Lidl: la grève se déplace autour des centres de distribution

Après l’échec de la conciliation menée au finish vendredi soir, le conflit qui oppose les travailleurs de Lidl à la direction a pris un nouveau tour. Ce week-end, des piquets de grève, principalement animés par des représentants du syndicat socialiste, se sont installés devant quatre des cinq centres de distribution de l’enseigne, à Gullegem, Genk, Courcelles et Marche-en-Famenne. Dimanche, en fin d’après-midi, l’accès au cinquième dépôt, à Sint-Niklaas, n’était pas encore bloqué. « Mais je ne saurais m’imaginer que ça n’arrive pas rapidement », indique Myriam Delmée, vice-présidente du Setca en charge du secteur de la distribution. Pour rappel, les travailleurs réclament un allégement de leur charge de travail. Vendredi, la direction a accepté la demande des syndicats de retirer du calcul de la productivité l’équivalent de 42 heures, ce qui se serait traduit soit par des heures supplémentaires pour le personnel à temps partiel volontaire, soit par des engagements. Ceci le temps de négocier des changements structurels à l’organisation de travail chez Lidl, pour mieux coller à la transformation progressive de l’enseigne du « hard discount » vers un modèle de supermarché plus « classique ». Manque de confiance envers la direction Mais la conciliation a bloqué sur la durée de cette mesure. La direction proposait un délai de six mois. Insuffisant pour le Setca, qui demandait une mesure à durée indéterminée, jusqu’à ce que les nouvelles conditions de travail soient effectivement négociées. Une précaution nécessaire, pour Myriam Delmée, qui ne semble pas croire à une réelle bonne volonté du côté de la direction et qui craignait que celle-ci ne joue la montre. « Ça fait douze ans que je m’occupe de Lidl et, sur cette période, on a conclu peu de conventions sur l’organisation du travail, explique-t-elle. Et quand a-t-on conclu ce genre de convention ? Quand Lidl venait avec des demandes. Ici, comme ils ne sont demandeurs de rien, ce sera comme d’habitude : les négociations vont capoter. Ceux qui disent le contraire méconnaissent la réalité du dialogue social chez Lidl ». Du côté du syndicat chrétien, on confirme le manque de confiance envers la direction. « Depuis dix ans, la direction de Lidl nous balade, précise Romuald Guery, délégué permanent CNE. Nous leur demandons de faire un geste pour permettre aux collaborateurs de retrouver confiance. Nous n’appelons pas à une reprise du travail. Nous allons refaire des assemblées du personnel, et si le mouvement se poursuit, ça se poursuit ! Là où les magasins seront fermés lundi, nos délégués les soutiendront en front commun. Mais je n’ai pas envie d’une guerre entre ceux qui veulent reprendre le travail et ceux qui ne veulent pas ». Rayons vides Des différences semblent pourtant apparaître dans le front commun syndical, notamment au nord du pays. « On constate qu’en Flandre, là où on a consulté les travailleurs sur la proposition de la direction, il y a une réouverture des magasins, explique Johan Lippens, secrétaire syndical LBC-NVK (pendant flamand de la CNE). En Wallonie, la tendance est plutôt à une poursuite de la grève. Nous consultons le terrain pour voir s’il y a un accord pour poursuivre la négociation avec la direction sur base de ce qui est sur la table ». Johan Lippens trouve également « dommage » le blocage des dépôts « pendant la phase de consultation », qu’il voit comme une façon « d ’essayer de forcer certains magasins à fermer » faute de marchandises. Précisément, on ignore combien de magasins Lidl (sur les 302 que compte l’enseigne) garderont encore portes closes ce lundi. Mais puisque les camions ne pourront pas quitter les dépôts, les clients des magasins ouverts risquent de trouver de nombreux rayons vides.

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