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Le 6 mai, la rénovation enfile ses habits de lumière

Ces dernières années, la rénovation a gagné du terrain

par rapport à la construction neuve. Coup d’œil sur un secteur où les surprises sont parfois nombreuses et où l’architecte a encore son mot à dire.

Journaliste en charge du Soir Immo Temps de lecture: 5 min

L’architecture est une matière des plus variées qui nécessite parfois de l’ingéniosité, surtout lorsqu’il s’agit de rénovation de bâtiments existants. Dans un petit immeuble situé rue Joseph Stallaert à Ixelles, à deux pas de la place Brugmann, Fabrizio Trobbiani vient d’en apporter une preuve éclatante. Non seulement il a rénové un ancien local de concierge inoccupé depuis de longues années situé de part et d’autre du couloir du rez-de-chaussée mais il l’a également relié avec l’appartement du premier étage. Histoire de contourner le désagrément de devoir traverser le couloir pour accéder aux chambres, une annexe extérieure a été ajoutée à l’ensemble qui sert de passage.

Au final, le résultat laisse apparaître un appartement sur deux niveaux de deux chambres (une au rez et l’autre à l’étage) avec un studio intégré. Pas facile à réaliser d’autant que les deux structures se situent dans une copropriété de cinq propriétaires. « L’ensemble du projet m’a attiré, expose le patron du bureau Arqeh Architecture créé en 1996 à Bruxelles. Il a fallu un an de travaux pour arriver au bout d’un chantier qui a été rendu possible grâce, avant tout, à la grande confiance qui m’a été apportée par le maître d’ouvrage. »

À quelques encablures du 6 mai, date à laquelle la rénovation sera mise à l’honneur à Bruxelles et en Wallonie, il nous a semblé intéressant de nous pencher sur un secteur de l’immobilier qui a le vent en poupe. « La confiance est le maître mot en rénovation où l’on ne peut plus se passer, aujourd’hui, d’un architecte », insiste à ce propos Fabrizio Trobbiani.

Contrairement au neuf, la rénovation comprend une part d’inconnue avec les surprises que l’on peut trouver une fois que l’on commence les travaux. Une conduite cachée, des murs plus épais que prévu, une poutre qui apparaît : l’architecte doit alors s’adapter pour contourner le problème. « Et il doit surtout essayer de ne pas plonger le maître d’ouvrage dans des difficultés budgétaires supplémentaires, poursuit l’architecte. Il n’est pas toujours facile de faire comprendre à un client qu’il convient parfois de dépenser un peu plus pour valoriser encore davantage le bien qu’il rénove. Mais lorsqu’il s’agit de techniques, surtout avec les normes en vigueur toujours plus drastiques, l’architecte doit rester le seul décideur, avec le risque de refuser la mission s’il n’est pas suivi par son client. Lorsqu’il s’agit d’esthétique, c’est le maître d’ouvrage qui a le dernier mot. »

Contourner un imprévu place souvent l’architecte dans une situation inconfortable car il a déjà en poche un permis d’urbanisme qui a été accepté. « Pas facile, dans ces conditions, de savoir s’il faut poursuivre sans apporter des retouches à la demande de permis existante ou s’il faut au contraire tout arrêter pour avoir le feu vert définitif, explique Fabrizio Trobbiani. Malheureusement, la réglementation en vigueur ne différencie pas assez la rénovation du neuf où les rectifications à apporter à un permis sont pour ainsi dire inexistantes. »

À propos de permis, on sait qu’il représente désormais un travail de longue haleine. D’autant que les relations avec les services de l’urbanisme, on le sait aussi, contiennent une part d’aléatoire suivant le fonctionnaire que l’on a en face de soi et que les décisions varient d’une commune à l’autre. « Dans ce domaine, on a multiplié par deux, voire par trois, le travail de l’architecte et quand on voit les dispositions du CodT (Code développement territorial) ou du nouveau CoBAT (Code bruxellois de l’aménagement du territoire), qui sont plus des outils juridiques que d’architecture, on comprend pourquoi les relations avec l’urbanisme sont parfois très difficiles et que l’appel à des avocats est quasiment devenu une règle », sourit notre homme qui est également responsable de la Chambre bruxelloise de l’Ordre des architectes.

L’architecte reste-t-il malgré tout le garant d’un travail bien exécuté aux yeux de celui qui le paie ? Ses conseils font-ils encore office de paroles d’évangile ? « Aux yeux du maître d’ouvrage, oui, mais plus aux yeux des services de l’urbanisme qui vont trop systématiquement chercher la petite bête dans les projets qui leur sont soumis, soupire notre interlocuteur. C’est d’autant plus regrettable que le savoir-faire de l’architecte belge est encore apprécié et extrêmement reconnu à l’étranger. »

Mettre de l’eau dans son vin : tel est le mot d’ordre prôné par Fabrizio Trobbiani. « Il faut arrêter les conflits entre l’architecte indépendant et l’architecte fonctionnaire qui analyse les dossiers car cela paralyse tout un secteur, dit-il ainsi. Mais parfois, l’architecte doit lui aussi être prêt à faire amende honorable pour s’améliorer. »

Les normes, notamment énergétiques, qui se complexifient toujours davantage sont un autre problème auquel sont confrontés les architectes en rénovation, même si le problème est ici pareil pour le secteur du neuf. « Elles sont devenues une énorme contrainte, n’hésite pas à expliquer le patron d’Argeh Architecture. À tel point qu’on se demande parfois aujourd’hui si ce n’est pas la norme qui fait l’architecture. D’autant que nous devons faire face à une série de normes disparates. Or, en rénovation, il faut s’adapter à ce qui existe. Nous obliger à ce qu’un immeuble devienne passif parce qu’on a touché à toutes les techniques n’est pas rentable. D’ailleurs, la norme passive devrait être plus un choix qu’une imposition. »

Encore plus que le neuf, la rénovation s’appuie enfin sur les réseaux qu’a réussi à développer l’architecte au cours de sa carrière. « C’est un métier où il n’est malheureusement pas facile d’être jeune, conclut Fabrizio Trobbiani. Un chantier réussi combine trois éléments : un bon maître d’ouvrage, un bon architecte mais aussi un bon entrepreneur. »

Histoire de mieux faire connaître sa profession et d’en débattre avec qui le souhaite, l’architecte sera présent dans l’appartement à Ixelles le 6 mai pour faire visiter et commenter un projet dont il est fier.

 

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