Bruxelles passe au niveau 3: les Plaisirs d’hiver sont maintenus, le métro rouvre mais la police veille encore

Le passage du niveau de la menace à Bruxelles de 4 à 3 entraîne une (toute) relative détente à divers niveaux. Voici huit points d’attention particulière. 1. L’armée respire… prudemment Malgré la diminution du niveau de la menace, les gouvernements fédéral et bruxellois souhaitent le maintien de la présence militaire et policière dans les rues de la capitale, notamment aux abords des écoles, durant quelques temps encore. Cependant, les autorités procéderont à des adaptations de surveillance nécessaires mais progressives – comprenez allégées petit à petit, « avec vigilance », comme l’a martelé ce jeudi soir Rudi Vervoort, ministre-président bruxellois. « Le niveau 4 n’était pas tenable pour nous. Maintenant, je vois mal comment on justifiera encore longtemps les patrouilles militaires intensives à Bruxelles, estime, de son côté, Patrick Descy de la CGSP Défense nationale. Ceci dit, il nous faudra une explication à cette baisse du niveau de la menace : soit un fait remarquable s’est déroulé, soit les responsables politiques ont entendu notre appel au secours. » Notons toutefois que l’Ocam délivre ses avis de façon autonome, comme l’a souligné Charles Michel à plusieurs reprises ce jeudi. 2. La police aussi Sur les dents depuis le week-end dernier, les policiers seront encore appelés durant quelques jours à patrouiller de façon appuyée dans la capitale et à surveiller les écoles. Les 300 agents de la police fédérale et de zones locales aux quatre coins du pays qui étaient mobilisés depuis mercredi pour sécuriser les abords des établissements scolaires, lèveront le camp prochainement, toujours dans l’optique de maintien de la sécurité avec des aménagements graduels. N’empêche, les hommes en bleu poussent, comme les militaires, un grand « ouf » de soulagement. « C’est une bonne nouvelle pour la population mais aussi pour nos collègues, juge Vincent Gilles, président du SLFP Police. Mais ne relâchons pas notre vigilance, tant que nous n’en aurons pas fini avec cette bande de salopards (les djihadistes potentiellement présents en Belgique, NDLR). Et il nous serait agréable d’entendre des avancées significatives dans l’enquête. » 3. Les écoles, crèches et universités restent vigilantes Jeudi soir, Joëlle Milquet, ministre de l’Education, a envoyé une circulaire qui engage les écoles à maintenir les mesures qui avaient été prises mercredi lors de la reprise des cours. Bref: on ne change rien. 4. Les hôpitaux, toujours sur leurs gardes Le retour au niveau 3 va sans doute remettre en question les mesures de sécurité prises par les établissements de santé. A l’hôpital Erasme, par exemple, il a été décidé de limiter l’accès du personnel aux portes avec badges personnels. Pour la patientèle, il n’y a plus que trois entrées (la porte principale, celle des urgences, celle de l’hôpital de jour). Du gardiennage supplémentaire sécurise ces points de passages. Ces mesures sont valables jusqu’à nouvel ordre. Jeudi soir, la cellule de crise constituée par l’établissement devait encore se réunir pour éventuellement modifier son plan. Par ailleurs, de nombreux hôpitaux avaient été mobilisés des moyens pour pouvoir réagir en cas d’attentat à Bruxelles, notamment des « Smur », des services mobiles d’urgence et de réanimation. C’est le cas du CHU de Liège. Jeudi soir, le chef de service des urgences, Lucien Bodson, ne pouvait pas encore se prononcer sur la suite. « En tout cas, ça nous soulagera un peu, les services d’urgence sont sur les dents. On ne devra plus passer notre temps à chercher qui est mobilisable ou pas. » 5. Les transports en commun pleinement opérationnels Le réseau de métro et de prémétro de la Stib sera entièrement rouvert dès ce vendredi à 6h du matin. Toutes les lignes seront donc exploitées et relieront leurs terminus habituels. Les stations Bourse, Lemonnier et Anneessens seront donc à nouveau desservies. Les bus rouleront aussi normalement. Par contre, l’horaire reste limité pour le moment. Ainsi, le premier métro partira à 6h et le dernier à 22h. La Stib, comme le ministre-président Rudi Vervoort, appelle encore à la vigilance. En principe, les militaires resteront présents en sous-sol mais seront donc répartis sur les 69 stations. Une réunion est prévue ce vendredi matin afin de déterminer si un retour complet à la normale est possible pour ce week-end. 6. Les Plaisirs d’hiver démarrent bien ce vendredi Les Plaisirs d’hiver, le grand marché de Noël de la capitale, débuteront bien comme prévu ce vendredi 27 novembre « suite à la baisse du niveau de menace de 4 à 3 sur la Région bruxelloise », nous a confirmé Yvan Mayeur (PS), bourgmestre de la Ville de Bruxelles. Il n’y aura pas d’inauguration officielle avec fanfare et flonflons, il faut tout de même rester sobre, mais tous les chalets ouvriront. » Yvan Mayeur rappelle qu’il s’agit d’une décision de la responsabilité du bourgmestre et qu’il a décidé d’autoriser l’ouverture du marché. Il serrera les derniers boulons de la manifestation lors d’un collège de la Ville qui se tiendra ce vendredi matin. Les horaires seront notamment adaptés pour faciliter la gestion de la sécurisation du site, mais la manifestation pourra donc bien avoir lieu normalement. Après de dernières réunions avec le centre de crise, la police, l’Ocam et le Brussels Major Events, notamment, le bourgmestre autorisera l’ouverture des chalets de 12 à 20h ce week-end et de 12 à 21 h30 dès lundi. En matière de sécurité, « nous continuerons à saturer le centre-ville de présence policière, a détaillé Yvan Mayeur. Les patrouilles seront renforcées sur les sites et à leurs abords. La police sera épaulée par des sociétés de sécurité. Des fouilles et contrôles seront effectués. La bonne collaboration de tous, commerçants et visiteurs, est demandée. » Comment dire au public à la fois « Venez aux Plaisirs d’hiver et soyez vigilants » ? Réponse d’Yvan Mayeur : « Il faudra s’habituer à vivre un certain temps sous le niveau de menace 3. Mais tout de même, les Plaisir d’hiver, c’est magnifique ! » 7. La culture revit progressivement Pas de grands changements du côté des activités culturelles bruxelloises : les théâtres avaient déjà rouvert leurs portes mercredi de même que les cinémas, Bozar ou encore les Musées de la Ville de Bruxelles. Du côté des salles de concerts, toutes les dates à Forest National, au Palais 12, au Cirque Royal, à l’AB ou au Botanique avaient déjà été annulées (et pour la plupart reportés) jusqu’au lundi 31. Rien ne change de ce côté-là. Pour les institutions culturelles fédérales (Musées royaux des Beaux-Arts, Musées royaux d’Art et d’histoire, Museum des Sciences naturelles, Archives du royaume…), les activités devraient reprendre progressivement. Si une réouverture ce vendredi est prématurée, chaque institution verra avec son service de sécurité comment organiser le redémarrage des activités, peut-être déjà ce week-end. 8. Le Foot en suspens En raison du niveau 4 de la menace, le match de Pro League opposant ce dimanche à 14h30 le RSC Anderlecht à OH-Leuven était censé se dérouler à huis clos. Ce vendredi matin, à l’issue de la réunion du Conseil régional de sécurité en compagnie de ses 18 homologues bruxellois et en concertation avec les services de police, Eric Tomas, bourgmestre d’Anderlecht, décidera d’ouvrir ou non la rencontre aux supporters.

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