Une stratégie «combinée» contre le burn-out

Imaginez que vous travaillez dans un hôpital. Mal de dos, stress, insomnies, perte de sens dans votre pratique professionnelle… Vous êtes au bord du burn-out, ou peut-être l’êtes-vous déjà. Une initiative lancée par le gouvernement devrait bientôt vous permettre d’agir avant de « craquer ». Prévu pour le mois de novembre 2018, un projet pilote d’accompagnement contre le burn-out va être testé auprès de travailleurs en souffrance dans les secteurs hospitaliers et bancaires. Un programme de 9 mois Le but ? « Engranger des expériences différentes pour ensuite développer un programme permanent », avance le cabinet de la ministre de la Santé Maggie De Block (Open VLD). Pour commencer, le test se fera sur un programme de neuf mois, durant lesquels l’Agence fédérale des risques professionnels (la Fedris) proposera un accompagnement « personnalisé » pour les personnes en souffrance. Les professionnels de soins mandatés par l’Agence mèneront en effet une double approche : un suivi individuel des travailleurs à risque, d’une part, et une adaptation du travail et de son environnement, d’autre part. « Après expertise, ce sont les interventions “mixtes” comme celles-ci qui assurent les résultats les plus encourageants, explique Isabelle Hansez, professeure de psychologie du travail à l’ULiège co-supervisant le projet pilote. Il faut combiner actions sur l’individu et sur le milieu professionnel pour obtenir une efficacité maximale. C’est pour cette raison que nous avons voulu prendre en compte tous les acteurs concernés. » « Nous souhaitons qu’il y ait une prise de conscience supplémentaire du côté de l’entreprise, ajoute-t-on du côté du cabinet ministériel. C’est une bonne chose qu’elles s’impliquent dans ces projets pilotes : le burn-out concerne la collectivité entière. Il est important que tout le monde se serre les coudes contre cette souffrance. » Les deux secteurs choisis pour bénéficier de cette phase pilote sont « très intéressants » pour Anne Everard, auteur du « Guide du burn-out » et conférencière sur le sujet : « Ils condensent des problématiques différentes de ce mal. Pour l’un, la perte de sens, pour l’autre, la perte de reconnaissance. Deux déclencheurs du burn-out. » Séances de consultation puis de soutien Concrètement, le trajet d’accompagnement mis en place se déroule en plusieurs étapes. « D’abord, deux à quatre séances de consultation, explique Ingrid le Roux, responsable du département « Etudes et Projets » à la Fedris et qui a participé à la création de ce projet. Ces séances aideront le travailleur à s’exprimer sur son travail, ses émotions et à faire un bilan. En parallèle, trois séances individuelles supplémentaires sont recommandées : gestion du stress, hygiène de vie, comment récupérer son énergie… Ensuite, si le travailleur le souhaite, il pourra poursuivre par sept séances de soutien et d’accompagnement selon les approches psychocorporelle ou cognitivo-émotionnelle. » De la kinésithérapie ou de la relaxation seront notamment proposées pour accompagner le travailleur vers sa guérison. Un trajet de neuf mois maximum, une durée cependant flexible : le parcours s’adapte aux besoins de chaque individu, en fonction de son vécu et du degré de burn-out. C’est la Fedris qui prendra à sa charge l’entièreté du trajet d’accompagnement. Pour en bénéficier, les travailleurs devront faire une demande auprès d’un médecin traitant qui devra établir le diagnostic. « C’est ensuite l’intervenant mandaté par la Fedris qui sera responsable de la prise en charge, explique Ingrid le Roux. C’est lui qui définit avec le travailleur le programme du trajet d’accompagnement, en fonction de ses besoins et de son rythme. » Pour l’heure, ni les entreprises visées, ni les intervenants mandatés par l’Agence n’ont été définis. « Nous allons engager une série d’intervenants indépendants qui seront répartis sur l’intégralité du territoire, en Belgique néerlandophone comme francophone, explique le cabinet ministériel. Bientôt, un appel à candidature sera lancé pour recruter le personnel de soin et les patients. »

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