Charleroi: Alberto Israël (91 ans) rescapé d’Auchwitz a témoigné à l’athénée Vauban
Rescapé des camps d’Auchwitz et de Mathausen, il raconte son histoire en enfer. Sa fille Rachel ne l’a apprise qu’à l’âge adulte, il la lui a cachée pour préserver son enfance. Il collabore régulièrement avec la cellule Hainaut Mémoire.

Plusieurs fois par an, la cellule provinciale Hainaut Mémoire invite Alberto Israël à témoigner sur sa déportation dans les camps de la mort : parmi les derniers survivants, il a pris la parole ce lundi à l’athénée Vauban à Charleroi, devant près de 300 élèves. C’est en juillet 1944 que commence son voyage vers l’enfer, il est alors âgé de presque 17 ans. A l’époque, l’île de Rhodes où il vit avec sa famille est encore territoire italien. Tous les juifs y sont embarqués sur des bacs à bestiaux à destination d’un premier camp de concentration à Athènes.
« On y monte sans appréhension, en pensant que c’est pour fuir les bombardements qui se multiplient », raconte-t-il. « Cinq à six Allemands se trouvent sur chaque bateau où nous sommes plus de 500 : on aurait vite fait de les désarmer et de les ligoter, mais on ne se méfie pas. » Le pire est pourtant de l’autre côté de la mer.
Après un court séjour, Alberto et les siens sont dirigés vers un train qui va les conduire en Pologne, à Auschwitz. Il fait 37 degrés, le trajet dure 13 jours, c’est là qu’il fête son anniversaire : il assiste au décès d’un jeune bébé et de sa mère. « Nous sommes une centaine par wagon, on en sort des cadavres à chaque étape. » Le jeune garçon voit mourir ses deux parents à Auschwitz, puis son frère Elie. Il y passe 40 jours, les SS lui ont tatoué un numéro sur la peau : c’est sa nouvelle identité.
Alberto participe à la marche de la mort vers Mathausen, où il perd un second frère : une distance de 100 kilomètres à effectuer à pied, par des températures polaires. « Ceux que le froid n’a pas gelés et qui sont trop affaiblis pour avancer sont tués sur place à bout portant, et jetés sur les bas-côtés de la route. » Alberto reste un jour à Mathausen, il est transféré vers le camp d’Ebensee où il travaille dans la mine jusqu’à sa libération en mai 1945. Chaque témoignage est une nouvelle épreuve : « Parce que je le revis », rapporte-t-il.
« Il lui arrive souvent d’en faire des cauchemars la nuit », ajoute sa fille Rachel qui l’accompagne. « C’est à l’âge adulte que mon père m’a confié ce qu’il avait vécu. Nous, ses enfants, avons grandi dans l’ignorance car il voulait nous préserver. S’il nous a dit que ses parents étaient morts durant la guerre, nous ignorions comment », confie-t-elle avec émotion. Le récit d’Alberto est poignant. Il évoque les privations, les insultes, les coups, le désespoir. « Face à lui, de nombreux jeunes craquent et se mettent à pleurer », selon Michel Descamps, de la cellule Hainaut Mémoire.
Sur les 2.000 juifs déportés de l’île de Rhodes, 150 ont survécu. Alberto Israël raconte pour que personne ne les oublie. La parole pour préserver l’avenir, protéger les nouvelles générations. Il en a fait un livre.
Son livre est disponible pour 15 euros auprès de la province du Hainaut. Infos : Christine Nopere, 064/432.350
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