Trencin, haut lieu du shopping belge

AS Trencin. Un nom qui ne dit rien au commun des mortels, mais qui devient pourtant l’un des principaux fournisseurs de notre championnat. Ainsi, avec Lawrence, Anderlecht a recruté le 10e joueur en provenance du club slovaque depuis le transfert d’Hajradinovic à Gand en janvier 2015. Et si l’ancien Gantois – aujourd’hui à Ojisek en Croatie – a quitté le championnat dans l’anonymat le plus total, il restera à jamais le premier d’une longue lignée de joueurs ayant quitté la modeste ville slovaque d’un peu moins de 60.000 âmes pour rejoindre la Belgique. Et plusieurs de ses successeurs s’y sont quant à eux fait un nom. Ainsi, après lui, Simon, Bailey, Wesley ou Kalu ont quitté Trencin pour la Jupiler Pro League. Si le cas de l’ex-Jamaïcain de Genk est différent puisqu’il était déjà connu en Belgique avant d’arriver à Trencin, les autres sont significatifs. Et ce club est devenu un lieu de shopping pour les clubs belges. « Cette formation travaille très bien et fait des résultats exceptionnels avec un petit budget », souligne Michel Louwagie, le manager de Gand, premier et principal recruteur belge auprès de la phalange slovaque. Import-export Mais comment ce petit club devenu champion de Slovaquie pour la première fois de son histoire en 2015 en est-il arrivé là ? Tout a débuté quand Tscheu La Ling l’a racheté en 2007. Un choix qu’il avait expliqué au Laatste Nieuws en janvier 2017 : « La Slovaquie est un endroit idéal pour acheter un club. Les salaires y sont bas et les gens y travaillent bien. » Longtemps passé par l’Ajax, l’ex-international des Pays-Bas va alors y implanter un foot offensif et dominant. « À Trencin, c’est l’entraîneur qui s’adapte au style de l’équipe et non l’inverse. Tout ce qu’il doit faire, c’est améliorer les joueurs », pointe Pieter Huistra, ancien joueur de l’Ajax et du Lierse, qui fut conseiller du club pendant plusieurs années. Cette recette connaît le succès puisqu’en 11 ans, l’AS Trencin – qui a chuté en D2 en 2008 – est devenu double champion de Slovaquie. Ce jeudi, il tentera même de se qualifier pour ses premières poules de l’Europa League en se rendant à Larnaca (1-1 à l’aller). Voilà donc pour les résultats exceptionnels. Mais ces dernières années, Trencin est aussi devenu une machine d’import-export. « Chaque année, le club recrute de très bons joueurs », poursuit Louwagie. Avant de s’en « séparer » : « Lors de chaque mercato, on est capable de vendre trois, quatre joueurs », explique Robert Rybnicek, le directeur sportif du club slovaque. Des transferts pas chers Pour ce faire, l’AS Trencin a une recette qui a fait sa réputation. « Pour faire carrière, il ne faut pas juste avoir un nom. Ici, on sait façonner un gars sur les plans physique, mental ou de la puissance. Et la réussite de joueurs comme Wesley, Simon ou Kalu, c’est une formidable publicité pour nous », assure le dirigeant. Cette pub alliée à des collaborations avec l’Ajax et la GBS Academy au Nigeria permet d’avoir une longueur d’avance dans son recrutement. « Le club a des connexions en Afrique, mais aussi dans les Balkans, aux Pays-Bas ou en Belgique », poursuit Huistra. Ses relations sur le continent africain permettant au club d’offrir une porte d’entrée vers l’Europe. Son autre atout, c’est de ne pas avoir un salaire minimum imposé pour ses jeunes extra-communautaires, contrairement à ce qui se fait en Belgique ou aux Pays-Bas. Cela signifie que les émoluments des nouveaux sont raisonnables. Qui dit moindre salaire dit aussi moindre prise de risque au moment du recrutement. Un autre gros avantage du club slovaque, c’est le prix. Motif d’implantation de Tscheu La Ling il y a onze ans, il permet des discussions faciles entre Trencin et la Belgique. « Les transferts se font à des tarifs très acceptables », pointe Louwagie. Et bien que Trencin impose souvent un pourcentage à la revente, les clubs belges restent gagnants. Wesley est venu à Bruges pour un million d’euros, hors bonus. Compte tenu du marché actuel, il en vaut probablement huit fois plus aujourd’hui. De son côté, Simon avait coûté moins d’un million il y a 3,5 ans et vient de partir à Levante contre 5 millions. « Une autre arme de notre recrutement, c’est de voir nos anciens joueurs franchir les étapes », conclut Rybnicek. Une arme qui servira encore la Belgique, palier idéal dans l’évolution des joueurs, dans les prochains mois.

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