Nethys propose de priver les communes de dividendes

Avec Publifin, on ne s’ennuie jamais. Ça pourrait presque devenir un slogan. Dernier épisode en date : le conseil d’administration (CA) de Finanpart, filiale de l’intercommunale liégeoise, qui s’est tenu mercredi. Autour de la table, les élus locaux, représentant les communes actionnaires et la Province de Liège. Ce soir-là, Finanpart devait se prononcer sur différents points, proposés par la filiale opérationnelle du groupe (Nethys). Première mesure proposée : la suppression des dividendes. Rien que ça. « Le CA de Nethys (composé de professionnels, NDLR) a recommandé, à l’unanimité, de ne pas verser de dividendes pour l’exercice 2017 », explique un administrateur. Pourquoi ? « On s’est demandé s’il fallait provisionner dans les comptes les indemnités de rupture de contrat que Nethys risque de devoir payer aux 21 personnes qui dépassent le nouveau plafond salarial (de 245.000 euros) fixé par le gouvernement. Parce qu’on sait que la plupart des managers vont réclamer ces indemnités et quitter la société. Ce qui va coûter plus de 20 millions », glisse un proche du dossier. En provisionnant ce montant, le résultat de Nethys aurait été proche de zéro. Le CA a dès lors préféré proposer à son actionnaire de ne pas payer de dividendes en 2017. Demande recalée par les administrateurs de Finanpart (les communes ne pouvant pas faire l’impasse sur cette manne financière). Recours contre le décret wallon Autre point à l’ordre du jour du conseil de Finanpart : l’introduction d’un recours contre le tout frais décret gouvernance wallon. Un décret sur mesure en réponse à l’affaire… Publifin, qui ne plaît pourtant guère à l’intéressée. Ici encore, tout part d’un courrier envoyé par Nethys à Finanpart. Qui tire la sonnette d’alarme sur « les conséquences dramatiques du décret ». Selon Nethys, ce texte met en péril les activités concurrentielles du groupe, en imposant une tutelle d’annulation à l’ensemble des filiales du groupe. « Avec ce pouvoir, la Région wallonne pourra annuler l’engagement d’un journaliste au sein de la rédaction de L’Avenir (filiale de Nethys, NDLR) », entend-on à Liège. Ce qui va trop loin. « La limitation des rémunérations ne nous permettra plus de conserver les dirigeants en place. Et on ne pourra pas recruter des talents aux conditions de marché du secteur de l’assurance ou des télécoms. Ce qui nous placera en position d’infériorité », reprend un cadre du groupe. D’où l’idée d’un recours, chez Nethys. Et, surprise : les administrateurs politiques de Finanpart ont suivi. Sous l’impulsion du vice-président Josly Piette (CDH), la décision de principe d’aller en recours devant la Cour Constitutionnelle a été prise, avec une originale majorité PS-CDH. Le MR et Ecolo ont voté contre. Un socialiste s’est abstenu : Hassan Bousetta. « Je doute de l’opportunité de ce recours. Je doute des chances de succès. Et je pense que le dossier est mal instruit », explique M. Bousetta. Notez au passage la position totalement schizophrénique du CDH, qui a donc voté ce décret au Parlement wallon… pour l’attaquer ensuite au niveau liégeois. « Il faut stopper cette mascarade, et arrêter ce bolide sans pilote qui multiplie les infractions », peste Marc Hody (Ecolo). Qu’en disent les délégués spéciaux envoyés par le gouvernement wallon chez Publifin ? Pas grand-chose étant donné qu’il s’agissait d’un CA de Finanpart, auquel ils ne sont pas conviés.

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