Jodoigne: Des marais et un contournement

La construction du contournement de Jodoigne, du moins dans sa première partie entre la chaussée de Wavre, la rue de la Maladrerie et la chaussée de Charleroi, va pouvoir commencer fin du mois d’août ou au début septembre. Enfin ! Cela fait, en effet, depuis 1979 que ce projet est inscrit au plan de secteur et qu’il empoisonne la vie politique de la région. La Ville et l’association de protection de la nature Natagora ont cependant fini par s’entendre : la première s’engage à promouvoir plusieurs mesures en faveur de la biodiversité, tandis que la seconde renonce à son recours en annulation du permis obtenu de la Région wallonne auprès du Conseil d’État. On soulignera juste que les deux parties annoncent avoir fait les démarches nécessaires pour convaincre l’autre. « Je me suis dit qu’on ne pouvait pas laisser la situation en l’état, nous explique Jean-Luc Meurice (UC, MR), le bourgmestre en fonction, qui a œuvré avec l’échevin de l’Aménagement du territoire, Valéry Kalut, pour faire avancer le dossier. Le contournement a pour but de désengorger le centre-ville et de soulager le carrefour dit du Cheval blanc qui draine quotidiennement pas moins de 20.000 voitures et 2.000 camions. Autant de sources de danger et de pollution. Le projet a également pour objectif d’assurer la liaison entre deux zonings économiques, à savoir celui des Trois Fontaines et celui de la Maladrerie, situés de part et d’autre de la Gette. En échange, nous allons nous engager pour la nature. C’est un accord dans lequel les deux parties sont gagnantes. » Un contournement en trois phases [scald=22194407:sdl_editor_representation] La première partie va coûter cinq millions d’euros, répartis entre 1,8 million pour les expropriations à charge de la Région wallonne, 2 millions à charge de l’intercommunale in BW et 1,2 million à financer par le lotisseur Matexi. La deuxième partie ira ensuite de la chaussée de Charleroi à la chaussée de Hannut, afin de s’en aller vers l’autoroute dans une troisième phase. De son côté, Hervé Pâques, le relais local bénévole de Natagora et conservateur des Marais de Genneville, entendait les demandes de la population pour une meilleure mobilité. Il s’est mis en tête de discuter avec la ville et l’intercommunale in BW pour trouver un compromis : « L’objectif était toujours de sauvegarder les 5 ha du Marais du Faubourg Saint-Médard, qui fait partie de la liste des sites de grand intérêt biologique et qui serait traversé avec le contournement. Mais à force d’étudier les possibilités, ce que nous avions demandé de faire pendant l’enquête publique et qui avait été balayé d’un revers de la main comme si nous étions quotité négligeable, on s’est rendu compte qu’on allait devoir rallonger toute la procédure, voire même passer par un nouveau permis. Il était donc préférable d’orienter notre démarche vers des compensations. Ainsi, en lieu et place des 5 ha précités, qu’on essaiera de préserver au maximum par trois crapauducs ovoïdes sous le contournement, nous avons obtenu de la Ville que l’on aménage, restaure ou crée des marais dans 25 autres hectares. » Adieu les maïs [scald=22194408:sdl_editor_representation] À commencer par les 7,6 hectares inscrits en zone naturelle près des étangs de Zétrud-Lumay et qui sont actuellement plantés de maïs par un agriculteur : « La ville a passé une convention avec lui pour qu’on en revienne à une zone de marais, qu’il faudra refaire. Laquelle sera augmentée sur la zone des bassins de décantation d’Inbev, soit 7,2 ha en partie sur Hoegaerden, qui servent de lieu de nidification pour plusieurs espèces rares. Nous allons discuter avec nos homologues flamands pour voir comment préserver au mieux cette zone et comment assurer des visites guidées ou des zones d’observation. » Une ancienne peupleraie de cinq hectares, entre Piétrain et le château des Cailloux, dit Marais du Pré Saint-Jean, va, elle, devenir une nouvelle réserve naturelle qui sera gérée par Natagora via une convention de gestion valable pour trente ans. Enfin, pour le futur quartier de Belle Vallée, il est question de gérer l’espace vert, le parc et les bassins de rétention des eaux pluviales (3 ha) en faveur de la biodiversité et de la valorisation paysagère. Une victoire morale Et Hervé Pâques de conclure : « La deuxième victoire est morale. Nous avons, en effet, obtenu de la Ville et de l’intercommunale in BW que nous soyons contactés pour tout projet futur, à Jodoigne comme ailleurs en Brabant wallon. Les projets qui en ressortiront ne seront peut-être pas parfaits, mais nous aurons au moins gardé notre liberté de parole et nos actions en faveur de ce mérite d’être préservé afin que le Brabant wallon garde le caractère nature qu’on lui connaît. »

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