Musica Mundi fête ses 20 ans

U n lieu permettant à de jeunes talents du monde entier de s’épanouir, de comprendre ce que c’est d’être musicien, en corps et en âme, et de s’enrichir auprès de professeurs légendaires. » Voilà ce qui résumerait en quelques mots la philosophie de Musica Mundi. Créé en 1999, ce stage de musique, se tenant chaque été au lac de Genval, entend développer le talent de jeunes musiciens doués grâce à la musique de chambre et à une formation intensive. À l’origine de cette structure inédite, le couple formé par le violoniste Leonid Kerbel et la pianiste Hagit Hassid-Kerbel. « L’idée de Musica Mundi est née une nuit d’octobre 1998, explique cette dernière. J’avais une élève de 12 ans très douée et je voulais l’envoyer aux États-Unis pour un stage d’été car c’était un des seuls endroits où je trouvais un programme qui pourrait lui convenir. Ses parents m’ont regardé comme si j’étais un zombie car pour eux, c’était inconcevable d’envoyer leur enfant si jeune toute seule de l’autre côté de l’Atlantique. Je suis rentrée chez moi frustrée de ne pas pouvoir l’aider à s’épanouir et cette nuit-là l’idée de Musica Mundi est née en parlant avec mon mari. Nous sommes tous deux professeurs et nous essayions de pousser nos élèves vers la voie professionnelle. En Belgique et dans les pays qui nous entourent, il y a très peu de programmes qui permettent aux enfants de se former professionnellement. De cette frustration est née l’idée de ce stage et de ce festival qui donnent à des enfants dès l’âge de 8 ans la possibilité d’aller plus loin dans leur apprentissage et de sentir ce que c’est que d’être vraiment musicien. » Un succès grandissant d’année en année Très vite, la structure se met en place. L’idée est d’abord de créer un stage amenant la crème de la jeunesse musicale du monde entier à rencontrer de grands musiciens et de grands pédagogues. « Ce dont on n’avait pas conscience au départ, c’est que ces deux extrêmes allaient très vite se marier et que les artistes allaient être demandeurs de cela, poursuit Hagit Hassid-Kerbel. On ne pensait pas que des gens comme Mischa Maisky, Martha Argerich ou Ivry Gitlis voudraient travailler avec des enfants, même s’ils étaient très doués. Mais ils étaient demandeur de cette fraîcheur. » Un corps professoral qui a construit au fil du temps la solide réputation de Musica Mundi et qui a permis à de plus en plus de talents de participer au stage. En 20 ans, ce sont plus de 1400 jeunes musiciens qui sont passés par Musica Mundi, parmi lesquels plusieurs finalistes du concours Reine Elisabeth comme Ivan Karizna ou Arthur Shishkov.« De nombreux anciens élèves font aujourd’hui une vraie carrière internationale. Ils ont commencé leur parcours chez nous, puis ils ont volé dans leurs propres ailes ! » Un esprit de famille Cette année, plus de 350 candidatures ont été envoyées, pour environ 65 jeunes sélectionnés sur DVD, âgés en théorie de 10 à 20 ans. « Nous ne voulons pas en prendre beaucoup plus car nous ne voulons pas devenir une usine à talents. Nous voulons rester une famille. » Cet esprit familial colle en effet assez bien à Musica Mundi. « On garde contact avec tous les jeunes qui sont passés par chez nous, un peu comme un second papa et une seconde maman. Ils reviennent pendant l’année, on est là pour eux, on est là quand il y a un souci avec leur professeur… » Une famille qui a grandi au fil des années. D’abord en touchant un nombre d’élèves de plus en plus grand, mais aussi en essayant d’atteindre des jeunes d’origines diverses. « On a compris avec le temps que c’était aussi notre rôle d’être là pour eux. L’été dernier, 62 des 69 jeunes présents étaient des boursiers complets. » La création d’une école Dès septembre, cette philosophie se poursuivra à travers une école : la Musica Mundi School. L’idée ? Proposer à de jeunes musiciens, 25 pour la première année, 100 à terme, de recevoir en même temps et de manière harmonieuse une formation musicale de haut niveau et une éducation générale, basée sur le système de Cambridge. Une sorte d’humanités artistiques améliorées, allant de la 5e primaire à la rhéto, première en Europe centrale et occidentale. « Dès la première année de Musica Mundi, nous avons pris conscience que le stage ne suffisait pas et qu’il était important d’avoir notre école. Le stage est un programme. Il ne permet pas d’influencer de A à Z les jeunes talents et de résoudre leur problème fondamental qui est de lier l’éducation classique à l’éducation musicale. Après 18 ans de patience, ce lieu ouvrira enfin à la rentrée, sur le champ de bataille de Waterloo, au monastère de Fichermont » Une proposition d’éducation complète qui se poursuivra en parallèle du stage et du festival. « Le stage est notre carte de visite, conclut Hagit Hassid-Kerbel. C’est grâce à lui qu’on fera aussi connaître l’école. Il nous permet de diffuser le message de Musica Mundi. L’école récoltera les fruits du stage et du festival. »

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