Gembloux: des détecteurs rapides de bactéries

On en parle souvent : les bactéries sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques. Une situation qui pose de sérieux problèmes de santé publique. Chaque année, en Europe, 25.000 personnes décèdent de maladies contractées dans un hôpital et causées par des bactéries multirésistantes. Pour contrer ce phénomène, il est nécessaire de mieux choisir les antibiotiques qu’on utilise. Coris, une PME basée à Gembloux dans le parc Crealys, a conçu pour cela un petit appareil simple d’usage, mais redoutable d’efficacité : le test Resist. « Il fonctionne sur le même principe qu’un test de grossesse, détaille Pascal Mertens, responsable Recherche et développement chez Coris. Et il permet rapidement de voir si un patient est porteur de bactéries résistantes à certains antibiotiques. » Le gain de temps est très important pour les laboratoires de diagnostic, clients principaux de Coris. « Une procédure de contrôle normale prend en moyenne trois jours. C’est trop long. Avec notre test, ça prend 24 heures de moins ! On gagne du temps et, vu sa facilité d’utilisation, notre test peut être utilisé dans des laboratoires qui n’ont pas les moyens de suivre toute la procédure. » Coris a également développé un autre outil pour déceler les résistances des bactéries : le système Trapist. Bien plus imposant, ressemblant à un petit ordinateur, il permet de découvrir de quelles bactéries le patient est porteur et, aussi, bien sûr, à quels antibiotiques elles peuvent résister. « C’est une technologie plus pointue, qui permet d’aller plus loin que la précédente. Ici, le gain de temps est de 48 à 72 heures ! On a des résultats dans les 24 heures après la prise d’échantillon. » Dix millions d’investissement Les deux produits de Coris permettent ainsi de donner un traitement approprié aux patients plus vite. Mais en faisant gagner du temps, ils doivent aussi diminuer les frais hospitaliers. Ces innovations sont, selon la société, « uniques au monde. Il existe au Japon un test très spécifique, qui ne teste qu’un seul type de résistances aux antibiotiques. Nous, c’est beaucoup plus large ». Elles ont pris plusieurs années pour être mises au point par Coris et ses partenaires. Au total, dix millions d’euros ont été investis sur cinq ans dans ces deux projets. Une grosse partie de cette somme, heureusement, provient de subventions. « Notre société a quand même investi directement 650.000 euros », précise ainsi Pascal Mertens. Le système Trapist est encore en phase d’évaluation. Des tests vont être effectués à Mont-Godinne et à l’hôpital Erasme, à Bruxelles. « On espère qu’il pourra être commercialisé dans la deuxième moitié de l’année 2016 », ajoute Pascal Mertens. Les tests Resist, par contre, sont déjà vendus. « Il y aura une différence de prix entre les deux, étant donné leurs différences de performances. » « Un test Resist reviendra à quelques euros, alors qu’un test effectué avec Trapist coûtera quelques dizaines d’euros. » La PME gembloutoise, qui existe depuis presque vingt ans, mise beaucoup sur ses deux nouvelles gammes de test. « Nous avons à nouveau des produits uniques. La difficulté, c’est qu’il faut créer le marché. » « Mais à terme, d’ici deux, trois ans, on espère que ça représentera une partie significative de notre chiffre d’affaires. Autour de 20 % à 25 %. » Ce n’est que comme ça que Coris pourra à nouveau se lancer dans d’autres projets ambitieux. 29 employés et de nombreux chercheurs Créée en 1996 par Thierry Leclipteux, dans sa propre maison, l’entreprise Coris a connu depuis une croissance régulière et continue. La PME emploie aujourd’hui 29 personnes. Son chiffre d’affaires est aussi passé, entre 2010 et 2014, de 1,830 million à 2,266 millions d’euros. La société gembloutoise, qui s’est donc spécialisée dans un marché de niche, les kits de diagnostic, exporte 85 % de sa production. Si Coris vend dans des pays proches comme la France, l’Italie ou l’Espagne, il est aussi très présent au Chili, au Japon, en Afrique du Sud et en Colombie. Obligée d’être sans cesse à la pointe si elle veut survivre, l’entreprise emploie majoritairement des chercheurs (41 % du personnel), le reste du personnel étant réparti entre la production et l’administration.

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