Olivier Maingain sur les zones de police: «Le fédéral n’a pas de leçon à donner»

Olivier Maingain est bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert, député fédéral et président de Défi (ex-FDF). Vous avez été étonné par la proposition de Didier Reynders, lancée dans « Le Soir » de samedi, de créer un quartier général de la police à Bruxelles. En effet. Il faut savoir que depuis la manifestation du 6 novembre 2014 (celle qui avait dégénéré), nous avons établi un protocole de commandement très précis pour les événements importants qui se déroulent à Bruxelles. Un « gold commander » est choisi pour coordonner les opérations, en fonction du territoire sur lequel a lieu l’événement. Dans la Région, c’est souvent le commissaire divisionnaire de la zone de police de Bruxelles-Ixelles. Il y a aussi des officiers « silver » et « bronze », c’est très hiérarchisé. Ce texte a été rédigé par les chefs de corps et avalisé par les 19 bourgmestres. Avant, ce n’était pas aussi rigide. Il y avait déjà beaucoup de collaboration même si cela prenait davantage la forme d’une association que d’un commandement intégré. L’idée de fusionner les six zones de police bruxelloises est de nouveau brandie par les néerlandophones. Vous êtes contre ? Je m’inquiète surtout pour la police de proximité. Et je ne suis pas sûr qu’Anvers, qui fonctionne avec une seule zone, soit plus efficace que Bruxelles. C’est quand même là-bas que Sharia 4 Belgium a pu se développer ! Hans Bonte, bourgmestre SP.A de Vilvoorde, est un fervent défenseur de la fusion. Sa commune ne me semble pas plus performante que d’autres puisqu’elle est passée en niveau 4 comme les 19 communes bruxelloises la semaine dernière. C’est une leçon d’humilité. La vérité, c’est que le débat n’est pas institutionnel. La question, c’est de savoir si on a les moyens, les effectifs et la méthodologie pour ce genre de phénomène. On ne fait pas une analyse correcte du problème. Le fédéral peut-il modifier la loi ? Oui, il le peut. Il faut modifier la loi sur la fonction de la police. Cela ne passe même pas par une loi spéciale. Si le gouvernement cède, cela pourrait même aller très vite. Didier Reynders semble être prêt à faire certaines concessions. Je dis : attention. Comment le fédéral aide-t-il Bruxelles ? On doit être le seul pays où la capitale est si mal traitée par le fédéral ! A Paris, le préfet dispose de 2.500 CRS en permanence. Chez nous, les réserves ont été éparpillées. La nuit, en cas d’événement exceptionnel à Bruxelles, on ne peut avoir que 30 policiers de la réserve fédérale, en journée une centaine. C’est insignifiant ! Et en plus, les renforts se font au détriment d’autres missions, comme la surveillance du métro. Donc, qui assume durant les situations d’urgence ? Les six zones ! Elles peuvent mobiliser 14 pelotons de 40 hommes, donc 560 personnes en journée. Savez-vous que la police fédérale ne peut plus mettre à disposition un charroi pour les arrestations administratives en cas de manifestation, par exemple ? Les zones de police locales réfléchissent pour en acheter un. La zone de police Bruxelles-Ixelles envisage d’investir dans des parois anti-bris de vitres. Il arrive que les zones locales donnent des cartouches à la police fédérale pour qu’elle s’entraîne, parce qu’elle n’en a plus assez. Mais heureusement que les 6 chefs de corps sont là ! Dire que les zones bruxelloises sont incompétentes, cela commence à bien faire ! Bien sûr, on peut réfléchir ensemble pour mieux conjuguer les différents niveaux de pouvoir. Mais le fédéral n’a pas à faire la leçon quand on voit ses lacunes !

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