Les tirs en Syrie, une bataille de gagnée pour Israël… Avant une guerre?

Depuis Tel Aviv L’ampleur des réactions internationales reflète la gravité de l’affrontement militaire entre l’Iran et Israël. Les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, ont dit craindre une escalade, et ont rappelé le droit d’Israël à se défendre. L’Etat hébreu se félicite d’un épisode emporté haut la main. Dans la nuit de mercredi à jeudi, vingt missiles ont été tirés depuis Al Kiswah, au sud de Damas, en direction du plateau du Golan, un territoire frontalier pris par Israël à la Syrie en 1967. Pour l’armée israélienne c’est la brigade al-Quds (Gardiens de la révolution iraniens) qui est responsable des tirs. La réponse de l’Etat hébreu est ferme : 28 avions ont tiré 70 missiles, selon le ministère russe de la Défense. On compterait 23 morts dans des frappes visant des postes d’observations, des dépôts d’armes, des centres de renseignement, ainsi que le lance-roquettes à l’origine des tirs, sur une cinquantaine de positions identifiées comme iraniennes en Syrie. Israël s’attendait à une telle attaque. Les deux ennemis se sont déjà affrontés deux fois via la Syrie, en février d’abord, lorsqu’un drone iranien est entré dans son espace aérien. Puis en avril, quand un bombardement attribué à Israël a visé une base militaire près de Palmyre, où neufs iraniens auraient perdus la vie. Les abris anti-bombes ouverts La tension monte dans le pays, même si jusqu’ici les mesures préventives sont restreintes. Mardi, l’armée a ordonné l’ouverture des abris anti-bombes pour les habitants du Golan, évoquant « des mouvements anormaux de forces iraniennes en Syrie ». Des réservistes ont été rappelés. Officiellement Israël ne cherche pas d’escalade, mais une présence de l’Iran, allié de Bashar Al Assad, aux côtés du Hezbollah libanais sur le territoire syrien, signifie automatiquement une réponse militaire. Une ligne répétée jeudi par le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman : « J’espère que tout le monde a compris le message ». Il s’est aussi félicité de la destruction quasi totale « des infrastructures iraniennes en Syrie ». Le gouvernement a le contexte en sa faveur. Sa diplomatie est parfaitement alignée sur les Etats-Unis, et après la décision américaine de se retirer de l’accord nucléaire iranien, le Likoud, parti du Premier ministre Benyamin Netanyahou, caracole dans les sondages. L’inconnue russe Reste une inconnue de poids : le choix russe dans ce possible affrontement. Le grand acteur du conflit syrien, appui du régime, coopère avec Israël sur ce terrain, mais commence à montrer de l’irritation face à son interventionnisme. Invité à l’occasion des commémorations de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie mercredi, Benyamin Netanyahou est parti sonder la position du Kremlin ; et maintient que la Russie ne l’empêchera pas d’agir. Côté russe le son de cloche se fait un peu dissonant. Son Ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé les deux parties « au dialogue » et a mis en garde contre « toute action qui pourrait se révéler provocatrice de part et d’autre ». Toujours sur la table, la possible livraison par la Russie du S300, un système de missiles antiaérien, à la Syrie et ses alliés. « Si des systèmes d’armes russes sont utilisés contre nous en Syrie, nous agirons contre eux », a prévenu Avigdor Lieberman. Le régime syrien a, lui, affirmé que ces frappes ouvraient une « nouvelle phase » de la guerre en Syrie.

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