Manu Lecomte est sur les radars de la NBA

Après avoir bouclé sa dernière saison universitaire sous le maillot de Baylor en mars dernier, le Belge Manu Lecomte (22 ans) a entamé un nouveau parcours du combattant, qui doit le mener vers son objectif ultime : jouer en NBA. Récemment sondé par les Sacramento Kings et les Dallas Mavericks, le jeune international belge met toutes les chances de son côté pour décrocher une place au sein de la Grande Ligue, mais le chemin est encore long, et semé d’embûches. Malgré 15 points et 7 passes décisives de leur « meneur de poche », les Bears de Baylor ont plié au 2e tour du NIT – le tournoi de fin de saison qui regroupe les meilleures universités des États-Unis qui n’ont pas su se hisser dans le grand tournoi final de la NCAA – 78-77, face à Mississippi State, le 18 mars dernier. Ce match restera comme le dernier de la carrière universitaire de Manu Lecomte, 22 ans, qui a fait le choix de rejoindre les États-Unis voici cinq ans, pour y parfaire sa formation avec, comme rêve ultime devenu un véritable objectif pour lui, de rallier la prestigieuse NBA. Après deux saisons chez les Miami Hurricanes, puis une année de transition (« red shirt ») imposée par sa volonté d’être transféré à Baylor, dans le Texas, le Bruxellois a suivi un cursus universitaire complet, qu’il vient d’achever, sur le plan sportif, par une saison très aboutie. Au fil des ans, et à force de travail, l’ancien meneur de l’équipe B de Mons-Hainaut s’est doté d’un physique impressionnant, et s’est imposé comme un meneur de jeu capable de diriger son équipe tout en alimentant le marquoir, comme il le prouve aussi en équipe nationale. Ses 16,4 points, 3,7 assists et 2,1 rebonds de moyenne en 34 minutes de jeu cette année en ont fait un des distributeurs respectés de la NCAA. Suffisant pour lui assurer une présence lors de la prochaine « Draft » (sélection des meilleurs jeunes joueurs, issus ou non d’universités américaines, par les franchises NBA) le 21 juin prochain à Brooklyn ? Pas forcément, car les places y sont extrêmement chères (deux « pick » par club), et que sa relative petite taille (1,80m) reste un facteur pris en considération par les « scouts ». Mais cette « Draft » 2018 - où les spécialistes ne placent pas Lecomte parmi les 60 élus dans leurs prévisions - n’est pas l’unique porte d’entrée vers la NBA, et, preuve que Manu figure sur les radars de plusieurs recruteurs outre-Atlantique, il faisait partie des universitaires choisis pour participer au très prisé « Portsmouth tournament », voici une dizaine de jours. Il s’agit du tournoi où sont invités, chaque année, les 64 meilleurs joueurs de la saison écoulée, pour douze matches en quatre jours sous le regard d’environ 200 représentants des franchises NBA ! « Un tournoi duquel ont émergé, par le passé, des stars comme Scottie Pippen, le célèbre lieutenant de Michael Jordan, mais où Manu s’est rendu très affaibli par un état grippal qui l’a empêché de jouer » explique Jacques Stas, manager de l’équipe nationale, qui a rendu visite à Lecomte sur place. « Il avait de la fièvre, et n’a pu tenir sa place que quelques minutes, dans la moins bonne équipe de ce tournoi où l’on est jamais invité par hasard. Il n’a donc pas pu signer de stats marquantes, mais il a montré qu’il savait jouer en « pick and roll » (jeu d’écran). » Dommage, c’est certain, même si les recruteurs américains et européens n’ont pas attendu ce tournoi pour suivre l’évolution du Belge, « et, en moyenne sur les neuf dernières éditions, seuls cinq ou six éléments des 64 joueurs présents signent ensuite en NBA ; les autres trouvant le plus souvent une bonne place dans un club européen » précise Stas. Mais ce n’était là qu’une partie du processus entamé par Lecomte, avant quelques jours de repos, puis l’enchaînement traditionnel qui est celui des futurs « rookies » dans cette période très particulière, entre le championnat universitaire et leurs débuts professionnels. « En résumé, après Portsmouth, les mois de mai et de juin sont marqués par les « workouts », à savoir des séances individuelles encadrées par des coaches, sur invitation des franchises qui vous amènent à la Draft (NDLR : le 21 juin) et donc à un contrat NBA le cas échéant, ou non. Viennent ensuite les « summer league », où chacun vient défendre ses dernières chances de décrocher une place dans la Grande Ligue… Les deux matches qu’il disputera avec les Lions fin juin et début juillet devraient lui permettre de se présenter en forme à Las Vegas, où toutes les franchises joueront leur ligue d’été » précise Stas. Dans ce laps de temps, les clubs NBA multiplient les entretiens, en privé, avec des joueurs ciblés. Manu Lecomte vient d’en passer deux, l’un avec les Dallas Mavericks (le club où Didier Mbenga avait commencé sa carrière NBA), l’autre avec les Sacramento Kings. « Il s’agit d’interviews d’environ une heure, une heure et demie, au cours desquelles on évalue votre caractère, votre vision des choses, votre profil psychologique » précise Jacques Stas. « Les équipes ont déjà un dossier complet sur vous à ce moment-là, mais elles veulent savoir comment vous racontez ou décrivez votre parcours, vos ambitions. » « Être appelé pour ces entrevues, c’est toujours bon à prendre, mais il est impossible de dire ce que cela signifie vraiment pour Manu – que j’adore – tant il est encore tôt » ajoute Retin Obasohan, l’international belge sorti d’Alabama en 2016, et qui boucle sa 2e saison européenne avec les Oettinger Rockets en D1 allemande. Alors, quelles sont les chances pour Manu Lecomte de devenir le deuxième joueur belge « drafté » en NBA après Axel Hervelle en 2005, ou à tout le moins de pouvoir rallier la Grande Ligue la saison prochaine ? « Difficile à évaluer » répond Jacques Stas. « J’ai vérifié, et seulement trois joueurs de 1,80m et moins, grand maximum, ont été retenus, en moyenne, lors des dernières « Draft » depuis 2010. Au poste de meneur, où certains mesurent 1,95m, la concurrence est rude. Et à la fois, Manu a mis toutes les chances de son côté, comme d’habitude, en se liant avec Bill Duffy, un agent très bien introduit en NBA (NDLR : qui a géré les intérêts de Yao Ming, Steve Nash ou Rajon Rondo notamment). » « Pour faire partie de la même agence, je confirme que Manu est très bien entouré en travaillant avec lui » valide Axel Hervelle, seul joueur belge à avoir été drafté en NBA – même s’il n’y a finalement jamais joué – depuis Bilbao. « Ces deux entretiens qu’il a passés avec les franchises de Dallas et Sacramento ne sont pas anodins ! Et je souhaite vraiment qu’il reçoive sa chance… » Et si ce n’est pas directement via la « Draft », nul doute que le Bruxellois tentera de s’ouvrir les portes de la NBA par tous les moyens cet été.

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