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Détention d’enfants migrants: les premières photos du centre pour familles

Ce centre devrait ouvrir d’ici juillet et pourra accueillir jusqu’à 34 personnes.

Vidéo - Journaliste au service Enquêtes Temps de lecture: 3 min

Des familles en situation irrégulière pourront être enfermées dès juillet, en vue de leur éloignement, annonce Theo Francken dans les colonnes de Sudpresse et Het Laatste Nieuws ce mardi. L’arrêté royal qui cadrera la détention a été envoyé au Conseil d’Etat après validation par le gouvernement.

Le projet, prévu à l’origine pour la fin 2017, n’a cessé d’être reporté en raison du retard des travaux. Les conditions météorologiques de l’hiver n’ont particulièrement pas aidé, rendant le sol détrempé complètement impraticable pour les machines. Problème désormais réglé : les unités pour familles sont finalement sorties de terre, comme en attestent les photos et vidéos obtenues par Le Soir.

L’avocat Alexis Deswaef, spécialiste des droits de l’homme et du droit des étrangers, a pu filmer et photographier les lieux le 5 mai dernier, à l’occasion d’une visite de parlementaires au centre fermé 127 bis auquel seront rattachées les familles. On y découvre les quatre unités en préfabriqués, qui attendent encore leur revêtement, ainsi que le terrain qui devrait être transformé en aire de jeux et qui borde littéralement les pistes de l’aéroport de Zaventem.

A côté des pistes

Le centre est situé le long des pistes 25L et 07R, qui servent à 85 % à l’atterrissage des avions, explique le service de médiation fédéral pour l’aéroport de Bruxelles-National. Mais les 15 % restants exposent les lieux à des niveaux sonores particulièrement élevés comme on peut le remarquer sur la vidéo.« Lorsque nous sommes arrivés, un avion encore beaucoup plus gros décollait, j’étais stupéfait du bruit », relève l’avocat.

La question des nuisances sonores reste un enjeu sensible qui pourrait exposer la Belgique à de nouvelles condamnations. Si les unités ont été conçues en tenant compte des besoins d’isolation sonore, les enfants seront exposés à l’extérieur aux bruits des pistes. Or dans un arrêt de 2016, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la France pour avoir maintenu un bébé de 11 mois en centre fermé au motif qui celui-ci, construit le long des pistes de l’aéroport de Toulouse, exposait l’enfant à des « bruits d’une intensité excessive ».

À lire aussi La détention des enfants limitée… par le bruit des avions

La détention d’enfants en centre fermé n’est pas formellement interdite mais la pratique avait été suspendue il y a environ dix ans après une série de condamnations de la Belgique au niveau européen qui pointaient des conditions inadaptées. Le projet du gouvernement s’évertue donc à se conformer aux standards édictés peu à peu par la jurisprudence européenne : un maximum d’autonomie est accordé aux familles qui disposeront chacune d’une unité propre et seront strictement séparées des autres détenus. Un espace cuisine sera disponible ainsi qu’un terrain de jeu, une salle de classe. Quatre familles, pour un total maximal de 34 personnes, pourront dans un premier temps être accueillies.

Retour en arrière

Dans un communiqué, le Ciré, la principale association de défense des étrangers, a regretté un « retour en arrière inacceptable, dramatique révoltant ». Tout en s’indignant de la « lâcheté » d’une ouverture estivale : « Les écoles seront fermées et ne pourront pas se mobiliser efficacement contre la détention de leurs élèves, bon nombre de Belges seront sur la route des vacances, les rédactions des médias tourneront au ralenti… »

 

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10 Commentaires

  • Posté par LIENARD NORBERT, mardi 15 mai 2018, 19:51

    c est quand même mieux que d être à la rue ou dans un parc non?ils proposent quoi les grands pontes de gauche?

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