Axel Hervelle arrive à Charleroi: «Je peux être utile au Spirou »

Charleroi a réalisé LE transfert de l’été : à 35 ans, Axel Hervelle est de retour en Belgique, 14 saisons après avoir quitté Pepinster pour le Real Madrid, avec l’aide de… Gabriel Jean, gestionnaire de patrimoine devenu administrateur-délégué des Spirous, qu’il a sauvés de la faillite il y a 3 ans et qu’il veut ramener au premier plan. « Notre relation de confiance et sa vision ont été déterminantes », sourit le Liégeois, qui partage déjà la même obsession : « reconquérir le titre ! » Relégué au terme d’une 8e campagne désastreuse à Bilbao, dont il espère récupérer de lourds arriérés de salaires, retraité international après avoir incarné le renouveau des Lions, Hervelle aspire à un nouveau défi. Fidèle à ses principes, il ne signe qu’un contrat d’un an, « pour valider notre satisfaction à travailler ensemble ». Mais l’engagement est mûrement réfléchi. « Axel consent un gros effort financier », confie le patron de Charleroi. « C’est la preuve qu’il pense déjà dans l’intérêt général du club… » Il existe une réelle volonté de collaborer à long terme, via un accord de principe pour prolonger sa carrière de joueur aussi longtemps que sa tête et son corps soutiendront son esprit de compétition avant d’entamer sa reconversion comme directeur sportif, une fonction provisoirement occupée par Sébastien Bellin. « Cette perspective le motive énormément, mais il ne veut pas s’y projeter directement pour rester l’égal de ses équipiers », poursuit Gabriel Jean, qui tentait de convaincre depuis 2 ans le basketteur belge le plus emblématique de sa génération de soutenir le redressement des Spirous. « Ses valeurs – courage, travail, persévérance, fidélité et un attachement viscéral à la formation que je partage –, comme son expertise, sa vision et sa grande expérience du plus haut niveau en font le profil idéal. » Une figure de proue qui devrait aussi stimuler l’image d’une Ligue belge en perte de crédibilité. L’annonce, mardi, des quatre premiers transfuges carolos, des Américains expérimentés au CV très séduisants (Hammonds, Linhart et Hunt) ainsi que Penninck (Liège), n’était donc qu’une mise en bouche. Le plat de résistance aurait pu être plus alléchant encore si Retin Obasohan (libre) n’avait pas décliné l’offre. « On a pourtant tout essayé : son potentiel athlétique aurait idéalement complété le puzzle en construction », regrette Gabriel Jean. « Nous cherchons donc encore un ailier percutant et un intérieur-tireur complémentaire à Axel… » Visiblement ravi d’entamer sa « nouvelle vie ». Axel, vous souhaitiez devenir l’étranger le plus « capé » du championnat espagnol (il n’est qu’à 5 matchs du Sénégalais Savané) : pourquoi ce revirement ? Ce record me trotte dans la tête et c’était ma première intention. Mais pour être honnête, je n’ai pas reçu d’offre intéressante. Ma femme est enceinte, nous avons une maison à Nandrin et je suis désormais soucieux de la meilleure situation familiale. L’argent n’a jamais été ma première motivation et j’ai la chance d’avoir connu les années fastes du basket. Mon choix répond donc à un projet. Charleroi veut retrouver son aura, avec beaucoup d’ambitions. Ce ne sera pas facile, car Ostende ou Anvers sont en avance, mais on doit être champion. Je suis fatigué de perdre – non-payés pendant 6 mois, les joueurs ont beaucoup sacrifié la saison passée et, passé 30 ans, ce n’est pas évident de se relancer avec de mauvaises statistiques – et j’ai toujours autant envie de gagner. J’adore l’Espagne et la vie que j’y menais, comme Bilbao, où j’avais une vraie vie sociale. Mais j’y ai longtemps réfléchi et ce défi me motive. J’ai eu un très bon feeling avec le coach Lynch, qui vit le basket comme moi et propose un style rapide et fluide, agréable à jouer et à suivre si la cohésion s’opère. Vous revenez au moment où les meilleurs Belges s’expatrient parce que le championnat perd de son attrait… J’avoue redouter la lassitude d’une formule de compétition peu attrayante de l’extérieur : j’espère me tromper. J’en conserve un souvenir très positif, comme le chaudron pepin ou le Spiroudôme plein. Apparemment, c’est du passé. Mais je veux me forger mon opinion, comprendre les raisons de cette perte de vitesse : il faut évoluer en Belgique pour poser cette analyse et proposer des solutions. L’attrait auprès des jeunes est fondamental. La formation, gage de continuité, est la base du sport. J’ai eu la chance de vivre ça avec Niksa Bavcevic à Pepinster : ces valeurs m’ont créé, elles ont donné une direction à ma vie. J’ai envie de transmettre cette expérience. Le moment est venu de rendre et la perspective de devenir directeur sportif est le moyen le plus efficace. Je connais très bien mon domaine : la tactique, la technique, le recrutement, la dynamique d’un groupe. Je peux donc être utile. Je sais où je veux aller, comme Gabriel, mais on va avancer pas à pas : pour être sûr, il faut bosser ensemble. Ce n’est pas toujours facile avec mon caractère : je me suis assagi, mais je me donne toujours à fond et suis tout aussi exigeant avec les autres. Vous êtes donc prêt à assumer un rôle de leader et d’ambassadeur du championnat ? Je n’ai jamais été un grand communicateur, mais je m’investis sans compter dans mon sport et ce métier que j’aime, notamment en prenant soin de mon corps, physiquement et mentalement. Je ne l’ai pas toujours respecté et ça aussi, c’est à transmettre. Une figure de proue ? Je n’en ai pas conscience. Je reviens pour aider Charleroi et profiter au maximum de mes dernières années. D’autres anciens joueurs – Struelens, Samaey, Van den Spiegel, Jaumin, Stas, etc. – devraient participer au développement du basket belge… Lorsqu’il a chuté en Russie, Kirilenko a été nommé président de la fédération et le basket est revenu au sommet. En Belgique, on n’exploite pas assez cet incomparable vécu.

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