Le Pukkelpop entre rock et musées

Si le Pukkelpop a depuis un bail jeté son étiquette underground aux orties, n’hésitant plus à programmer des divas des charts (Dua Lipa cette année) et titiller les stars du rap game (Kendrick Lamar en tête d’affiche assurait ce samedi le service minimum), on y ose encore sortir des clous. Vendredi, on a ainsi eu l’occasion de voir à l’œuvre les excellents Sons Of Kemet de Shabaka Hutchings. D’entendre du jazz, en d’autres termes. Dans les festivals, il y a ceux qui déplorent la disparition des guitares, quand ils n’avancent pas simplement que le rock est mort. Samedi, les accros aux six cordes ont été particulièrement à la fête. Avec Ron Gallo, Rolling Blackouts Coastal Fever, Protomartyr, The Black Angels et surtout les énormes King Gizzard & The Lizard Wizard. Le groupe australien, avec ses deux batteurs, ce fut une heure de transe, des influences étonnantes (Turquie des sixties, mélodies médiévales…) et des compos psyché imbriquées les unes dans les autres. Ne cherchez plus : de la même manière que les deux Anglais électropunks de Sleaford Mods ont été les meilleurs dispensateurs de sourires sarcastiques, le Roi Gizzard a le mieux suscité les mimiques extatiques. Encore que… Au Beer Shack, l’un des bars dispersés sur le terrain, on a aussi vu plus d’un festivalier comblé par la programmation du dj. Siffler une Kriek sur du Therapy ? : il y avait longtemps ! Luxe et harmonie Mais elle est loin l’époque où un festival, c’était « communauté », « musique », « mauvaise bouffe » et « bière approximative ». Au Pukkel comme ailleurs, on loge désormais dans des campings de luxe, on mange comme au resto (quelle carte, au Food Wood !), on se détend dans des espaces aménagés/décorés pour (façon chantier, cette fois), et l’on vit harmonieusement toute une expérience. Raison pour laquelle, par exemple, on n’a jamais organisé autant d’activités « annexes ». Il ne s’agit pas là seulement d’être au top de l’écologie, d’assurer par exemple l’éclairage des toilettes grâce à un panneau photovoltaïque suivant automatiquement la course du soleil. À Kiewit cette année, on s’est associé avec des musées (le Smak à Gand, le Momu, le KMSKA à Anvers…) et d’autres partenaires institutionnels pour tenter le pari de #PKP18art : disséminer sur le site des œuvres d’art, et laisser au festivalier la liberté de s’en imprégner. Ou pas. Comme le rappelle Chokri Mahassine : « On a toujours aimé expérimenter ». But du jeu, selon le patron du Pukkel : amener l’art au jeune public autrement que par les musées et les galeries. Quant au ministre flamand de la Culture, disposant aujourd’hui d’un budget de deux millions d’euros pour de tels projets, son objectif est double. Un, explique Sven Gatz : analyser l’intérêt ou le manque d’intérêt que ce public manifeste pour les musées. Deux : compter avec #PKP18art parmi les rampes de lancement du « museum pass » imaginé avec sa consœur Alda Gréoli et disponible dès septembre (50 € pour l’accès libre à la centaine de lieux déjà participants). À quoi ressemblera le Pukkelpop en 2019 ? Wait and see ! Ce qu’on sait déjà par contre, c’est qu’il aura lieu du jeudi 15 au dimanche 18 août. Il ne se terminera donc plus le traditionnel samedi. « Nous essayons toujours de nous réinventer, sur de nombreux plans. Pourquoi pas celui-ci ? Le 15 août étant en outre un jour férié, on peut imaginer de faire du festival un chouette week-end prolongé ». Une expérience, disait-on… Chroniques, photos et vidéos sur Le Soir + et Frontstage

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