Le collectif Bruocsella fête ses quinze ans
Mécénat.

Depuis cette année, des courts poèmes apparaissent épisodiquement sur certains murs de la capitale. Biodégradable, la peinture de ces maximes a la particularité de repousser l’eau. Sans pluie, elle reste invisible. L’initiative, qui s’appelle Peauésie, a été soutenue financièrement par un collectif d’entreprises mécènes, toutes basées en Région bruxelloise : Bruocsella.
Son histoire est déjà ancienne. A l’origine, elles sont seize compagnies et PME, pour la plupart actives dans la construction et l’immobilier. Elles aiment leur ville et désirent aider financièrement à la mettre en valeur, la réhabiliter, l’animer. Or, leurs connaissances en mécénat sont limitées, tout comme leurs budgets. Sous les conseils de l’ASBL Prométhéa, une référence en la matière, elles décident de se regrouper. Nous sommes alors en 2003. Bruocsella – une ancienne étymologie du nom Bruxelles – est né.
La présence d’architectes
Aujourd’hui, cet ensemble fête ses quinze ans. Certains membres l’ont quitté et d’autres l’ont rejoint. Actuellement, ils sont vingt-quatre. On y trouve des bureaux d’architectes (7), des entreprises de la construction (6), des agences immobilières (3), des bureaux d’ingénierie (3), des cabinets juridiques (3), ainsi qu’un assureur (1) et un groupe de distribution (1).
Pour mettre en pratique son credo, ce collectif a instauré un concours annuel. Il s’agit de distinguer une association ou un comité de quartier qui présente l’initiative la plus originale en matière de patrimoine et/ou de culture. Le gagnant reçoit un prix en argent (certaines années, ils furent deux). Pour l’édition 2018, ce prix s’élève à 24.000 euros, chaque membre De Bruocsella versant 1.000 euros. Il sera remis lors d’une cérémonie le 31 mai.
C’est l’ASBL Prométhéa qui assure le secrétariat. « L’appel à projets est lancé en janvier, détaille Laëtitia Vangasse, une des coordinatrices au service du collectif. Nous vérifions d’abord les critères d’admission : embellir la ville, réhabiliter du bâti, faire participer les habitants, être visible… Puis, les membres procèdent à un premier examen. Souvent, ils désirent avoir plus d’informations sur l’une ou l’autre candidature. Nous organisons alors une rencontre sur place avec les porteurs de projet. Lors d’une seconde session, le lauréat est enfin désigné. »
Un prix et un support
Le gagnant se voit aussi attribuer un parrain au sein du collectif. Il va l’aider à réaliser le projet, en lui ouvrant des portes, en le faisant bénéficier de son carnet d’adresses, en le conseillant sur l’obtention d’un permis, etc. « Il n’y a donc pas qu’une somme d’argent, explique le président actuel de Bruocsella, Thierry Damstén, par ailleurs patron du cabinet de recrutement en construction et immobilier Westorn Executive. Du côté des entreprises, l’intérêt est triple : s’intéresser à l’urbanisme d’une manière différente de leur pratique professionnelle, se rencontrer, et avoir un contact avec le public. »
Lors des premières éditions, les projets primés portaient surtout sur des réhabilitations. Comme la transformation d’une maison de maître en hôtel, avec l’intégration d’un wagon en façade à Schaerbeek. Comme l’aménagement d’un potager collectif dans le quartier des Marolles. Ces dernières années, l’aspect culturel est plus présent. Comme l’aménagement d’un conteneur maritime en vitrine artistique itinérante. Ou comme la réalisation d’un film sur la vie quotidienne à la cité des Goujons à Cureghem.
« En fait, nous veillons surtout à un éclectisme dans les projets primés, précise Thierry Damstén. L’important est de ne pas se cantonner dans un seul type d’initiatives. Une autre priorité est de s’intéresser à des projets modestes, à taille humaine, qui ne pourraient pas se faire aider par d’autres acteurs. »
Au total, 361.000 euros injectés
Au long de ces quinze années, Bruocsella a examiné 263 projets, distingué 24 lauréats et investi 361.000 euros. Dans le même temps, la formule a fait des émules. Depuis 2013, quatre autres collectifs se sont constitués au sein de Prométhéa : aKCess (les médiations culturelles en Belgique), Co-legia (l’animation culturelle à Liège), le collectif patrimoine wallon (la sensibilisation aux jeunes) et le collectif Charleroi (la culture et le bâti dans la première ville wallonne).
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