Les Européens nombreux en finale du reine Elisabeth

Des personnalités marquées, venues d’horizons divers : cette année, les douze finalistes du concours Reine Elisabeth représentent un panel nuancé, dominé par les candidats européens. En effet, si en 2014, année de la dernière session chant, on comptait cinq finalistes asiatiques, ils ne sont plus que deux cette année, contre huit Européens. Parmi eux, des musiciens complets, de magnifiques voix puissantes et variées (5 barytons, 4 sopranos, 2 mezzo, 1 basse) et surtout deux Belges : Marianne Croux et Charlotte Wajnberg. Deux candidates belges Habituée des concours, la Franco-Belge Marianne Croux s’est incontestablement démarquée en clôturant la session de ce samedi soir de manière resplendissante. Musicienne très juste, elle suspend le temps, trouvant le ton adéquat, à la fois au niveau de la voix et des intentions. Son interprétation est subtile, équilibrée, toujours en communion avec sa pianiste Florence Boissolle. Un moment de musique réjouissant et prometteur. Deuxième candidate belge sélectionnée, Charlotte Wajnberg est une personnalité plus discrète, même si elle semble avoir gagné en confiance à mesure des épreuves. Lors de la première épreuve, elle nous avait ainsi étonnés avec Non, Monsieur mon mari de Poulenc, où elle se montrait engagée et réjouissante (elle le réinterprétera d’ailleurs en finale). En demi-finale, elle se révélait trop scolaire et pas assez comédienne, avant d’enfin nous surprendre avec Hello Margaret, it’s you ? de Menotti. On espère donc qu’elle parviendra à se lâcher totalement lors de son passage prévu en finale ce samedi. Des personnalités qui se démarquent La prestation de l’Anversoise démontrait en tout cas toute l’importance du choix du répertoire interprété en concours. Les candidats doivent en effet trouver le juste équilibre entre des morceaux séduisants et révélateurs de leurs talents et personnalités sans s’aventurer dans des registres trop aventureux. Un équilibre tout trouvé par la formidable basse chinoise Ao Li : plein de bonhomie, il a réussi à imposer sa personnalité tant chez Mozart que chez Schubert, tant en italien qu’en allemand ou en russe. Un programme qui lui a permis de prouver au jury qu’il était capable de s’illustrer dans tous les répertoires ou presque. Une personnalité à part, un peu comme celle du baryton américain Alex DeSocio. Pendant les éliminatoires, il avait livré une prestation haute en couleurs, à la fois drôle et maîtrisée, incarnant un Figaro flamboyant, drôle, blagueur. En demi-finale, il s’est montré plus mesuré, proposant une belle variété d’atmosphères chez Ravel et un aplomb réjouissant dans une mélodie très chantante du compositeur russe Sviridov. Une grande révélation du concours du point de vue du répertoire. Parmi nos autres coups de cœur, le ténébreux baryton allemand Samuel Hasselhorn, tout en intensité, ainsi que la mezzo française Eva Zaïcik, tragédienne doublée d’une grande interprète. Quelques déceptions Équilibré dans l’ensemble, le palmarès comporte toutefois quelques petites déceptions. On aurait ainsi bien vu le baryton canadien Iain MacNell figurer parmi les douze finalistes. Ses atouts : une puissance phénoménale, doublée d’une personnalité charismatique, sensationnelle au premier tour. On est a contrario étonnés des qualifications de Rocío Pérez, soprano espagnole mécanique, du type « Poupée de cire, poupée de son ! » et du crooner argentin Germán Enrique Alcántara, qui n’est réellement parvenu à se démarquer que dans la Romance de la luna, luna de Miguel Ortega, manquant avant cela d’investissement. La maturité privilégiée Cette année, le concours se déroule sur une période beaucoup plus courte qu’à l’accoutumée, ce qui le rend aussi plus intense. Les musiciens les plus matures ont ainsi naturellement été privilégiés (la moyenne d’âge est de 28 ans et le cadet, Yuriy Hadzetskyy, est âgé de 25 ans). Il ne leur reste maintenant qu’une poignée de jours pour affiner leur programme de finale. Une dernière étape qui se déroulera de jeudi 10 mai à samedi 12 mai au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Les candidats seront accompagnés par l’Orchestre Symphonique de La Monnaie, dirigé par Alain Altinoglu. Infos : www.cmireb.be

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