Charleroi-Standard: deux saisons aux courbes inversées

« On a fait exactement la même saison que le Standard, mais à l’envers », ironisait le médian carolo Gaëtan Hendrickx après la défaite à Genk. Et à y regarder de plus près, difficile en effet de faire plus antagoniste comme parcours si l’on compare les points pris par les deux clubs au fil de la saison. Mais les deux formations wallonnes s’opposent sur d’autres points, qui résument finalement la manière dont les Liégeois ont totalement renversé la tendance face à leurs homologues du Pays Noir. Le lièvre carolo et la tortue liégeoise SC Charleroi Historique ! Il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier le début de saison du Sporting de Charleroi. Forts d’un 15 sur 15 initial, les Zèbres ont même pris la première place du classement à la sixième journée après leur partage au Standard. Et alors que beaucoup d’observateurs s’attendaient au coup d’arrêt carolo, il n’en aura rien été jusqu’au terme de l’année civile, le Sporting ne connaissant que trois défaites avant la 21e journée. Éliminés de la Coupe de Belgique à la mi-janvier sur un cinglant 5-1 à Bruges, les Carolos faisaient mine de réagir directement en prenant la mesure de Mouscron pour la reprise du championnat, trois jours plus tard. Mais après ce succès du 19 janvier, les Zèbres n’allaient plus connaître le moindre succès en phases classique (six nuls et deux défaites), les choses n’allant guère mieux lors de Playoffs 1 peut-être atteints trop tôt. Battus d’entrée au Standard (1-0), sans avoir toutefois démérité, les Carolos n’ont jusqu’à aujourd’hui pris que sept points (deux succès face à Gand et un partage contre Genk) dans des Playoffs qu’ils devront vite oublier, à moins que ceux-ci ne finissent par leur sourire… Standard Six victoires en 21 matches en 2017, 11 succès en 18 rencontres en 2018, la comparaison entre les deux parties de championnat séparées par la trêve hivernale en dit long sur la saison liégeoise. D’autant que dans les victoires depuis janvier, six ont été acquises durant les Playoffs 1. En ayant mal commencé la compétition avec un bilan de 4 points sur 15, le Standard a d’emblée été sous pression. Et surtout Sa Pinto d’autant que le match suivant opposait les Rouches à Charleroi. Première décision du Portugais ? L’éviction de Scholz au profit de Luyindama. La blessure de Bokadi à Anderlecht, un peu moins d’un mois plus tard, allait également venir au secours de Sa Pinto, obligé alors d’abandonner son système à deux médians défensifs. D’où l’éclosion de Razvan Marin. Et après un nouveau coup de mou en décembre, marqué par aucun succès en championnat, le mercato allait apporter plus de solutions au Portugais grâce, surtout, à Carcela et Cimirot. Mais le Standard a quand même dû attendre la dernière journée de la phase classique pour valider leur place au sein du Top 6. Une semaine plus tard, les Liégeois remportaient la Coupe de Belgique en se qualifiant pour la phase de groupes en Europa League. Les objectifs atteints, l’équipe de Sa Pinto pouvait aborder les Playoffs 1 sans la moindre pression. Avec le résultat qu’on connaît… Le mercato hivernal a fait une grosse différence SC Charleroi Deuxième au moment d’achever l’année civile, Charleroi pouvait aborder son mercato hivernal sans trop de pression. En manière de départs, seuls Clément Tainmont, à peine utilisé avant décembre, et Dodi Lukebakio, dont la mentalité ne collait plus vraiment aux exigences de son coach, désertaient le Mambourg. Si l’équilibre du onze ne devait donc pas s’en retrouver trop perturbé, ces mouvements amoindrissaient toutefois la concurrence sur les flancs. À l’instar d’Anthony D’Alberto – qui arrivait début janvier comme doublure de Stergos Marinos à l’arrière droit – Romain Grange débarquait au Mambourg pour le départ en stage à Murcie. Annoncé comme le remplaçant de Tainmont et donc comme solution de rechange sur l’aile gauche, le Français, qui avait été l’un des meilleurs joueurs de Ligue 2 de la première partie de saison avec Niort, s’est finalement plutôt révélé comme un élément axial et, surtout, un joueur dont le profil ne correspondait pas du tout au système de jeu privilégié par Mazzù. Quant à Willy Semedo, il aura d’abord eu la malchance de se blesser quelques jours seulement après son arrivée, fin janvier, ne parvenant ensuite pas à convaincre Mazzù de lui faire confiance. Bref, jusqu’ici, le dernier mercato carolo n’a rien apporté, alors que « Carcela a changé le Standard », résume Mazzù. Standard En football, il est rare, très rare même, d’afficher un taux de réussite presque parfait en matière de transferts. Pourtant, le duo Venanzi-Renard y est quasiment parvenu cette saison. Été comme hiver. Même si le mercato estival (Ochoa, Agbo, Cavanda, Cop, Carlinhos en plus de Mpoku et Pocognoli) a mis un peu de temps à dégager toute son efficacité, celui du mois de janvier a d’emblée montré toute son utilité. Que dire encore de l’apport de Mehdi Carcela dont la seconde période à Ostende restera un modèle du genre puisqu’il a fait la différence quasiment à lui tout seul. Le Marocain est revenu à Sclessin dans l’optique d’obtenir son billet pour la Coupe du Monde en Russie. Mission réussie depuis sa sélection entérinée jeudi avec, à la clé, la Coupe de Belgique et une candidature à valider, ce dimanche, pour la deuxième place en championnat. Mais le Bosnien Gojko Cimirot est également une belle trouvaille comme il le démontre régulièrement en montant en puissance. Et si Vanheusden a déjà fait étalage de ses qualités contre Gand, lors de la troisième journée des Playoffs, Koutroubis a mis lui plus de temps pour convaincre. Mais il y est parvenu à l’un des moments les plus importants de la saison, en finale de la Coupe de Belgique. Depuis, ses prestations sont beaucoup plus régulières. La grogne populaire a changé de camp SC Charleroi L’engouement du début de saison – fortement boosté par les résultats carolos – n’est pas loin du néant à une journée de la fin du championnat. S’il faut parler de chiffres, le club s’attend à seulement dix mille spectateurs environ pour le choc wallon de ce dimanche… soit bien moins que les 14.330 de la troisième journée contre Anderlecht, et à peu de choses près ce qu’il y avait pour la réception de Zulte Waregem, à la cinquième journée. Cette barre des 10.000 aura encore été franchie six fois en phase classique (bien plus souvent que lors des dernières saisons) mais deux, seulement, en PO1, avant cette ultime journée. Mais au-delà de ce constat, c’est la véhémence avec laquelle les fans carolos se dressent face aux résultats de l’équipe et d’une direction contre qui ils n’ont jamais été aussi négatifs depuis la reprise du club en septembre 2012. « J’ai l’impression que, pour la plupart des supporters, la saison est finie », reconnaît Amaury Otoul, président de l’Amicale des Supporters du RCSC. « Au vu des résultats en Playoffs 1. Or, il y a toujours une chance d’accrocher quelque chose, il reste un match. Mais les fans ne ressentent pas ça comme ça. Quand on est 2e fin décembre et 3e au moment d’entamer les PO1, on ne peut pas se retrouver 6e. » Standard Quel contraste entre la vindicte populaire du mois de septembre et cette fin de saison à Sclessin ! En moins de huit mois, l’appréciation générale sur toutes les composantes du club principautaire est passée du noir au blanc sans pourtant qu’il n’y ait eu de grand changement, à l’exception évidemment de l’apport du mercato hivernal. Les mêmes personnes qui critiquaient la direction pour son mercato raté, le staff technique pour les résultats et les joueurs pour leur manque de motivation, leur rendent aujourd’hui hommage sans oser avouer leur spectaculaire retournement de veste. Une évolution qui a atteint son paroxysme avec le dernier match à domicile qui s’est disputé dimanche dernier à guichets fermés alors que, depuis le succès de Bruges à Charleroi, plus personne ne croyait réellement au titre. Des coaches aux avenirs bien opposés SC Charleroi Plus que jamais conforté dans ses fonctions de T1 du Sporting après l’incroyable début de saison réalisé mais, aussi, les distinctions individuelles glanées (prix Goethals et coach de l’année à la cérémonie du Soulier d’Or), Felice Mazzù connaît sa pire période depuis son arrivée au Mambourg, actée le 2 mai 2013. Cela n’empêche pas Mehdi Bayat de rappeler autant qu’il le peut son intention de faire de son joyau de coach le « Sir Alex Ferguson du Mambourg ». En aucun cas, les dirigeants du Sporting ne veulent oublier les services rendus par leur homme fort qui a participé à l’émergence du club au premier plan (trois qualifications pour les PO1 et une victoire en PO2 en quatre ans). Et même si les « Playoffs 1 du Sporting sont clairement ratés », comme ne peut que le reconnaître Mehdi Bayat, Felice Mazzù n’en reste pas moins pour lui l’homme de la situation pour le futur, et ce quel que soit le résultat de ce dimanche. Standard Dimanche, Ricardo Sa Pinto va fêter un deuxième événement historique dans sa jeune carrière d’entraîneur. Après avoir soulevé son premier trophée au terme de la finale de la Coupe, il va pour la première fois boucler une saison complète à la tête d’une équipe. Que ce soit au Portugal, en Grèce ou en Serbie, cela ne lui était jamais arrivé parce qu’il avait décidé de résilier son contrat de façon unilatérale ou parce qu’il avait été viré. Un licenciement dont certains ont évoqué l’idée en début de saison sur base des mauvais résultats. D’autant qu’il était fortement critiqué en interne. Sauf par Bruno Venanzi et Olivier Renard qui, contre vents et marées, ont maintenu leur confiance dans le coach portugais alors qu’en d’autres temps il serait déjà retourné vivre dans sa maison de Cascais. Malheureusement pour lui, il a compris trop tard que son comportement allait le desservir. Et faire comprendre à sa direction que le pari du long terme était sans doute trop hasardeux avec lui-même si, l’accession aux PO1, lui a permis d’ouvrir le contrat le liant au Standard jusqu’en juin 2019.

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