Réfugiés: «Les visites domiciliaires? Ce sont les méthodes de 1940!»

Quand on sort du film, on pourrait se dire que les malfrats à Bruxelles sont uniquement des Maghrébins, des Albanais, ou des schizophrènes. Et en déduire que l’intégration n’a pas réussi. C’est votre avis ? Un, c’est Bruxelles. Nous sommes tous des Bruxellois et il n’est pas une minute question de dire : « Tu vois, ce sont des Arabes ou des Albanais ». On pourrait me rétorquer dans le même registre que je suis une Espagnole du temps du duc d’Albe. Ça s’arrête où ce genre de raisonnement ? Deux, c’est quoi une intégration réussie ? C’est l’assimilation ? C’est cela qu’on veut ? Pour moi, il y a des morceaux de culture qui doivent subsister. Un mari accusé d’avoir battu sa femme vous invoque sa « culture » turque ? Oui mais cela, c’est parce qu’il est con ! Rien à voir avec une mauvaise intégration : il fait partie de Bruxelles, sauf qu’il ne se comporte pas comme un bon Bruxellois. Ça ne va pas, c’est tout. Quand quelqu’un commet des actes répréhensibles pour la loi bruxelloise, paf, je sanctionne. Et c’est terminé. Le type qui face à cela m’avance l’argument de sa culture, il confond tout, et notamment sa culture avec sa manière de penser de macho. Faut-il limiter l’entrée des gens d’origine étrangère, comme le souhaitent certains en Europe ? Pour quoi faire ? Vous voulez qu’on soit tous lisses comme des pots de yaourt ? Je ne suis pas d’accord ! Je veux que la société soit en ébullition et qu’on puisse réfléchir à ceci ou cela. Si on est tous les mêmes, c’est la fin de la civilisation. Quel regard portez-vous sur le cas de Molenbeek ? C’est un ghetto misérable. Le Bronx, avec toute une économie parallèle. Cette commune pourrait vivre en autarcie car elle a sa propre logique de rue. Y voyez-vous un échec ou un abandon du monde politique ? Une non-attention. Je ne dirais pas un abandon. Il y a là-bas un foyer électoral, qu’on n’a pas osé secouer car le vote des gens de Molenbeek est terriblement communautaire. Que pensez-vous du projet de loi qui autoriserait les visites domiciliaires ? Les chemises brunes, ça ne me va pas. Une copine, coloriste, avait fait mon panel de couleurs. Et je peux vous dire que le brun n’est pas ma couleur. Le parc Maximilien, ça représente quoi ? 600 personnes ? Qui ne sont là qu’en transit. Ils demandent à pouvoir se laver, laver leurs vêtements, dormir pendant 24 h en attendant le passage des camions. 600 personnes, c’est ridicule ! Avec les visites domiciliaires, vous êtes soupçonnés d’abriter un Soudanais. Et quoi ? Je viens, je fouille tout et j’en profite pour vous demander d’où viennent les 5.000 euros reçus d’une vieille tante ? Ce qui veut dire que plus personne n’est en sécurité. C’est la peur faite aux gens. Si je suis votre voisine et que je ne vous aime pas, j’écris pour dénoncer et je signe x. Ce sont des méthodes que l’on avait en 1940 ! C’est inenvisageable ! En 1997, en pleine affaire Julie et Melissa, j’ai vu passer, dans des réunions de décideurs, un album photos de gens qui suçaient prétendument le sang des bébés. A l’époque, je ne me suis pas levée en disant : « Il y a là-dedans des gens que je connais et desquels je réponds, allez vous faire foutre avec vos messes noires ridicules. » Je ne recommence plus cela. Et donc, les perquisitions illégales, c’est non. J’ai réfléchi beaucoup à ma lâcheté il y a 20 ans, et jusqu’où j’étais capable d’aller avant de dire non. Dans un débat, si on me pose la question, j’exprime mon opinion. Peu importe ce que cela me coûtera. Pas envie de faire de la politique ? Pas contactée par E-Change ? Oh, c’est magnifique cela. Je disais à ma greffière : les problèmes restent les mêmes, ce sont les gens qui changent et qui donc parviennent à renouveler les problèmes. On a connu le mouvement de Debandt, il y a 30 ans. Les experts, la société civile et quelques politiciens qui disent : « Nous voulons rapprocher le citoyen de la politique ». C’est toujours la même chose. J’adore !

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