Vague de chaleur: pas d’alerte rouge, mais une vigilance tous azimuts

La sécheresse exceptionnelle qui affecte la Belgique et l’Europe assoiffe toujours plus les pelouses, prairies et cultures, embrasant même parfois les forêts, comme en Suède. Une photo du satellite Terra placé à 713 km de la Terre vaut parfois mieux qu’un long discours. Elle montre deux cartes du royaume très contrastées : on y voit début mai une Belgique encore verte, alors que seuls les espaces boisés – essentiellement au sud du pays – le sont encore à la mi-juillet, le reste n’étant coloré que de jaune aride. [scald=22885927:sdl_editor_representation] [scald=22873528:sdl_editor_representation] Les agriculteurs s’arrachent les cheveux pour préserver autant que faire se peut leurs cultures. La société flamande d’épuration des eaux Aquafin leur propose comme solution d’utiliser les eaux usées épurées pour la plupart de leurs tâches, à l’exception de leur consommation personnelle. Tout en rassurant sur les quantités d’eau potable disponibles, la ministre flamande de l’Agriculture, Joke Schlauvliege (CD&V), a déclaré entamer des démarches pour faire reconnaître la sécheresse comme calamité agricole. [scald=22873527:sdl_editor_representation] Son homologue wallon, René Collin (CDH), estime pour sa part que la situation reste à analyser : « L’an dernier, la sécheresse a été reconnue comme calamité agricole, rappelle son porte-parole Pierre Williquet. Des commissions communales de constat doivent établir ses effets sur le terrain, au niveau du rendement et après récolte. Nous demanderons à l’IRM s’il y a ou non sécheresse, commune par commune. Différents critères entreront ensuite en ligne de compte : l’aspect exceptionnel, financier (plus d’un million deux cent quarante mille euros de dégâts à l’échelle de la Wallonie et une moyenne de minimum 5.580 euros par agriculteur), le rendement moyen impacté (30 % minimum par filière). » A Bruxelles aussi, les instances se veulent rassurantes en ce qui concerne l’eau potable : « Jusqu’à présent, il n’y a pas de pénurie, mais on reste vigilant et on suit la situation au jour le jour, explique-t-on du côté de Vivaqua. Ce qu’on peut dire, c’est que la fourniture est un peu plus élevée que lors d’un mois de juillet habituel. Mais on n’utilise pas toutes les ressources disponibles. En cas de besoin, on pourrait monter en puissance sur certains captages. » A ce stade, pas d’approvisionnement en eau limité comme en 1976, donc. [scald=22873526:sdl_editor_representation] Mais quid du risque de voir les Fagnes et forêts embrasées comme il y a quarante-deux ans ? Le porte-parole du ministre Collin, également en charge de l’Environnement, a diffusé un rappel de bonnes pratiques à destination des promeneurs : ne pas faire de feu, respecter les sentiers balisés, ne pas jeter de mégots ni certains déchets qui font effet loupe… Enfin, en ce qui concerne les cours d’eaux, un plan de gestion est en cours. Si la canicule de 1976 a marqué les esprits, celle de 2003 est de plus sinistre mémoire encore, avec un taux de surmortalité anormalement élevé et des services d’urgence pris de court – en France, cette année-là, une large partie des 15.000 décès avait été attribuée à des urgences saturées. En quinze ans, les différentes instances de santé publique se sont organisées pour fédérer tous les acteurs, dispenser des conseils de prévention et protéger au mieux les populations les plus vulnérables, particulièrement les enfants et les personnes âgées. « Comme chaque année, tous nos opérateurs ont été informés au commencement de la période de vigilance, fixée au 15 mai, du début du plan forte chaleur et pics d’ozone », expose Jérôme Hardy, porte-parole de la ministre wallonne de la Santé, Alda Greoli (CDH). Le seuil de vigilance vient d’être dépassé ce vendredi 20 juillet pour atteindre celui de l’avertissement (déjà activé cette année du 27 juin au 10 juillet), un ratio qui tient compte des écarts de températures pendant cinq jours. Selon la Cellule interrégionale de l’environnement (Ircel-Celine), chargée des prévisions de concentration d’ozone dans l’atmosphère, le niveau d’ozone était ce lundi encore normal pour la saison. Mais les experts chargés de vérifier la qualité de l’air s’attendent à une augmentation dans les prochains jours : il est probable qu’ils publient un bulletin d’information dès ce mardi. Les leçons semblent avoir été comprises par les hôpitaux, à en croire la porte-parole du CHR de la Citadelle (Liège) : « Nous avons déclenché le plan vague de chaleur pour la troisième fois depuis fin juin, explique Nathalie Evrard. Nous recommandons d’augmenter les quantités d’eau pour les patients, de fermer portes et fenêtres et de surveiller les personnes à risque. Aucun rappel de personnel n’a été fait actuellement car nous n’avons pas de pic de fréquentation ni d’urgence. Mais nous ferons sans doute le point à la fin de la semaine. »

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