Le sexe à l'université a de nouveaux effets indésirables

Après celle sur l’alcool et une prochaine sur la nutrition, « l’Enquête santé » réalisée par l’UCL auprès de sa population étudiante se concentre sur la vie affective et sexuelle des étudiants. Questionnés en février 2016, plus de 2.000 étudiants âgés de 18 à 30 ans ont été sondés sur le campus de l’UCL. Parmi eux, 58 % de femmes et 42 % d’hommes. Cette enquête a rassemblé plusieurs acteurs : l’Observatoire de la vie étudiante, Univers santé, le Service d’aide aux étudiants, mais aussi l’Assemblée générale des étudiants de Louvain (AGL) et le Cercle homosexuel de Louvain-la-Neuve (CHELLN). L’objectif : dresser un panorama des comportements sexuels des étudiants pour améliorer la prévention dans les services mis à leur disposition. « Et il y a du boulot, assure Jacques Marquet, directeur de l’étude et sociologue de la famille à l’UCL. Beaucoup de choses sont déjà en place, mais il s’agit aujourd’hui de faire de la prévention différemment. » Car la sexualité des étudiants change. « Depuis les années 70, les pratiques bucco-génitales se sont diffusées de manière spectaculaire », selon le chercheur. Mais l’aspect le plus saillant de l’évolution de ces pratiques concerne la sexualité « en image ». Le « Revenge porn » Au-delà de la « simple » pornographie, que deux tiers des étudiantes assurent avoir déjà visionnée sur internet, une vogue s’installe clairement chez les jeunes de 18-30 ans : le « sexto ». « Il s’agit d’un message, généralement photographique ou vidéo, à caractère érotique, voire sexuel, envoyé par téléphone, explique Jacques Marquet. Plus de 16 % des étudiantes déclarent avoir déjà reçu de telles photos ou vidéos, plus d’une fois… Et 19 % en avoir elles-mêmes transmis, là aussi plus d’une fois. Une pratique qui existe déjà, dans une moindre ampleur, parmi les étudiantes n’ayant pas encore eu de rapports sexuels au sens strict du terme ». L’individualisation des images érotiques prend son essor avec l’intrusion des nouvelles technologies dans le couple. « Dans les années 90, les études sur la pornographie se concentraient sur l’aspect “industriel” de ces images, poursuit le chercheur. Aujourd’hui c’est devenu une sorte de sexualité “à distance. » Effet indésirable : le « Revenge Porn », une tendance issue des Etats-Unis consistant à se venger de ses « ex » en diffusant des photos et vidéos compromettantes. L’étude pointe plusieurs autres conséquences dans ces tendances, dont l’interruption volontaire de grossesse (IVG). « Parmi les sondées, 1 étudiante sur 20 a déjà eu recours à l’IVG et 2 sur 5 à la pilule du lendemain, observe Jacques Marquet. Ce chiffre progresse avec l’âge ». Deuxième facteur indésirable : les infections sexuellement transmissibles (IST). Plus de 10 % des étudiants rapportent en avoir déjà eu une. Une minorité (2 %) en a eu plusieurs, d’une même ou de deux catégories différentes. Parmi elles, les mycoses (6 % des répondants), les infections bactériennes, comme la chlamydia qui progresse à une vitesse importante depuis ces quinze dernières années (3 %), ou une infection virale comme l’herpès, le papillomavirus ou le VIH (1 %). « Attention : il faut garder en tête le milieu social étudié, rappelle le directeur de l’étude. Il s’agit d’une population plutôt favorisée, qui réalise des études supérieures et où l’information concernant ces maladies circule donc globalement mieux ». Violence, alcool, regrets Autre « aspect indésirable » pointé par l’étude : la violence lors des rapports sexuels, tant en position de victime que d’auteur. Une question posée uniquement aux étudiantes. « Les femmes sont les premières victimes des violences sexuelles : 1 étudiante sur 10 a déjà été touchée », avance Jacques Marquet. L’alcool est le dernier point « indésirable » soulevé par l’étude. Trois conséquences en lien avec une surconsommation d’alcool ont été plus particulièrement considérées : l’oubli de détails importants, l’absence de protection et le regret d’avoir eu des rapports sexuels en raison de la consommation d’alcool. « Lorsque l’on croise les réponses, les étudiantes qui disent oui à au moins un de ces trois points sont au nombre de 46 %, analyse le chercheur. Cela signifie que pratiquement 1 fille sur 2 a connu un effet indésirable du fait de sa consommation d’alcool ! » Plus il y a de partenaires, plus il y a de réponses positives à ces questions. Image, avortement, IST, violence et alcool. Des « chantiers de prévention, qui ne sont pas nouveaux mais qui méritent d’être reconsidérés au vu de ces évolutions », conclut Jacques Marquet. [scald=18342224:sdl_editor_representation]

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