Le retrait ou le maintien: à chacun son sauve-qui-peut pour le second tour des régionales

D’un côté, le branle-bas de combat. De l’autre, le triomphalisme et l’énergie redoublée pour mener campagne dans l’espoir de concrétiser au second tour, dimanche prochain, la vague historique du premier. À l’inverse du Front national, gauche et droite partagent au moins une chose dans cet entre-deux tours : le sauve-qui-peut. Le scénario avait beau être celui promis depuis des semaines par les sondages. La violence du choc n’en est pas moins terrible. [scald=291955:sdl_editor_representation] Alors que l’horloge tourne (les listes du second tour doivent être déposées ce mardi avant 18 heures), les uns et les autres se sont employés toute la journée de mardi à mettre de l’ordre dans leur camp. Avec plus ou moins de réussite. La gauche appelle à voter à droite À gauche, comme il le laissait déjà pressentir dimanche soir, le candidat socialiste arrivé troisième en Alsace-Lorraine-Champagne Ardennes refuse de se retirer pour tenter de barrer la route au FN Florian Philippot arrivé premier dimanche soir. « Ce n’est pas par l’évitement mais par l’affrontement avec le FN qu’on fera reculer ce parti », s’accroche Jean-Pierre Masseret, président sortant du conseil général de Lorraine. Entre cet homme de centre gauche et le candidat de la droite modérée Philippe Richert, il ne devrait pourtant pas y avoir un boulevard. Mais Masseret refuse de s’effacer . « Nous sommes fidèles à ce que qu’attendent nos électeurs, fidèles au parti de Jaurès et de Blum », insiste-t-il. Son maintien, qui conduira donc à une triangulaire dans la région Est, risque d’y favoriser la victoire du bras droit de Marine Le Pen. Furieux que sa consigne soit violée, Manuel Valls n’y va donc pas par quatre chemins. Invité lundi soir du Vingt heures de TF1, le Premier ministre a appelé à voter dans cette région pour le candidat de la droite ! « J’assume mes responsabilités, c’est la grande différence avec Nicolas Sarkozy », a-t-il expliqué. [scald=291934:sdl_editor_representation] Ailleurs, le chef du gouvernement, qui a pris les commandes de l’entre-deux-tours avec le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, a su imposer son autorité. Dans le Nord, le socialiste Pierre de Saintignon, qui aurait préféré une fusion des listes gauche-droite, a accepté de se retirer pour laisser le candidat LR Xavier Bertrand affronter seul Marine Le Pen. Idem pour Christophe Castaner, le candidat socialiste en Paca qui aurait préféré se maintenir au second tour, arguant du fait que le total des voix de gauche pouvait encore lui laisser une chance. « Le PS a été digne dans le Nord et dans le S ud. Quand la république est en cause, on est à la hauteur », a-t-il expliqué. En parlant d’un moment « historique », répétant que la France est en guerre contre le terrorisme, Manuel Valls a appelé les électeurs à choisir entre deux conceptions de la France : « celle de la République ou celle de l’extrême droite, étriquée, qui n’offre aucune solution ». A droite on veut éviter l’éclatement À droite, Nicolas Sarkozy a réussi, du moins pour l’instant, à éviter l’éclatement. Même si en coulisses, des voix discordantes s’expriment comme celle de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Au terme d’un bureau politique très attendu, le président du parti LR a réussi à dégager un consensus autour de la ligne qu’il préconise : ni retrait, ni fusion. « Il n’y a pas de combinazione. Une des réponses, c’est le courage sur la transparence des idées », a-t-il expliqué lundi soir au Vingt heures de France 2. « Ce n’est pas : Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe ». Pour l’instant, même Alain Juppé, son principal rival pour la primaire qui doit désigner le candidat à la présidentielle n’a pas manifesté de désaccord, pour ne pas rajouter à la division de la droite avant un second tour où dans de nombreuses régions l’élection pourrait être aussi serrée qu’imprévisible. Mais Nicolas Sarkozy, qui maintient sa ligne à droite toute ( « Ceux qui aiment notre mode de vie se demandent si la France va rester la France. Les gens ont le sentiment que la civilisation européenne est en train de disparaître », a-t-il dit lundi soir) ne perd probablement rien pour attendre. Juppé avertit d’ailleurs déjà : « Au lendemain du deuxième tour, il faudra un débat. Nous ne sommes pas audibles ». Le douloureux debriefing, ce sera donc pour dans une semaine. Et cela pourrait faire mal si d’ici là, l’option qu’il a choisie de maintenir partout ses candidats ne porte pas ses fruits. En Languedoc-Roussillon, le candidat de la droite Dominique Reynié a choisi de ne pas renoncer au second tour. Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro deux du parti, aurait voulu qu’il se retire mais elle a été mise en minorité. Gare dès lors à cette triangulaire sur laquelle lorgne le vice-président du FN Louis Aliot, qui a viré en tête au premier tour. La tactique du Front national Au Front national – le seul parti qui sera donc présent dans les treize régions !- on se gargarise de ces opérations tactiques. D’autant que l’extrême droite était dès dimanche soir la seule force politique en ordre de bataille pour dimanche prochain . Marion Maréchal Le Pen, se gaussant des manoeuvres d’appareil, appuie là où ça fait mal : « Ceux qui ne parlent que des valeurs de la république oublient la première d’entre elle : la démocratie ».

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