Diables rouges: «HLM», la franche connexion

Si l’enjeu avait un peu pris le pas sur le plaisir lors de l’entrée en matière des Diables rouges contre la (très) modeste nation du Panama (qui a d’ailleurs volé en éclats face à l’Angleterre…), le probant succès acquis sur la Tunisie samedi (5-2) a brisé les quelques interrogations qui planaient encore sur l’état de fraîcheur mentale et physique du groupe belge. Et sur sa capacité à supporter la pression d’un événement comme la Coupe du monde. Les compagnons d’aventure d’Eden Hazard, capitaine courage dressant haut la bannière noir-jaune-rouge, ont affiché une assurance et une maturité impeccables face à des Aigles de Carthage débordés, dévorés. « En marquant dès la cinquième minute de jeu, nous avons rendu ce match plus facile », souriait le numéro 10. « Nous savions que les Africains devaient absolument l’emporter, ils ont laissé des espaces et nous en avons profité. Partir en contre, se projeter vite dans la profondeur, voilà en quoi réside notre grande force. » Tout à son plaisir, le Brainois n’a pas manqué de saluer la prestation de son grand ami Romelu Lukaku « qui mérite tout ce qui lui arrive, car c’est un gros bosseur. » Fin de la fausse polémique qui avait éclaté suite à ses déclarations d’après-match, à Sotchi, qui avaient été très mal interprétées par l’opinion publique (Eden Hazard s’était entretenu avec le striker de Manchester United à la mi-temps pour lui demander de participer davantage au jeu). « Il y a une grande complicité entre nous, ça se voit que nous sommes heureux d’évoluer ensemble sur la pelouse. Quand Romelu est en grande forme, il ne rate jamais la cible, j’espère que ça va continuer. » De manière plus globale, le trident offensif des Diables rouges, complété par le vivace et marathonien Dries Mertens, promène son charme exaltant le long du front depuis que Roberto Martinez a instauré son schéma de jeu (3-4-2-1) et ses préceptes d’attaque. La « HLM » s’est donné le temps de se construire dans des éliminatoires de faible standing, de poursuivre sa montée en puissance graduelle, et d’arriver en Russie avec des certitudes et des ambitions. Plus de la moitié des buts marqués de la Belgique Avec un total de 40 réalisations, le trio a pris à son compte 55,5 % du total de la collectivité belge « made in Martinez ». Et a multiplié les connexions directes (11) en zone de finition. Les indices se rassemblent sous nos yeux pour saluer un verdict de franche collusion, de vraie complémentarité. « Nous avons été plus dangereux, plus appliqués lors de cette deuxième journée de la phase de poules », soulevait Romelu Lukaku. « Et je suis enchanté de voir un gars comme Eden prendre ses responsabilités parce que nous avons besoin d’un footballeur de sa trempe pour aller loin. On se comprend parfaitement sur la pelouse. » [scald=22108049:sdl_editor_representation] Les échanges entre « Big Rom » et les autres Diables passent prioritairement par le biais de son capitaine, avec qui il a déjà communiqué à 19 reprises depuis l’ouverture du tournoi. C’est plus qu’avec n’importe quel autre associé, ce qui démontre leur envie commune de combiner. Le message que cette union renvoie est assez net : le cadre choisi par le sélectionneur fédéral libère les attaquants tout en les replaçant devant leurs devoirs. « Mon job, c’est de marquer. Je ne vois pas comment je pourrais mieux aider l’équipe… », confirme Romelu Lukaku. Mertens, roi des passes décisives Moins en vue au tableau d’affichage que ses deux compères, Dries Mertens équilibre l’ensemble en assurant un travail défensif certainement plus important. Il faut le voir s’acharner à revenir dans le camp belge pour aider ses médians axiaux ou à presser les défenseurs adverses : il a parfaitement intégré son rôle de chef d’orchestre besogneux. Soucieux de la compacité du bloc équipe, il s’évertue à se rendre parfois jusqu’à la lisière de sa défense, quitte à proposer ensuite un peu de déchet dans ses initiatives. C’est un rôle qui exige une condition physique exceptionnelle, une vélocité naturelle. « Le système importe peu, ce sont les joueurs qui doivent faire la différence », disait-il il y a plusieurs mois. Car, en phase finale de Coupe du monde, il n’est plus question de gommer les imperfections à travers le temps, il faut se montrer efficace et opter directement pour la bonne formule. [scald=22108859:sdl_editor_representation] Il n’empêche, alors que d’autres n’ont jamais réussi à trouver leur place dans le onze de départ de Roberto Martinez, le Louvaniste ne cherche plus à convaincre. Ses performances parlent pour lui et soulignent son importance dans la triplette offensive de la Belgique. Avec 12 assists depuis le mois d’août 2016, date de l’entrée en fonction du tacticien catalan, il est le meilleur passeur décisif du groupe, devant Eden Hazard (8). Des attaques qui viennent de partout Cette « HLM » a montré qu’elle avait les arguments pour faire plier n’importe quelle adversité. Face à la Tunisie, les 16 attaques réussies se sont étalées de manière très calibrée : cinq sont venues de la gauche, cinq du centre et six de la droite. Ce qui rend leurs intentions imprévisibles et compliquées à lire pour les opposants. Eden Hazard, qui a réussi six de ses huit dribbles et obtenu quatre fautes, ne s’en cache pas : « Nous savons que nous avons une bonne équipe, et nous voulons atteindre la finale. C’est en avançant en tant qu’équipe que nous pouvons y parvenir. » Voici s’avancer une équipe audacieuse, portée par des joueurs d’exception (Romelu Lukaku a planté quatre roses sur ses… quatre tentatives !) qui ont appris à évacuer les tensions, à s’éloigner du stress. Et se découvrent, depuis le début de la préparation, un certain talent pour jouir de l’instant présent. Reste à savoir si tout cela leur permet de viser très haut. La rencontre de jeudi contre l’Angleterre devait répondre à cette question, sauf que les changements annoncés par Roberto Martinez risquent de ne pas tout révéler. Et c’est peut-être tant mieux…

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