Championnats européens (athlétisme): Corentin Campener, mieux vaut tard que jamais

La persévérance, il connaît. Cela faisait quelques années maintenant que Corentin Campener se battait pour décrocher enfin ce ticket pour un championnat majeur d’athlétisme. Mais dans les bacs de longueur, il retombait toujours un peu trop court – « un petit centimètre, il y a deux ans, en vue de l’Euro d’Amsterdam… » Cette année, quand il a vu qu’il lui faudrait à nouveau réussir 7,95 m pour aller à Berlin (pour 8,15 m l’an dernier pour aller aux Mondiaux de Londres…), il a repris courage et est reparti en campagne. Quatorze fois, il a échoué. Et en bout de course, le 25 juillet, à cinq jours de la clôture des inscriptions, il a fini par y arriver en réussissant un bond à 7,98 m à Castres… à son sixième et dernier essai, après quatre nuls sur ses cinq premiers. « Après les championnats de Belgique (début juillet), mon élan ne ressemblait plus à rien », s’amuse-t-il. « J’étais complètement perdu. Et puis, j’ai eu le déclic en regardant une vidéo de Manyonga (NDLR : le Sud-Africain, champion du monde en titre) et c’est reparti. De toute façon, si je n’y étais pas arrivé à Castres, j’aurais encore été à Ninove le 28 ! » Maintenant qu’il y est, il savoure. « C’est la concrétisation de beaucoup de travail », dit-il. « Je vais essayer de profiter de ce premier championnat, de prendre du plaisir . » Pas de tapis ? Direction le bac à sable ! Originaire de Tournai, où il a découvert l’athlétisme grâce à son frère qui sautait en hauteur, il a commencé par l’imiter. « J’ai fait de la hauteur jusqu’à ma première année junior. Mais à Louvain-la-Neuve, où je m’entraînais pendant mes études universitaires en éducation physique, ils rentraient le tapis de réception pendant 4 à 5 mois durant l’année. Alors, je suis passé à la longueur ! » Débarqué « il y a six ou sept ans » à l’Excelsior Bruxelles, Corentin Campener a fait toutes ses classes sous la direction de Joffray Baune, dont le « team » est assez fourni. « Corentin a très bien évolué sur le plan physique et technique cette dernière année, soutient l’entraîneur. Il est aussi plus pro qu’il ne l’était auparavant . » Même s’il ne bénéficie d’aucune aide des pouvoirs publics, Campener a décidé de mettre toutes les chances de son côté en consacrant un maximum de temps à son sport. « J’essaie de gagner un peu d’argent sur le côté en donnant des cours de sport mais maintenant que je suis à l’Euro, j’ai envie de pousser à fond jusque 2020 et les Jeux de Tokyo . » Gagner 2 centimètres pour aller en finale À 7,98 m, il sait qu’il ne peut pas revendiquer grand-chose au niveau mondial et notamment face à la nouvelle star de la discipline, le Cubain Echevarria, qui est retombé à 8,83 m cet été à Stockholm… avec un vent tout juste trop favorable de 2,1 m/s. Mais il se verrait bien, malgré tout, accéder à la finale à Berlin, pour laquelle il faudra « simplement » réussir 8,00 m, à peine 2 cm de plus que son record ou finir parmi les 12 premiers, en qualifications ce lundi après-midi. « Il y a deux ans, on était sur le podium avec 7,93 m ! », explique Joffray Baune. « Et on passait en finale avec 7,80 m . » Même si un championnat n’est pas l’autre, pourquoi ne pas un peu rêver ?

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