Van Rossom: «La qualification pour le Mondial de basket? Pas irréaliste!»

Il y a 8 mois, la carrière de Sam Van Rossom était en suspens. Le premier meneur de l’équipe nationale se remettait d’une deuxième opération des ligaments du genou en moins de deux ans dans l’espoir de participer à l’Euro. Son contrat à Valence expirait et le club où il évolue depuis 2013 et dont il avait assisté blessé au premier titre espagnol de son histoire ne comptait plus sur ce pilier soudain fragilisé. Mais le Gantois n’est pas du genre à baisser les bras. Il a disputé l’Euro in extremis et tenu la cadence infernale du tournoi stambouliote. Dans la foulée, Valence l’a rappelé, comme 3e meneur… Une saison plus tard (9 points, 3 rebonds, 3 assists en 23 minutes de moyenne), entre Euroleague et Liga ACB, soit les deux compétitions les plus relevées d’Europe, Van Rossom a retrouvé son statut de premier distributeur en même temps que les Belgian Lions, réunis pour préparer des deux derniers matches de la première phase des qualifications pour la Coupe du monde 2019, que la Belgique doit gagner à Anvers (20h30) vendredi contre la Russie et lundi face à la Bosnie. Ses 32 ans tout juste fêtés, « Samy » a annoncé qu’il resterait Valencien deux saisons supplémentaires. Et c’est donc un leader très serein que nous avons retrouvé à Anvers, où les Belges tentent de rester positifs tant l’équipe est décimée, Serron (doigt) étant le 11e forfait en date ! Sam, 8 mois après un Euro grimaçant, votre sourire est éloquent : vous avez retrouvé votre meilleur niveau ? Oui. Je me sens physiquement très bien et, après une semaine de repos puisque nous avons été éliminés dès le premier tour des playoffs, je suis même frais mentalement. Mon karma s’est inversé. Je sors d’une très bonne saison. Ce nouveau contrat de 2 ans est un grand soulagement et un signe de confiance. En septembre, je cherchais un club. Engagé comme 3e rotation, je me suis retrouvé seul à la distribution tant on avait des blessés. J’ai retrouvé mon rythme, mon rayonnement et mon physique, même si on n’a pas atteint nos objectifs, malgré une 4e place en saison régulière et une 11e sur 16 en Euroleague. L’Euroleague vous a privés des deux premières fenêtres internationales, soldées par 4 défaites de la Belgique : frustrant ? Terriblement ! J’ai toujours voulu jouer pour l’équipe nationale. Nous sommes prisonniers des divergences entre la FIBA et l’Euroleague, bloqués contractuellement par nos clubs, et c’est normal : impossible de nous libérer en pleine saison. Je n’ai pas de préférences, mais ces instances doivent s’entendre car cette situation est néfaste pour le basket et dévalue ces qualifications puisqu’aucune équipe n’aligne ses meilleurs joueurs et qu’une préparation de quelques jours nuit aux collectifs. Celui des Belges est privé de 11 des 17 présélectionnés, alors qu’il faut gagner les deux derniers matches : mission impossible ? L’équipe est très déforcée, c’est clair. Le premier jour, nous n’étions que six. Mais les joueurs présents le sont à 120 %. La mentalité est excellente et la situation ce qu’elle est… On peut regretter la défaite en Bosnie, où nous menions de 7 points à 3 minutes de la fin. Avec la France, on n’a pas hérité non plus du groupe le plus facile. Mais on a été compétitif. Alors il faut rester positif et y croire, tout donner et essayer. Ce n’est pas irréaliste. La Russie et la Bosnie ne sont pas au complet non plus et avec de l’intensité, le soutien du public et un collectif soudé, on a déjà réalisé des exploits. Quelles seraient les conséquences d’un échec ? Ce serait grave : un coup d’arrêt dans l’évolution de l’équipe nationale, un recul même puisque cela nous ramènerait dix ans en arrière, avant le retour à quatre Euros consécutifs. Nous sortirions du top européen, alors que le renouvellement est en cours. Il y a malheureusement beaucoup d’absents de la nouvelle génération. Mais j’espère que la motivation restera la même : l’envie et la volonté des sélectionnés ont été les moteurs du redressement opéré. Cette continuité n’est-elle pas d’autant menacée que le championnat belge régresse ? Il n’évolue pas dans le bon sens. La Ligue était beaucoup plus compétitive quand j’ai quitté Ostende il y a dix ans, même si l’impact des Belges a grandi. Il n’est pas sain que mon ancien club remporte 7 titres d’affilée, ses concurrents doivent se poser les bonnes questions. Les budgets ont chuté, il faut aussi en analyser les raisons. Les critiques font avancer. Et c’est urgent. Pour quelle raison aurais-je envie de revenir jouer en Belgique ?

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