Ces inconnus en campagne: à Frasnes-lez-Anvaing, Marie-Colline Leroy ne veut aller au pouvoir à tout prix

Très actifs dans l’opposition depuis 2014, cela après des contre-performances électorales qui les avaient déboussolés, les verts visent un retour au pouvoir, du nord – Groen a le vent en poupe, du moins selon les sondages –, au sud. A Frasnes-lez-Anvaing, en province du Hainaut, Marie-Colline Leroy se dit « confiante »… Octobre 2018-mai 2019, des communales aux législatives : comment Ecolo aborde-t-il cette maxi-séquence électorale, dans quel état d’esprit ? Franchement, j’ai vu le parti se reconstituer après 2014. On s’est beaucoup remis en question, on a regardé ce qui avait marché et ce qui n’allait pas, et je trouve que, ça, c’est la force d’Ecolo. Comme militante et enseignante – ma profession –, j’ai participé aux travaux de la commission enseignement du parti ces dernières années, et j’ai senti que j’avais tout de suite droit au chapitre, puis j’ai retrouvé les préoccupations que j’avais exprimées dans ce que nous avons appelé à la fin du processus, dans notre programme, la « transition pédagogique ». Il y a eu une vraie écoute. Ça aussi, c’est la force d’Ecolo. La « transition pédagogique », c’est-à-dire ? Exit le Pacte d’excellence ? Ecolo a joué le jeu pour l’élaboration du Pacte d’excellence, nous sommes restés positifs, et ça continue, mais nous avons des craintes évidemment. Je peux vous dire que sur le terrain, autour de moi, je vois les difficultés pour le mettre en place, je pense notamment aux programmes. Les enseignants voient des réformes qui leur tombent dessus et qui viennent d’en haut en somme… Or, le monde change, la société change, il faudrait beaucoup plus faire confiance aux gens sur le terrain comme on dit, dans les établissements qui avancent librement, intelligemment. Vous savez, les écoles qui sont dans l’innovation pédagogique, donc qui suivent leur propre voie, sont celles qui tournent le mieux, avec la meilleure énergie, les meilleurs résultats. Ecolo « s’est reconstitué » », dites-vous. Il est donc prêt à participer à nouveau au pouvoir ? On est optimistes et confiants à cet égard, il ne faut pas faire n’importe quoi : nous sommes un parti très démocratique, avec une liberté de parole, des garde-fous militants importants, et on ne va pas aller au pouvoir à tout prix. Il y a des impératifs. Quels sont-ils ? Il y a d’abord les impératifs environnementaux : je pense aux énergies renouvelables, à l’utilisation des pesticides – dans une commune rurale comme la mienne, ça compte énormément. En deux, je citerais les soins de santé, il faut notamment garantir le financement du système, et la solidarité collective. Enfin, en économie, je pointe la répartition du temps de travail, ainsi que le revenu de base – notre variante pour l’allocation universelle –, une option originale qui a été retenue, et votée en juillet dernier, dans le programme d’Ecolo. Pas vraiment le programme du gouvernement MR/N-VA/CD&V/VLD actuellement aux affaires… Ce gouvernement, vous en pensez quoi ? Je pense qu’il met en œuvre des politiques incendiaires, certainement au point de vue social, sans oublier les questions énergétiques. Ces sujets seront au cœur de la campagne en vue des législatives et des Européennes de 2019. Avec l’asile et les migrations. Là, on doit arrêter de faire croire aux gens que l’on peut régler le problème, qui est mondial, en dépensant des milliards pour ériger et pour surveiller les frontières ! On se trompe, et on trompe l’opinion. On la manipule. C’est une réponse populiste. Elle domine, elle marque des points, il faut changer ça. Du scrutin à Frasnes-lez-Anvaing aux élections générales de 2019, quel lien, quels points communs ? Les élections communales réclament une implication plus pragmatique, mais globalement, c’est un système de valeurs qui est en jeu dans tous les cas. C’est vrai dans l’immédiat pour le scrutin du 14 octobre, et, bien sûr, pour le rendez-vous de mai 2019. Pour ce qui concerne Frasnes-lez-Anvaing, c’est le libéral Jean-Luc Crucke, devenu ministre wallon, qui est aux commandes – il est bourgmestre « empêché » soi-disant, mais c’est lui qui décide de tout… –, il opère en majorité absolue et comme toute majorité absolue, ça coince, ça ronronne si vous préférez. Cette commune, avec son potentiel, sa situation, pourrait être « pilote » par exemple dans le domaine environnemental, je pense aussi à la nourriture bio pour les écoles… Or, rien, on est à l’arrêt. Au fond, situez-vous Ecolo sur l’axe gauche droite ?, Ou bien le parti vert est-il, selon vous, « ailleurs » ? A titre personnel, je n’ai aucune difficulté à me positionner sur l’axe gauche-droite, et je suis convaincue que c’est une lecture politique nécessaire, que les gens ont besoin de s’y retrouver, d’avoir des points de référence… Donc, voilà, moi, je me sens clairement du côté d’une politique solidaire, à gauche.

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