n’était pas le cas, je ne serais pas ici et vous parleriez différemment du job. Entraîneur, c’est un métier où l’on n’a pas le droit à l’erreur : il faut tout intégrer, tout surveiller, tout digérer. L’organisation doit être parfaite. Ça ne m’effraie pas, mais à mes conditions. Et, à la fin, c’est moi qui paie si ça ne marche pas. Pour la première fois, un Euro se disputera désormais avec 24 équipes : n’importe quoi, aurait dit Raymond Goethals ? Personnellement, ce qui me tracasse dans la nouvelle formule, ce sont les éliminatoires : les deux premiers passent et le 3e est barragiste. Ça laisse des latitudes dans l’esprit des joueurs et ça peut nuire à la mobilisation. Votre tirage idéal, le 12 décembre ? Si ça dépendait de moi, je vous le dirais. Mais là, c’est le hasard. On reformule la question autrement alors : qui voulez-vous éviter ? L’Italie, la compétitrice par excellence. Et, toujours dans le pot 2, la Pologne avec un buteur de la trempe de Robert Lewandowski. La Turquie dans le pot 3, sera une sacrée cliente car Fatih Terim est un entraîneur qui insuffle beaucoup d’esprit dans les équipes qu’il dirige. « Les critiques ? Je sais d’où ça vient » Avec son statut de nº1 mondial, la Belgique est attendu dans les rangs des favoris : ça vous amuse, ça vous irrite ? Cette première place, c’est tout de même un truc de fou ! Si on nous avait tous dit ça il y a trois ans… On a forcé le respect, y compris de tout grands comme Zinedine Zidane. Mais croire qu’on va gagner le tournoi est une connerie. Avoir l’ambition de le gagner, c’est mieux. Un quart de finale serait dans la lignée de la performance au Brésil : mais ce sera jugé un peu court au pays. Le décalage entre ce que vous savez d’un tournoi et ce que le grand public en attend est-il en train de déboucher sur un dialogue de sourds ? Tout est une question de moment. Lors du récent Mondial U17, j’ai regardé France – Costa-Rica : 4 poteaux à zéro pour les Français et, au final, ce sont les Costaricains qui passent aux pénos. Les circonstances d’un match, les blessures, les suspensions : il y a tant de facteurs qui peuvent influer sur un parcours. Tout ce que je sais à huit mois du match d’ouverture, c’est que mon équipe qui avait dû gérer la nouveauté et donc le stress au Brésil, aura cette fois deux ans de plus au niveau de la maturité. Comment éviter le grand débat autour du poste de nº9 que certains iraient bien jusqu’à attribuer à Marouane Fellaini ? Il est sur le banc à MU et un joueur qui ne joue pas c’est embêtant pour un entraîneur. Fellaini pourrait monter en soutien d’attaque. Il pourrait jouer en six tout seul. Il a une très bonne technique, il a une bonne capacité de course et de récupération. A lui de voir s’il veut tenter un nouveau défi en janvier, s’il a des possibilités. Pour le reste, j’ai cinq candidats au poste et s’ils ne marquent pas, je m’en fiche car les médians le font : vous avez vu le nombre de buts inscrits par De Bruyne depuis qu’il est Diable ? Et Fellaini ? Et Hazard ? Et j’aimerais ajouter : vous connaissez la moyenne d’âge de mes attaquants ? 22 ans ! Or, un buteur s’épanouit généralement à 26-27 ans. Ça a été aussi mon cas. Malgré vos états de service comme sélectionneur, vous restez critiqué : plus en Belgique qu’ailleurs, nul n’est prophète en son pays ? N’est-ce pas terrible de vivre avec ce doute permanent ? Je sais très bien d’où ça vient, vous savez. Ça part d’une personne, dans un journal qui en fait un business, dès le jour de ma nomination. On veut m’imposer les règles d’un jeu que je ne veux pas jouer et que je ne jouerai jamais. Je ne partage mes stratégies et je ne m’achète pas de passe-droit auprès de certains journalistes. Même Rodrigo Beenkens avec qui j’ai travaillé pendant 6 ans, ne connaît rien, la veille, de l’équipe que je vais aligner le lendemain. Moi, mes moteurs, ce sont mon équipe, mon staff et les gens qui se rassemblent hors de chez eux pour vivre nos matchs. [scald=211462:sdl_editor_representation] Que ferez-vous en août 2016 ? Je partirai en vacances dans ma maison de Bordeaux ? Quoi d’autre ? J’ai un contrat jusqu’en 2018 et je compte aller jusqu’au bout. A votre poste, il faut aussi gérer des hommes qui sont encore, pour certains, des gamins. Quand on voit les débordements de l’équipe de France, récents comme moins récents, vous n’avez jamais craint que cela déteigne sur votre groupe ? Disons que j’ai été très clair avec mes joueurs dès le début et que je le suis pour chaque nouvel arrivant. Chez moi, c’est un avertissement, pas deux. Je leur ai toujours dit que je serai derrière eux car ils ont toute ma confiance. Mais ils savent aussi que je ne descendrai jamais d’un bus pour lire un papier à leur place. Le récent refus d’Adnan Januzaj de redescendre chez les Espoirs est donc pardonnable ? J’ai appris à être tolérant. Il faut parfois attendre 5 ou 6 mois et ça se calmera après une discussion. Je ne crois en tout cas pas à la thèse d’une envie de défendre les couleurs du Kosovo comme il en a encore théoriquement le droit puisque cette fédération n’était pas encore reconnue au moment de son choix pour la Belgique. [scald=211474:sdl_editor_representation] Luis-Pedro Cavanda n’est donc pas condamné non plus après sa prestation catastrophique contre l’Italie ? Certainement pas sur un seul match. Tout comme les récentes non-sélections de Laurent Ciman dues à ma volonté de rajeunissement des cadres n’ont rien de définitif. Il a l’âge contre lui et le fait de disputer une compétition dans l’ensemble moins relevée que le championnat de Belgique, mais il l’expérience et sa connaissance du groupe pour être rappelé. Les deux épisodes de votre vrai faux départ à Schalke ont marqué les esprits ? Qu’avez-vous appris en termes de communication ? J’ai gardé ma ligne. J’avais dit que je me tairais jusqu’au 12 juin et je n’ai pas parlé. Je ne me suis pas laissé polluer l’esprit, c’est tout. C’est un peu comme avec les analystes : les droits TV ont fait augmenter leur nombre sur les plateaux, mais on y dit de moins en moins de choses intéressantes. Sans vous départir de votre franc-parler, non plus. On l’a encore vu lors de la présentation du second jeu de maillot des Diables… Qu’est-ce que j’ai dit ? Que c’était un maillot de coureur cycliste ? Il y a un an, le service marketing de la Fédération est venu me demander mon avis. Et j’ai exprimé exactement la même réponse. Puis, les types sont repartis affolés après m’avoir expliqué qu’on ne pouvait plus rien changer chez Adidas. Mais, alors, pourquoi sont-ils venus me demander ce que j’en pensais ? Les moyens de communiquer sont devenus incontrôlables pour un entraîneur de foot par rapport à 23 joueurs : comment vous y prendrez-vous pour éviter que cela parte dans tous les sens à l’Euro ? Comme on l’a fait au Brésil. Sans interdiction totale car on ne peut pas interdire aux gens de parler à qui ils veulent. Mais avec une restriction particulièrement claire : on ne dévoile rien de la vie du groupe et encore moins de la tactique. Par écrit, en photo ou en vidéo. Je pense que c’est un excellent compromis par rapport à une interdiction stricte qui, elle, est contre-productive à mes yeux. Autour de vous dans la rédaction du « Soir », il y a autant de filles que de garçons qui sont venus vous écouter : le foot est-il devenu en Belgique est-il à ce point devenu glamour ? [scald=211475:sdl_editor_representation] Le foot, c’est le rêve des enfants. Et qui est le plus près d’eux ? Ce sont les mamans ! J’aimerais revivre l’expression d’une tribune entièrement réservée aux femmes, comme on l’a déjà fait à une reprise : ça fait plus de boucan ! [scald=211463:sdl_editor_representation] Et pourquoi pas plus de filles qui jouent au foot ? Les chiffres d’affiliation montent en Belgique. Mais dès qu’elles sortent de la structure mixte à 11 ans, il n’y a plus rien pour les accueillir. Par rapport à certains pays comme l’Allemagne, les Etats-Unis ou les nations scandinaves, on a 30 ans de retard dans le domaine, il ne faut pas se le cacher. Je le répète, l’Union belge commence à investir dans le foot féminin, avec le travail du sélectionneur Ives Serneels, mais on commence de zéro.

Votre compte

Wilmots: «Mon avant-centre ne marque pas? Je m’en fiche puisque les médians le font»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Football

Seraing a enfin réussi à briser le cercle infernal

D1A: Saint-Trond vient à bout de Courtrai et intègre le Top 8

Avec Yannick Carrasco mais sans Axel Witsel, l’Atlético Madrid cale contre Getafe

Après la défaite face à Naples, la Roma de José Mourinho se reprend face à Koni De Winter et Empoli

Sans Neymar ni Mbappé, le PSG s’impose par le plus petit écart face au Toulouse de Brecht Dejaegere

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Ballon «espion»: les Etats-Unis ont abattu l’engin chinois (vidéos)

Analyse Au Cercle, le Standard a craqué dans les derniers instants

Hadja Lahbib en visite au Congo: «Il est urgent que la RDC se ressaisisse»

Guerre en Ukraine: l’armée ukrainienne déjoue un assaut russe contre Bakhmout

Une étude (et la N-VA) remet la défédéralisation de la justice à l’agenda

Egbert Lachaert (Open VLD) sur la prolongation du nucléaire: «Il faut une nouvelle loi avec de nouveaux délais»

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel