Vassiliki et Sofia, des jumelles grecques mortes ensemble dans l’incendie de Mati

Tous les morts se valent. Mais chaque catastrophe retient des visages particuliers pour la symboliser. L’horreur des incendies qui ont ravagé la petite station balnéaire de Mati, y laissant 91 victimes, a le visage de Vassiliki et Sofia, des jumelles âgées de 9 ans, dont le sort avait ému toute la Grèce, mobilisée pour tenter de retrouver celles que leur père, Yiannis Filippopulou, refusait de croire mortes. Cet espoir s’est évanoui dans la nuit de vendredi à samedi, lorsque le détective privé engagé par la famille Filippopulou pour tenter de les retrouver a annoncé que les jumelles avaient été identifiées grâce à leur ADN. Elles se trouvaient dans ce groupe de 26 sinistrés retrouvés morts, certains enlacés, dans le jardin d’une habitation située en haut d’une falaise devenue piège mortel. Les fuyards n’avaient pu trouver l’accès à la porte permettant de descendre des escaliers menant à la mer, comme un premier groupe de 30 sinistrés y était parvenu quelques minutes plus tôt, grâce à l’aide des propriétaires du terrain. Vassiliki et Sofia se trouvaient en vacances, comme chaque année, chez leurs grands-parents, Philip et Sofia. Ceux-ci avaient téléphoné aux parents des jumelles pour leur indiquer qu’ils étaient contraints de modifier l’itinéraire qu’ils suivaient en voiture en raison des incendies. Yiannis, le père des enfants, n’avaient plus reçu de nouvelles. Il espérait que ses jumelles avaient pu embarquer à bord d’un des bateaux venus secourir les sinistrés, dont certains avaient dû séjourner dans l’eau pendant plusieurs heures. Sacrifices de grands-parents L’espoir avait grandi lorsque le papa avait cru reconnaître sur une photo de ses jumelles, enveloppées dans une couverture à bord d’un canot de sauvetage. Cet espoir n’avait pas duré. Les parents de ces deux fillettes rescapées figurant sur ce cliché avaient démenti qu’il s’agissait de Sofia et Vassiliki. Yiannis Filippopulou s’était lancé dans une vaste quête auprès des hôpitaux, des postes de police, des centres d’accueil ouverts pour les sinistrés, devenant, aux yeux des médias grecs, l’incarnation d’un père courage. Le sort tragique des deux fillettes disait aussi un drame authentiquement grec : celui de deux enfants confiées, comme traditionnellement tant d’autres, pour les vacances à leurs grands-parents dans cette station balnéaire de Mati, distante de 40 kilomètres d’Athènes. D’autres enfants ont bénéficié du sacrifice de leurs grands-parents. La presse grecque, relayée par l’AFP, rapporte ainsi qu’une grand-mère de 70 ans a confié ses deux petits-enfants, enroulés dans des serviettes mouillées, à leur nounou qui a pu gagner la mer. La grand-mère a péri dans l’incendie de sa maison, aux côtés de son époux handicapé qu’elle n’avait pas voulu quitter. Yiannis Tsaganou Profitou, 88 ans, et son épouse Sophia, eux, ont dû se livrer à un véritable rodéo pour sortir en voiture du brasier. « Je pleurais dans la voiture », a confié leur petite-fille Katerina.

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