Trump poursuit les critiques de ses foudres

Depuis New-York Dans le monde binaire de Donald Trump, malheur à ceux qui s’aviseraient d’écorner la statue du commandeur. Aux invectives sur Twitter, tout critique se voit rapidement traiter de « crapule(lowlife) » ou de « raté(loser) », qu’il s’agisse du basketteur LeBron James, ou de l’acteur Robert de Niro, qui gratifia la cérémonie des Oscars d’un tonitruant « Fuck Trump ! », que la décence empêche ici de traduire. Mais pour ceux identifiés comme des opposants déterminés, le traitement gagne en méchanceté. Cela fait donc presque trois ans que le magnat new-yorkais qualifie la presse américaine d’« ennemie du peuple, horrible, répugnante », une dénomination habituellement maniée par les despotes de tous bords. A chaque fois, la foule de ses supporters, chauffée à blanc, frémit de plaisir, avant de dresser le poing face aux caméras et objectifs parqués dans le fond de la salle. Des invectives tous azimuts Outre le camp démocrate, accusé de tous les maux, une autre catégorie d’opposants subit les foudres du président, par ailleurs chaque jour plus inquiet de la tournure que prend « l’enquête russe » du procureur Robert Mueller contre lui : ces adversaires déclarés, ce sont les anciens directeurs du renseignement qui ne cessent de dénoncer le parti-pris de Trump en faveur de Vladimir Poutine, envers et contre les avertissements de la CIA et du FBI face aux visées anti-américaines du Kremlin. A force de critiquer le « roi nu » à la Maison Blanche, l’ex-patron de la CIA John Brennan s’est donc vu révoquer son habilitation confidentiel-défense, d’un trait de plume présidentiel, et ce sans que les patrons actuels du renseignement, Dan Coats (DNI) et Gina Haspel (CIA), n’aient été consultés. Ce genre d’habilitation, en soi, ne revêt pas une importance fondamentale pour les intéressés, puisqu’elles permettent surtout à leurs successeurs de les consulter pour des sujets dont ils auraient « eu à connaître ». [scald=23418213:sdl_editor_representation] Mais Trump voulait se venger du très médiatique Brennan, qui a dénoncé « la trahison » de Helsinki, l’étonnante servilité du président américain face à Vladimir Poutine le 16 juillet, et sa ressemblance avec l’escroc financier Bernard Madoff pour « sa propension remarquablement amorale à tromper et manipuler autrui ».Une mention oubliée dans la première version du communiqué officiel révèle que tout était prêt depuis le 26 juillet, avant les congés présidentiels, consacrés à tancer d’autres ennemis jurés sur Twitter, matin et soir devant Fox News. La porte-parole Sarah Sanders a justifié la sanction par « la conduite et le comportement erratiques » de l’ex-directeur de Langley, ciblant « ses mensonges », « ses allégations infondées et scandaleuses » et « ses éclats incontrôlés sur internet et à la télévision ». Pour un président qui tourne à hauteur de 7,6 mensonges par jour en moyenne, soit 4229 depuis son investiture, selon le Washington Post, ces allégations ne manquent pas de saveur. 350 titres de presse mettent en garde Règlement de compte stérile, la dégradation de Brennan, qui ne l’empêchera pas de poursuivre son travail de démolition sur les plateaux télé, montre surtout combien le président américain est incapable de réfréner ses ardeurs face à quelque attaque que ce soit. Illustration, la parution du livre de son ancienne protégée Omarosa Manigault Newman, évincée de la Maison Blanche en décembre dernier. En mode vengeur, cette ex-peste de l’émission de téléréalité « The Apprentice » que Trump anima sur NBC, qui a enregistré le président à son insu, le qualifie de « raciste » et de « mentalement affaibli ». Contre les supplications de ses collaborateurs qui voulaient éviter d’offrir à Newman une publicité gratuite, Donald Trump n’a pu s’empêcher de bondir sur Twitter contre cette « chienne » forcément ingrate. Diversion parfaite, au moment où 350 titres de presse à travers le pays unissaient leurs forces pour publier un éditorial anti-Trump, dénonçant ses propos « dangereux » contre les médias taxés de « fake news » (infos mensongères). Le New York Times figure traditionnellement en bonne place au palmarès des bêtes noires du milliardaire. Ce jeudi matin, John Brennan y signait une tribune qualifiant de « foutaises (hogwash) » les dénégations de Trump au sujet d’une collusion supposée avec Moscou. La vicieuse petite guerre avec l’hôte du Bureau ovale n’est pas près de se tarir. [scald=23418214:sdl_editor_representation]

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