Vranjes: un défenseur à deux visages à Anderlecht

Seule ombre au tableau du parcours sans faute du RSCA : l’exclusion d’Ognjen Vranjes pour un tacle trop appuyé. Anderlecht sera privé d’un élément déjà indispensable lors de son déplacement au Club de Bruges, dimanche. Mais le club bruxellois s’attend déjà à devoir compter avec le caractère trop guerrier de l’ancien défenseur de l’AEK Athènes. Pourquoi il peut devenir le meilleur défenseur de Pro League ? Il a avant tout chose ce que beaucoup n’ont pas dans notre championnat : l’expérience internationale. Le championnat de Belgique est une compétition d’éclosion et les seuls défenseurs d’expérience qui composent notre championnat n’ont soit pas le talent pour viser plus haut, soit sont là pour rebondir avant de repartir. Vranjes a 28 ans, il est donc à son sommet. De plus, son parcours chamboulé (12 clubs en neuf ans) démontre peut-être un manque de stabilité et un côté mercenaire mais surtout une faculté d’adaptation extraordinaire. Comme il a connu le championnat russe, serbe, moldave, espagnol, grec et bosnien, il n’a pas besoin de deux ans d’adaptation à un environnement et une culture avant de performer. Il compte 36 sélections pour la Bosnie-Herzégovine et a notamment participé à la Coupe du monde 2014. Ce n’est donc pas un novice. Et cela se voit dans son placement et son timing. Il sait exactement où il doit se placer et quand il doit aller au duel, jouant à la fois de son physique et de son sens de l’anticipation. « Il dispose de plusieurs qualités : il est rapide, agressif dans les duels et surtout refuse de baisser les bras. Il n’a qu’un but dans un match : le gagner », explique Antonis Tsirakis, journaliste grec pour Sportime. « Cette mentalité lui a permis de nouer une relation très forte avec les supporters de l’AEK Athènes. Même en janvier, quand il a voulu partir, personne ne lui en a tenu rigueur. » Vranjes a également un côté défenseur à l’ancienne : pas spécialiste de la relance propre et forte propension à tacler. Cela va à contre-courant de l’image du défenseur moderne mais cela en fait un arrière très difficile à passer, notamment dans les un contre un. Pas étonnant que ses qualités l’aient conduit aux portes de l’Angleterre, Crystal Palace en ayant fait son plan B derrière Mamadou Sakho lorsque les Londoniens négociaient avec Liverpool pour le Français en 2017. Pourquoi il constitue une menace pour Anderlecht ? Son jeu n’est pas dénué de risques. « Sa faculté à anticiper est une arme à double tranchant », explique Manuel Jimenez, entraîneur de l’AEK Athènes la saison passée. « La plupart du temps, il repart avec le ballon mais quand il est en retard, il est hors zone et met donc à mal l’équilibre défensif. Et donc il compense en commettant la faute dite professionnelle, ce qui lui vaut souvent un carton jaune. » Vous ajoutez son agressivité dans les duels et vous obtenez un nombre incalculable de cartons : 16 (dont huit en championnat, lui valant notamment trois matches de suspension) et une exclusion lors de la finale de la Coupe de Grèce, la saison passée ; 13 dont deux expulsions en 2016-2017, 6 en 11 matches de Liga avec le Sporting Gijon en 2015-2016. Anderlecht en était conscient en l’engageant, Marc Coucke estimant qu’il fallait prendre deux défenseurs centraux pour compenser les suspensions éventuelles de Vranjes. Mais ce qui fait enrager ses entraîneurs, ce ne sont pas tant ses cartons pour des fautes utiles que son manque de contrôle dans certaines situations. « Parfois, il commettait des fautes à des endroits sans danger. Je lui disais de se calmer. Il recevait des cartons qui le mettaient en problème pour le reste de la rencontre. Mais je pense que c’est plus fort que lui », relate Jimenez. « Il a un comportement problématique », continue Tsirakis. « Tel un funambule, on a toujours l’impression qu’il marche sur un fil et qu’il peut basculer à tout moment. » Forte personnalité, il ne recule pas devant une controverse, comme lorsqu’il fêta la qualification du Sheriff Tiraspol qui venait d’éliminer le Dynamo Zagreb en exhibant un T-shirt de l’Étoile Rouge de Belgrade. Vanhaezebrouck n’a pas dit autre chose pour commenter son exclusion de vendredi. « Il y a des gestes qu’il ne peut pas faire. Jamais. » Encore plus lorsque son équipe mène 2-0, à dix minutes de la fin, et à cet endroit-là du terrain. L’entraîneur des Mauve et Blanc estime qu’il doit gommer cela dans son jeu. Mais un défenseur de 28 ans qui a fait du tacle l’une de sa spécialité, le peut-il ? « Il ne faut pas croire que c’est un accident », dit Tsirakis. « Il tacle souvent les deux pieds en avant… » Nous voilà prévenus.

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