Russie, Chine, Allemagne, USA: avec Macron «France is back»

L’image a frappé les esprits. Emmanuel Macron dans le « PC Jupiter » pour suivre les frappes en Syrie. Le voilà confronté à l’épreuve du feu. L’opération n’a toutefois que peu à voir avec celle qui avait été imaginée en 2013 par François Hollande. Ciblée et ponctuelle, elle ne visait en rien à déstabiliser le régime ou à toucher ses alliés russes. Emmanuel Macron avait même pris soin d’appeler vendredi Vladimir Poutine. C’est que l’Élysée songe à la suite. Un processus politique dans lequel Paris veut retrouver une place en parlant à tous. Une constante depuis son arrivée au pouvoir. [scald=20458906:sdl_editor_representation] « Nous revenons à des fondamentaux français. Je le dis avec beaucoup de satisfaction en tant que gaulliste », apprécie Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac (2005-2007). Hubert Védrine abonde. « Emmanuel Macron a abandonné les postures, décode l’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères (1997-2002). Avant, on ne parlait pas à un tel ou un tel. Il y avait les bons et les méchants. On a dit de Bachar el-Assad qu’il devait absolument partir. C’était une position moralement honorable mais totalement impuissante. Maintenant, on est complètement hors circuit. Macron a dit dès le début qu’il ne s’interdisait pas de parler à qui que ce soit. Le qualifier de gaullo-mitterrandien, cela veut dire qu’il n’est pas un néo-conservateur. Ce courant dominait depuis Sarkozy, voire depuis la fin du mandat de Chirac. Et cela avait continué avec Hollande. » « Marquer des points » Les images fortes se sont succédé. La poignée de main à Donald Trump. La visite du président américain à Paris pour le 14 Juillet. La réception à Versailles de Vladimir Poutine. Le voyage en Chine chez Xi Jinping. « La nature a horreur du vide et Emmanuel Macron s’y est engouffré, dit Dominique Moïsi, géopolitologue, cofondateur de l’Ifri (Institut français des relations internationales). L’Amérique était la championne de la démocratie, l’assurance-vie de l’Occident, le tenant du multilatéralisme. Macron se dit que c’est à lui d’enfiler l’habit. Et il le fait au nom de l’Europe parce que le Royaume-Uni est hors-jeu et qu’Angela Merkel est affaiblie. « Emmanuel Macron a incontestablement l’habileté de savoir transformer des difficultés, des vulnérabilités, des tensions sur la scène internationale en force. Cela lui a permis de valoriser des rencontres, des discours, d’affirmer sa vision. Mais en politique étrangère, cela ne suffit pas. Il faut marquer des points : contribuer à la recherche de solutions », avertit Dominique de Villepin. Les agendas internationaux et intérieurs d’Emmanuel Macron sont étroitement liés.« La politique intérieure, avec les réformes de structure, devient un tremplin pour susciter la confiance à l’étranger et donner de la crédibilité à la politique étrangère, poursuit l’ancien Premier ministre. Mais l’inverse est vrai aussi. On met en scène de nouvelles facettes de la grandeur française. Le but est de créer un choc de fierté et de confiance à l’intérieur du pays. » Ce n’est pas pour rien qu’Emmanuel Macron s’est tant battu aussi pour décrocher les Jeux olympiques à Paris en 2024. Imbrication L’objectif est clairement assumé comme tel par Emmanuel Macron. Particulièrement sur le plan européen. « Le national et l’Europe, ce sont deux faces d’une même pièce, nous dit une source diplomatique, proche de l’Élysée. Dans la mesure où, au plan national, on va vers plus de flexibilité, il faut apporter des protections qui rendent le fonctionnement de notre économie juste. » [scald=20458905:sdl_editor_representation] Hubert Védrine décrypte. « Depuis son élection, Emmanuel Macron opère une synthèse entre des positions de départ très européistes et des positions en faveur d’une Europe qui protège. » Une synthèse que le président français devrait décliner une nouvelle fois ce mardi devant le Parlement européen à Strasbourg. Rien n’indique que la diplomatie servira les intérêts électoraux d’Emmanuel Macron dans l’Hexagone. Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, l’assure : « La dimension France is back, ça jouera moins que la décision de limiter la vitesse à 80km/heure »…

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